
1 4 H ' S T o i r e E c c l e s i a s t i q u e
ves, Advencius évêque de Mets, 8c Francon évêque
de Tongres : Egil abbé de Prom , un autre abbé
nommé Odeling, 8c plufieurs ieigneursde fes vaf-
faux. Le roi Lothaire leur d it, que depuis qu’il avoit
épouféThietberge, 8c que la divifion s’étoit mife entre
eux, il avoit appris qu’elle avoit commis un crime
horrible , après lequel il ne lui étoit plus permis
de la garder comme fa femme : qu’enfuite aïant
été en Italie voir l’empereur Louis fon frere, il avoit
été inftruic de ce crime plus diftin&ement. C’eft
pourquoi ne voulant pas demeurer plus long-tems
dans l’incertitude : il ordonna aux quatre évêques
8c aux deux abbez d’aller trouver Thietberge,8c de
lui demander la vérité de ces bruits répandus contre
elle.
Quand ils furent revenus Gonthierprit la parole,
8c dit au roi : Elle a confeifé à Dieu 8c à nous, qu’elle
a commis, quoiqu'en fouffrant violence, un crime
honteux à dire , 8c pour lequel elle fe juge abfolu-
men t indigne d'avoir commerce con j ugal avec vous
ni avec aucun autre homme; c’eft pourquoi elle a demandé
permiifion de quitter l’habit feculier 8c de fe
retirer pour faire penitence. A quoi elle n’eft portée
par aucun mouvement de colere ni de mauvaife volonté
contre vous. Adventius ajouta : J ’avois ignoré
ce crime jufqucs à prefent : mais il ne vous eft plus
permis d’habiter cnfemble;8c quand vous l’aimeriez
comme auparavant, je vous confeillerois de lui laif-
fer prendre le voile , félon fon défir. Theutgaud fut
du même av is, 8c l’abbé Egil d it, au nom de la reine,
qu’elle ije demandoit à fe retirer par aucun motif de
L i v r e c i » q u a n t i e’m e . 15 .
crainte, mais pour l’amour de Dieu , 8c le falut de
f o n a m e . C ’ e f t c e q u e c o n t i e n t l ’ a d e q u i e n f u t a l o r s
d r e f f e e n f e p t a r t i c l e s .
Les évêques en firent une autre de huit articles amm'î'
adreffé aux évêques leurs confrères , pour leur demander
confeil fur cette affaire. Ils y marquent plus
en particulier ce qui s’étoit paffé entre la reine 8c
eux. Que les aïant envoïezquérir elles’étoit jettée
à leurs pieds 8c leur avoit demandé confeil, qu’ils lui
avoient défendu de la part de Dieu des accufer fauf-
fement, par quelque motif quece fut,d efperance ou
de crainte, même de la mort ; 8c qu’après qu'elle leur
eût fait fa confeffion, ils lui avoient demande fi en
cas qu’on lui accordât la penitence qu elle defiroit,
elle promettoit de ne jamais reclamer contre. Ce
qu’elle leur avoit promis avec ferment. La faite fera
voir l’importance de ces précautions.
Elles furent renouvellées dans une affemblee générale
de tous les feigneurs du roïaume de Lothaire,
tenue à Aix-la-Chapelle à la mi- Février la même^nnée
8£o. où étoient les mêmes évêques, Gonthier de Ap.Bnfm.t- ,
Cologne, Theutgaud de T rê v e s , Francon de Ton- 5 5
gres ; 8c de plus Venilon de Rouen, Hatton de Verdun,
Hildeguaire de Meaux, Hilduin d’Avignon.
Là Thietberge déclara fon crime, premièrement au
roi, puisa quelques-uns des évêques 8c des laïques
enfemble. Enfuite en préfence de tous les eveques
8c de plufieurs laïques, elle donna au roi un papier,
où elle avoit fait écrire fa confeffion, contenant que
dans fa première jeuneife fon frere le clerc Hubert
l’avoit corrompue, 8c quelle ne faifoit cette confef