
338 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
un roïaume temporel. Donc fi le pape veut procurer
A n . 870. H paix . ~ ||| pa[pe fans exciter des querelles : car il
ne nous perfuadera pas , que nous ne puillions arriver
au roïaume du ciel, qu’en recevanc le roi qu’il
nous veut donner fur la terre.
Hincmaraïant ainfi mis dans la bouche des autres,
ce qui luifembloit trop dur dans là lîenne , continue
f. 6)6. de .cetce forte. Je né vois pas comment je puis fans
péril de mon ame & de mon églife , éviter la compagnie
& la prefence de ce roi, dans le roïaume duquel
sup.Uv.x*.». eft fitué mon diocéfe 8c ma province. Il apporte des
*6' palfages de faint Auguftin, pour montrer qu’il né
faut fe féparer des pecheurs, que quand 1 églife les
? <57. a jugez, puis il ajoûte : Je ne dois pas erre fépare de
votre communion , pour le fait des autres, auquel
je ne prends point de part. Vos légats font témoins,
qu’en exécution de vos ordres , j ai refifte au roi 8c
aux feigneurs : jufques à me faire dire par lui, que il
je demeurois dans mon fentiment, je pourrois bien
chanter devant l’autel de mon eglife , mais que je
n’aurois aucun pouvoir fur les biens ni fur les hommes
qui en dépendent. On nous a fait encore d autres
menaces, qu’on ne manquera pas dexecuter, iî
Dieu le permet ; 8c je vois par expérience, que ni ma
défenfe, ni le difeours d’aucun homme n’empêchera
notre roi 8c les feigneurs de fon roïaume, d’executer
leur entrep rife.
Je ne fçai comment je pourrois éviter la prefence
8c la communion du roi 8c de fa fuite, qui viennent
fouvent, non feulement dans mon diocéfe ,
mais dans ma ville, & y demeurent tant qu’il lui plaît
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& en grand n om b r e , comme vos légats ont vû. Je ne ~
puis quitter mon églife &c mon peuple pour m’enfuir, ' 7
comme un mercenaire ; & je n’ai pas où m’enfuir
hors de fon roïaume : mais je le reçois & le défraie
lui 8c fa fuite, aux dépens de l’églife 5 car il dit que
fes prédeceiTeurs ont joiii de ce droit, 8c ne prétend
point s’en relâcher. C ’eft pourquoi, faint pere , ne
nous ordonnez point des chofes,qui pourroient eau-
fer une telle divifion entre l’églife 8c l’état, qu’il fe-
roit difficile de l’appaifer ; 8c qui mettroient en danger
les biens temporels de l’églifè.
Il répond enfuite à la lettre, que le pape lui avoit
écrite l’année précédente 8 69. en faveur d’Hincmar
de Laon, où il lui ordonnoit d’excommunier Normand.
Il lui montre qu’on l’a mal informé du fait ;
8c pourfuit : Quand on vous fera de tels rapports,
ajoutez à vos ordres : S’il eft ainfi que l’on nous a dit.
Et enfuite : Quant à ce que vous m’avez écrit, d’en-
voïer à Rome pour un concile, le même Hincmar
8c trois autres évêques, députez au nom de tous ceux
du roïaume de Charles:vous devez fçavoir, que je
n’ai aucun pouvoir d’envoïer un evêque, même de
ma province, à Rome ou autre part, fans ordre du
roi: ni de fortir moi-même du roïaume, fans la per-
miffion.
Après que le roi Charles eut congédié à Reims IX
les légats du pape, il alla à Lion : où fon fils Carlo- tionîom™
man le quitta , s’enfuit de nuit, revint dans la Bel- 'Trâ.B,».s7B,
gique ; & y aïant aiTemblé des troupes, commenta
à piller, 8c commettre des cruautez 8c des ravages
incroïables. Les évêques dont les diocéfes. étoient
V u ij