
4 4 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
a 7 Mil l’empereur l’avoit toujours avec lui.
' ’ Photius s'efforça par ion moïen de faire encore
chaffer le patriarche Ignace, & remonter fur fon
fiége : mais voïant que l’entreprife étoit trop difficile,
il tenta au moins de fe faire reconnoître comme
évêque par le patriarche. Ignace ne céda point
à fes împortunitez, 5c demeura toujours attaché à
l’obfervation des canons, qui ne permettent pas de
rétablir celui qu’un concile a dépofé , fans l’autorité
d’un plus grand concile. Outre qu’il fe fût mis en
péril d’être dépofé lui-même, en contrevenant au
jugement qu’il avoit rendu. Photius, qui ne s’em-
barraffoit pas des canons, reprit de lui-même les fonctions
épifcopales ; & demeurant dans le palais nommé
Magnaure, il établiffoit des exarques de moines,
5c faifoit des ordinations, abufantde la complaifan-
ce de l’empereur,
ii. Cependant le patriarche Ignace, âgé de près de
J Ê È de faint quatre-vingt ans, tomba malade, & vint à l’extré-
a p | mité. Au milieu de la nuit, comme on difoit l’o ffice
près de lui, le leéfeur lui demanda fa benedidtion,
fuivant la coutume. Ignace fit le figne de la croix fur
n • i f _ fa bouche, & die d’une voix foible : De quel faine
fait-on aujourd’hui la mémoire î On lui répondit :
de faint Jacques frere du Seigneur votre ami. Il répondit
avec un grand fentiment d’humilité : C’eft
mon maître. Puis il dit adieu aux affiftans, prononça
la benedidtion, 5c expira auffi-tôt. C ’étoit le vingt-
Umoi. 13. oa. troifiéme d’Oéfobre , jour auquel les Grecs font la
fête de cet apôtre. On revêtit le corps de S. Ignace
de fon habit pontifical, & pardeffus on mit l’épomi-
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L i v r e c i n q u a n t ë - t r o i s i e ’m e . 4 4 5
ffe ou pallium de faint Jacques, qu’on lui avoit envolée
de Jerufalem quelques années auparavant, &
qu’il cheriffoit tellement, qu’il avoit ordonné qu’on
l’enterrât avec lui. Il fut mis ainfi dans un cercueil
de bois, 5c porté à fainte Sophie , pour faire fur lui
les prières accoûtumées. Les tréteaux fur lefquels il
avoit été expofé 5c le drap qui le couvrit , furent
mis en pièces par le peuple, pour les garder comme
des reliques. On transfera le corps à l’églife de faint
Menas, où il fut quelque temps en dépôt, 5c deux
femme poffedées y furent délivrées. Puis on le mit
dans une barque, on le paffa à l’églife de S. Michel
qu’il avoit bâtie, 5c on l’enterra dans un tombeau de
marbre, où il fe fit plufieurs miracles. C ’étoit l’an
878. 5c il avoit tenu le fiége de C. P. plus de trente
ans, compris le temps de l’ufurpation de Photius,
L ’églife, tant Grecque que Latine, l’honore comme
faint le jour de fa mort.
Le troifiéme jour n’étoit pas encore paffé, quand
Photius reprit le fiége patriarcal de C. P. 5c deilors
il recommença à perfecuter les amis 5c les ferviteurs
du défunt, par le fouet, la prifon, l’exil 5c toutes fortes
de peines. Il attaqua en diverfes maniérés ceux
qui s’oppofoient à ion retour , comme illégitime.
Il gagna les uns par des prefens, par des dignitez ,
par des tranilations d’un évêché à un autre , pour
les attirer à fa communion. Il chargea les autres de
calomnie , les accufant d’impuretez abominables :
mais tout s’évanoiiiffoit, fi tôt qu’on embraffoit fa
communion -,5c celui qui étoit hier un ficrilege, un
voleur, un débauché, fe trouvoit aujourd’hui fon
K k k iij
A n. 878.
Sup. I. XLV III.
n. 3S.
Menol. & Martyr.
23. Oâob.
1 1" r.
Photius rétabli
patriarche.