
4iS H i s t o i r e E c c i e s i a s t i -q j je .
Parce que tu auras permiftion dç retourner àtofi
corps, nous te prions, mes confrères & moi, de nous
aider. J ’ai répondu : comment puis-je vous aider ï
Il m’a dit : Va trouver nos vaflaux clercs & laïques*
à qui nous avons fait du bien, 8c leur demande pour
nous des aumônes, des pricres & des meiTes. J ’ai
répondu que je ne fçavois où étoient leurs vaffaux ; ils
m’ont donné un guide , qui m’a mené à un grand
palais, où étoient quantité de vaifaux de ces évêques
, qui parloient d’eux. Je me fuisacquité dema.
commilhon , puis je fuis revenu avec mon guide ail
lieu où étoient les évêques , & je les ai trouvez le vi-
fagé g a i, comme rafez & baignez de nouveau , revêtus
d’aubes &c d’étoles, mais fans ehaiubles. Et
Ebbon m’a dit : T u vois combien ton meflage nous
a fervi. Nous avons eu jufques ici un gardien très-
rude comme tu as vû r maintenant nous fommes fous
la garde de S. Ambroife.
De-la je fuis venu dans un lieu tenebreux , d’où
onen voïoit un autre très-éclairé , fleuri & parfumé.
D ans ces tenebres étoit couché le roi Charles, dans
la boue que produifoit ta pourriture de ion corps :
les vers le mangeoient, & il ne lui reftoit que les os
& les nerfs. Il m’a appellé par mon nom , &m’adit:
Pourquoi ne m’aides-tu pas ? Va trouver l’évêque
Hincmar & lui dis, que jéfouffrece que tu yois,pour
n’avoir pas fnivi fes bons confeils, & ceux de mes
autres fideles ferviteurs: dis-lui, comme j’ai toujours
compté fur lu i, qu’il m’aide, & prie de ma part tous
mes ferviteurs d’en faim autant : car s’ils font quelque
effort je ferai bien-tôt délivré de cette peine.
L i v r e c i 'k q i /a n t ê -d e u x i e 'm e . 4151’
^e lui ai demandé quel étoit ce lieu d’où venoit une -------------- -
fi grande lumière, 5c une fi agréable odeur. C ’eftm’a- A n . 877,
t-il d it , le féjour des bienheureux. Je m’en fuis approché
, continuoit Bernold , & j’y ai vûdes beautez
&c des délices que le langage humain ne peut exprimer.
J ’y ai vû une grande multitude de perfonnes vêtues
de blanc , qui fe réjoüiffoient; & des fiéges l u - .
mineux dont une partie étoit préparée pour d’autres,
qui n’y étoient pas encore. Sur ce chemin j ’ai vû une
églife ,oùétantentré , j’ai trouvé Hincmar avecfon
clergé , préparé & revêtu pour chanter la mcfle. Je
lui ai dit ce que le roi Charles m’avoit ordonné ; &
aufli-tôt je fuis revenu au lieu où étoit le roi que j’ai
trouvé dans la lumière , en parfaite fanté & revêtu
de fes habits roïaux ; & il m’a dit : Tu vois combien
ton meifage m’a fervi.
Bernold vit encore l’évêque Jeffé , & un comte
nommé Othaire qui foudroient, & qu’il foulageà
comme les autres ; & on lui promit à lui-même quatorze
ans de vie. Aïant raconté fa viiïon à fon con-
feifeur , il demanda la communion qu’il reçût ; puis
témoigna avoir appétit, on lui donna à manger, &
deflors il fe porta bien. Hincmar aïant appris cette
hiftoire, fit venir le prêtre qui avoitconfeifé Bernold,
& qui étoit homme fenfé & vertueux, & lui aïant
fait tout raconter, il le crut véritable : aïant lû des’
merveilles femblablps dans les dialogues de S. Grégoire,
dans l’hiftoire de Bede , & les écrits de faint
Boniface de Maïence , & enfin dans le récit de la
vifion de Vetin. Il écrivit donc une lettre à tousles ■ TLri'
fidèles , où après avoir raconté cette hiftoire , il
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