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3 1 0 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
!~7 " tombeaux des faints, qui étoient des deux cotez de
celui de faint Guthlac faits de marbre, & n’y trouvant
point de richeifes, de dépit ils mirent en un
monceau tous les corps des faints & les brûlerenj,
avec les livrés facrez, leglife ; & tons les bâtimens
du monaftere , le troifiéme jour de leur arrivée, qui
étoit le vingt-fixiéme d’Août 870.
Le lendemain ils marchèrent vers le monaftere
Medeshamfted, dont ils trouvèrent les portes fermées,
& des gens pour le défendre. Ils l’attaquerenr,
Sc au fécond affaut, le frere du comte Hubba aïant
été dangereufement bleflé, celui-ci en Fut fi outré ,
qu après la prife du monaftere, il tua de fa main tous
ceux qui portoient l’habit monaftique, au nombre de
quatrt-vingt-quatre. Tous les autels furent renver-
fez, les fépulchres b rife z ,la bibliothèque qui étoit
notnbreufe brûlée, les titres déchirez, les reliques
foulées aux pieds, Téglife brûlée avec tous les lieux
réguliers, & le feu y dura quinze jours.
Le jeune Tugar s’étant fauvé revint à Croyland
ou il trouva que les trente moines étoient revenus ,
& occupez à éteindre le feu , qui duroit encore dans
les ruines du monaftere. Il leur compta comment
Pabbé & les autres avaient été tuez , & toutes les
eirconftances de ce defaftre. Après avoir répandu
beaucoup de larmes, ils continuèrent leur travail ;
&c au bout de huit jours, trouvèrent près de l’autel
le corps de l’abbé Théodore fans tête, dépoiiillé de
.tous fes habits, à demi brûlé , écrafé par la chute
des poutres & enfoncé en terre. Ils trouvèrent ainfi
les autres en divers temps & plufieurs loin des lieux
pu
L i v r e c i n q u a n t e - u n i e ’me j u
011 ils avoient été tuez : deux qui avoient vécu plus
de cent ans furent trouvez dans le parloir ; c’étoit un
lieu joignant le cloître, où l’on pouvoit parler dans
les temps permis par la réglé. On peut juger par cet
exemple, ce qui fe palfa dans les autres moriafteres
ruinez par les Normands.
Dans une autre partie d’Angleterre moins expo-
fée à ces barbares, c’eft-à-dire , dans le roïaume
d’Oüeffex , vivoit alors l’abbé N eo t, célébré par fa
vertu. Il étoit d’une naiflance illuftre & proche parent
des rois. Il fut inftruit dans les lettres & la pieté,
& y fit un tel progrès , que lors qu’il fut en âge de
porter les armes , il quitta le monde & embraffa la
vie monaftique à Glaftemburi. Il y paifa plufieurs
années fansconnoître perfonne du dehors, & pour
mieux cacher à fes confrères mêmes fes exercices de
pieté, fou vent il fe déguifoit, pour aller la nuit à
î’églife & l’y pafler en o ra ifon ,& au retour, repre-
noit fon habit ordinaire. L ’évêque aïant oiii parler
de fon mérite, le fit venir & l’ordonna diacre : il fut
enfuite ordonné prêtre à la priere des moines & des
clercs, malgré fa refiftance ; & comme il étoit de
très-petite taille , il montoit pour dire la méfié fur
un efeabeau de fer, que l’on garda depuis comme une
relique. Il donnoit à plufieurs perfonnes des avis fpi-
rituels, & faifoit des miracles : mais voïant croître
fa réputation, il fortit de Glaftemburi avec un feul
compagnon, Barri fon fidele difciple , qui depuis le
fuivit par tout.
Saint Neot pafla ainfi en Cornouaille, & après
avoir erré quelque temps par les bois & par les mon-
Tome X I .
A n . 870.
tv.
Saint Neot abbé;
A S t .S S . Ben, lo *