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rent été mis au net & dépofez à fainte Sophie ; Petn-
pereur fit aiTembler les légats du pape avec ceux
d’Alexandrie, d'Antioche & de Jerufalem , & le
patriarche Ignace pour entendre les ambafladeurs du
roi des Bulgares. Pierre chef de Pambaffade parla
ainfi : Michel prince des Bulgares fçachant que vous
etes aiTemblez pour 1 utilité de Péglife, en a bien de
la jo ie , & vous rend grâces à vous légats du faint
ii,ege 5 de ce qu’en paffant vous Pavez vifité par lettres.
Les légats du pape répondirent : Comme nous
fçavons que vous êtes enfans de Péglife Romaine,
nous n’avons pas dû manquer à vous faluer. Les Bulgares
reprirent : Aïant nouvellement reçu la grâce
du chriftianifme , nous craignons de nous tromper t
c eft pourquoi nous vous demandons, à vous qui re-
prefentez les patriarches, a quelle églifè nous devons
etre fournis. Les légats du pape répondirent :
C eft a 1 eglife Romaine, à laquelle votre maître
s’eft fournis par votre bouche avec tout fon peuple..
Il a reçu du pape Nicolas des réglés de conduite, des
evëques & des pretres, que vous gardez encore avec
le refped convenable. Nous confeifons, dirent les
Bulgares , que nous, avons demandé des prêtres à
Péglife Romaine & que nous les avons encore , prétendant
leur obéir en tout : mais nous vous prions de
décider avec ces légats des patriarches , lequel eft le
plus raifonnable, que nous foïons fournis à Péglife
Romaine , ou a celle.de C. P. Les légats du pape répondirent
: Nous avons fini les affaires,, que le faint
fiége nous avoir chargez de regler avec les Orientaux
: & nous n’avons dans nos pouvoirs rien qui
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vous regarde : nous n’en pouvons rien décider a u ------
préjudice de Péglife Romaine : au contraire, puifque ^ N'
votre païs eft plein de nos prêtres , nous décidons 1
autant qu’il eft en nous, que vous ne devez- appartenir
qu a Péglife Romaine.
Les légats d’Orient dirent aux Bulgares : Quand
vous avez conquis ce païs, à qui étoit-il fournis;
avoit-.il des prêtres Latins ou des Grecs ? Les Bulgares
-répondirent : Nous l’avons conquis fur les Grecs, &
nous y avons trouvé des prêtres Grecs, & non pas
des Latins. Il eft donc manifefte, dirent les légats
d’Orient, que ce païsétoit de la jurifdi&ion de C . P.
Les légats du pape dirent : Ladiverfité des langues ne
confond pas l’ordre de Péglife : le faint fiége, qui eft
Latin , établit en plufieurs lieux des évêques Grecs,
fuivant le païs. Du moins, dirent les légats d’Orient,
vous ne pouvez nier, que ce païs n’appartint à l’empire
des Grecs.: Les légats du pape répondirent:Nous
ne le nions pas : mais il s’agit ici du droit des fiége s ,
& non de la divifion des empires.
Les légats d’Orient dirent : Nous voudrions fça-
voir comment vous dites que la Bulgarie vous appartient.
Les légats du pape répondirent: Vous pourrez
apprendre par les décretales des papes, que le
faint fiége a gouverné entièrement l’Epire vieille &
nouvelle, toute laTheffalie & la Dardanie, qui eft
le païs qu’on nomme aujourd’hui Bulgarie. Ainfielle sup.i.
n’a pas ôté ce gouvernement à Péglife de C. P. com- t>' '
me on le fuppofe : mais l’aïant perdu par l’irruption
des Bulgares païens, elle l’a reçu d’eux maintenant
■qu’ils font Chrétiens. Secondement, les Bulgares,
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