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loient tous pour évêque le prêtre Eftienne; croïant
que par fa vertu il les délivrerait des périls qui les
menâçoicnt : car ils étoient affligez de fauterelles, de
féchcreife 8c de famine. Le pape Adrien en partant
de Rome y avoit laiffé Jean évêque de Pavie, envoie
.de l’empereur. Ils le prirent avec eux Si allèrent tirer
Eftienne de fa maifon, où il étoit avec fon pcre : 8c
rompirent les portes & l’emnienerent à fon églife des
Quatre-couronnez,malgré toute ia refiftance. Car ils
croïoient fonpere & lui, qu’ils étoient indignes de
l’honneur qu’on lui vouloit faire. De-làr on le mena
au palais de Latran ; 8c avant qu’il y arrivât, il tomba
une pluie il abondante, que Dieu parut approuver
cette éleéfion. Le dimanche fa iv an t, qui dévoie
être le vingt-cinquième de Ju ille t, il fut confacré' a
faint Pierre.
Quelques jours après, il fit la vifite du palais de
Latran accompagné des évêques, de l'envoïé de
l’empereur 8c du fenat i afin d’avoir des témoins au-*
tentiques de l'état des chafes. On trouva les garde-
meubles pillez , enforte qu’il n’y reftoit que peu
de vaiiftlle pour les feftins folemnels des papes , 8C
rien de toutes les autres richeifes. On trouva même
peu dé chofe du tréfor des églifes. Pour les greniers
& les celliers, ils étoient vuides -,8c le pape
avoit la douleur de ne rien trouver à donner au clergé
, 8c aux troupes, ni dequoj, racheter les captifs, ou
nourrir les pauvres pendant la famine, qui çtoit violente.
Il eut donc recours à fon riche patrimoine ,
& le diftribua libéralement. Il chercha pour fes do-
meftiques les hommes les plus habiles 8c les plus vertueux
L i v r e c i n q u a n t e - t r o i s i e ’m e . 5 4 5
tueux. A fon dîner il avoit toujours des orphelins,
qu’il nourrifloit comme fes enfans. Quand il don-
noit à manger aux nobles, il y joignoit la nourriture
fpirituelle : car on faifoit toujours à fa table de fain-
tes leélures. Il celebroit tous les jours la meife, 8c
étoit jour & nuit occupé de pfalmodie & d’oraifon ,
autant que lui permettoient les befoins de fon peuple,
qu’il étoit obligé d’écouter & de foulager.
Les fauterelles qui avoient commencé fous le pape
Adrien, continuant d’affliger tout le païs, premièrement
il publia qu’il donnerait tant à quiconque lui
en apporterait un boiifeau ; ce qui fut exécuté. Mais
comme ce moïen ne fuffifoit pas, il alla à l’oratoire
de faint Grégoire, où il pria long-temps avec larmes
: puis il bénit lui-même de l’eau, la donna aux
manfionnaires, 8c leur dit: Diftribuez-la à tout le
peuple, pour afperger leurs bleds 8c leurs vignes, en
implorant le fecours de Dieu. Par tout où l’on jetta
de cette eau, il ne parut plus de fauterelles : ce qui
attira tous les peuples d’alentour à R ome, pour y
chercher le même fecours.
Le pape Eftienne aïant reçu les lettres de l’empereur
Bafile, adreftées à Adrien fon prédeceifeur , y
répondit par une lettre, où .il marque d’abord la
diftinétion des deux puiifances. Comme vous nous
êtes donné de Dieu, dit-il, pour gouverner les choies
terreftres4 ainfi Dieu nous a donné par faint
Pierre le gouvernement des chofes fpirituelles. C ’eft
à vous à reprimer les rebelles, par votre puiifance,
d’envoïer des troupes par terre & par mer, de-rendre
juftiee, de faite des loix : mais c’eft à nous qu’eft
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