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666 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
~ 8c lui fit de grands prefens. R obert de N orm andie »
' car c’efl: ainfi que Rollon fut nommé depuis ion
batêm e, fit auiliinftruirê 8c batifer fes com tes,fes
chevaliers, 8c toute fôn armée. Enfuite il demanda
à l'archevêque Francon, quelles églifes étoient les
plus refpeéfées dans fon nouveau pays,8c quels faints
on eftimoit les plus puiffans protecteurs. Il répondit
: Les églifes de R oüen , de Ëayeux 8c d’Evreux,
font dédiées à la faintè Vierge. Il y aune églife de
faint Michel fur une m ontagne dans la mer. Au
fauxbourgde cette ville deR ôüen , efl: le monaflere
de faint Pierre, oùrepofe le corps de faint Oiien
mais on l’a porté en France par la crainte de votre
arrivée. Jumieges efl: encore une églife de faine
Pierre. Voilà les principales de vôtre état. Et dans,
lè voifinage,dit R o b e rt, quel efl le faint eftimé le
plus puiflant? Saint D enis, répondit Francon. R obert
reprit : Avant que de partager la terre à mes
vaflaux, j’en veux donner une partie à D ieu, à fain-
te M arie 8c à ces autres faints, afin d’attirer leur protection.
Donc pendant la première femaine de fon
batême , portant encore l’habit blanc, il donna chaque
jour une terre à chacune de cesfept églifes,dans
l’ordre où elles viennent d’être nommées.
Le huitièm e jo u r, ayant quitté les habits baptif-
m aux, il commença à partager les terres à les com-r
tes 8c à fes autres vaflaux ; puis il époufaavec grand
appareil la princefle Gifle fille du roi, mais il n’en
eut p o in td enfans, 8c comme il étoit déjafort âgé»
il ne furvécuc que cinq ans. Il les employa à rétablir
les pays, y donnant de bonnes loix, 8c faifanst
L i v r e c in q u a n t e -q u a t r ie ’me; 66 j
obferver exactement la juftice. Sur tout il étoit tres-
fevere contre les vols 8c les larcins. Il rebâtit plu-
fieurs églifes, 8c la religion commença à refleurir
dans toute la N orm andie.
Mais la converfion de ce peuple ayant été fi
prom pte , 8c la politique y ayant eu tant de p a rt, il
étoit difficile, qu’elle fût aflez folide dans tous les
particuliers. C efu tle fujet delaconfultation d’H ervé
archevêque deR eim s, 8c de la réponfe Cjue lui
fit le pape Jean. Car il ne faut pas croire que les
N orm ans fuifent tous renferm ez dans la N orm andie
, 8c qu’il n’en reftât plufieurs dans les autres provinces
, où ils s’étoient répandus, particulièrem ent
dans celle de Reims , qui confine à celle de R oüen ,
8c il efl certain que Hervé travailla beaucoup à leur
converfion. Le pape dit donc dans cette le ttre , qu’il Tom-
ferejoüicdeceque lanation des Normans s’efl: con- FU.n,t. n,
vertie à la foi. Q uant à ce que vous nous dem andez
, a jo û te -t-il, com m ent il en faut ufer à l'égard
de ceux qui ont été baptifez 8c rebaptifez, 8c
qui après le batême ont vécu en payens , 5c tué
comme eux des chrétiens 8c des prêtres, facrifié aux
idoles, 8c mangé des viandes immolées : voici ce
que nous penfons. Si c’étoit d’anciens chrétiens,
on les jugeroit félon les canons ; mais comme ils
font encore novices dans la foi, nous nous en remettons
à vôtre jugem ent : vous qui avez cette nation
dans votre voifinage , 8c qui pouvez mieux en.
connoître les inclinations 8c les moeurs. Car vous
voyez bien qu’il ne faut pas les traiter fuivant la
rigueur des réglés, de peur que ce fardeau auquel
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