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il mais qu’elle ne retournera pas avec lui, fans prendre
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les feuretez neceifaires. Que Lothaire, pour êcre roi,
n’eft pas moins fournis aux loix de l’églife ; mais que
fes pechez font plus dangereux par le fcandale. il
femble même dire , qu’un roi n’eft roi que tant qu’il
fait fon d evoir ; ôc qu’on ne doit point obéir à un
prince criminel.
On prétendoit qu’Hincmaravoit confenti au jugement
des évêques en faveur du roi Lothaire. Il
convient d’avoir été invité à un concile dans le
royaumede ceprince; mais il montre, qu’il s’en eft
excufé , tant par maladie, que parce qu’il n’avoit pas
eu le loifirde confulterles évêques de fa province,
fans 1’ avis deiquels il ne pouvoir, félon les canons,
rien faire hors de fon diocefe.
Lothaireépou- Cependant Lothaire fit venir un concile àAix-Ia-
Chapelle le vingt-huitième d’Av ril l’an 8<iz. indi-
¿tion dixième.Huit évêques s’y aflemblerent;favoir,
Gontier de Cologne archichapellain, à qui le roi fai-
foit efperer qu’il épouferoit fa nièce : Theutgaud
de Treves, Adventius de Mets, Hatton de Verdun ,
Arnoul de T o u l, Francon de Tongres , Hangaire
d Utreêt, ôc Ratold de Strafbourg. Le pretexte écoit
lesbefoins de l’églife, le vrai motif, l’affaire du mariage
du roi. Il prefenta aux évêques une requête,
où après les avoir nommez médiateurs entre Dieu
ôc les hommes, ôc reconnu leur dignité fuperieure
a la dignité royale : il dit que fuivant leur confeil,
il s’eft feparé de Thietberge; Ôc qu’il eft prêt d'expier
, comme ils lui prefcriront, les pechez qu’il a
commis depuis par fragilité. Il ajoute : Confiderez
-fe Valdradt
tom. %.p. 7 } g,
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L i v r e c i n q u a n t i e ’ m e . *— --------
ma jeunefle, ôc voyez ce que je dois faire. Je vous ^<S2"
avoue fimplement que je ne puis me pafler de femme
; je veux toutefois éviter le crime : je vous conjure
de me fecourir promptement en ce péril.
L ’archevêqueTheutgaudrendit témoignage,que c«p.+. &
le roi Lothaire avoir fait penitence pendant tout
le carême, parles jeûnes, les aumônes, ôc les autres
bonnes oeuvres, jufques à marcher nuds pieds, pour
expier le commerce qu’il avoiteu avec fa concubine.
Le concile chargea deux évêques d’examiner la
queftion ; ôc après.avoir travaillé la n u it, ils rapportèrent
dès le matin un écrit, où ils expliquoient
leur avis, ôc le prouvoientpar l’écriture, les conciles
ôc lesperes. La queftion, difoient-ils, eft,fi. un M47*
homme ayant quitté fa femme peut en époufer une
autre , elle vivante. Selon l’Evangile , un mari ne mmî..*: 32.
peut quitter fa femme que pour caufe d’adultere; Sr?.*xir.
ôc quiconque ayant quitté fa femme en époufeune
autre, commet adultéré. Dans le fait il n’y a point
de caufe de feparation, parce que le crime que l’on
impute à Thietberge, auroit été commis avant fon
mariage : donc elle n’eft point adultéré. Et fi on
recherchoit les fautes commifes avant le mariage,
on donneroit grande licence aux maris, ôc encore
plus aux femmes , de rompre les mariages. Celui-
ci ne peut être non plus cafte à caufe d’incefte ,
puifque Lothaire ôc Thietberge ne font point pareils
: ôc l’inceftecommis auparavant avec un autre
ne regarde point le mari. Donc Lothaire peut ôc
doit garder Thietberge. Nonobftant cet avis fi fage,
le concile décida que Lothaire ne pouYoit demeu-
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