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Lettre pour la
reine Thiet-
berge.
Sup,n. 48' -
ef. 48. t. 8i
éortc, p, 4 1 y.
1 5 ¿ H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .'
terré à Plenan , monaftere fondé par le duc Salomôny
Le pape Nicolas répondit quelque tems après aux
lettres qu’Egilon de Sens & Adonde Vienne avoienc
apportées,. touchant l’affaire de la rein^ Thietber-
ge. Cette princelïe lui avoit écrit, que d’elle-même
ôc de fon bon gré, elle deiiroit renoncer à la dignité
royale , ôc quitter Lothaire,-pour paffer le
refte de fa vie en continence, reconnoiiïànt que fon;
mariage étoit nul, qu’elle étoit fterile, & que Val-
drade avoit d’abord été l’épouiè legitime de ce prince.
Elle ajoûtoitqu’ellevouloit aller à Rome, pour
découvrir au pape íes peines fecretes. Le pape bien
informé, par tout ce qu’il y avoit de perfonnes con-
Jûdérables en Gaule & en Germanie, que Thietber-
ge ne parloir ainfi, que pour fe délivrer des mauvais
rraitemens de Lothaire , & mettre ià vie en iureté :
écrivit une lettre à cette princelfe, où il dit :
Le témoignage que vous rendez à Valdrade.ne
lui peut fervir de rien , puifque quand même vous
feriez morte, elle ne peut jamais devenir la femme
legitime de Lothaire. Il n’eft pas à propos que
vous veniez à Rome, tant à caufe du peu de iureté
des chemins, que parce que nous ne vous, permettrons
point de quitter Lothaire, tant que Valdrade
fèra près de lui : car ce n’eft que pour la reprendre
qu’il cherche à vous éloigner. Vôtre fterilité ne vient
pas de vous, mais de l’injuftice de vôtre mari, &
vôtre mariage ne peut être rompu. Ne travaillez
donc pas à Vous perdre 5 il. vaut mieux qu’en difànt
la vérité vous receviez la mort des mains d’un autre,
que de tuer vôtre ame par le menionge. G’eft une
L i v r e * c ï Îî q u a n t î e ’m e . 1 3 7 tii
efpeie de martyre de fouffrir la mort de la vérité. An. 867*'
Nous 11e recevons point vôtre confeifion extorquée
par violence. Autrement tous les maris qui auroient
pris en haine leurs femmes n’auroient qu’à les maltraiter
, pour leur faire déclarer que leur mariage
ne ièroit pas légitimé , ou qu’elles auroient commis
un crime capital. Nous ne croyons pas toutefois
que Lothaire en vienne à cet excès d’attenter
à vôtre vie : ce ieroit iè mettre lui-même & ion
royaume en péril, puifque vous êtes non feulement
innocente, mais fous la proteélion de l’églife, ôc
particulièrement du iàint ilége. Que h vous voulez
Venir à Rome, il faut qu’il réponde de vôtre fûreté,
& qu’il commence par y envoyer Valdrade. Quant
à ce que vous dites que c’eft l’amour de la pureté
qui vous fait deiirer la diiïolution de vôtre mariage,
fâchez qu’on ne peut vous l’accorder, II vôtre*
époux de ion côté n’embrafle ilncerement la continence.
Cette lettre eft du- neuvième des calendes
de Février indiction quinzième, c’eft-à-dire du vingt-
quatriéme de Janvier S 6 j.
Le pape écrivit en même tems à Lothaire’, repe- viA imitant
les mêmes choies, & témoignant fa douleur de
fe voir trompé par les promeffes de ce prince. A la
fin il le menace d’excommunication , s’il ne rompt
tout commerce avec Valdrade déjà excommuniée.
Il adreffa cette lettre au roi Charles, avec une pour ,pfi. i0.
lui , où il le loüe de la proteélion qu’il a donnée à
Thietberge, puis il ajoute : Maintenant on dit que
Lothaire a fait un traitéavec vous, ôc vous afait con-
fentir à la perte de cette princelïè, en vous donnant-
V i-ij.