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L I V K E C 1N Q V A N T E - T R O I S I E M E .
i T n \ E p u 1 s huit ans que Photius étoit dépofé Si
^Rappel de Pho- J ^ . j p 0 j n t c e fl- ' ¿ g t e n t e r ^ f e r é _
n t a b l i r ; Si d’emploïer toutes les inventions de fon
efprit contre le patriarche Ignace. Mais comme le
faint prélat ne lui donnoit aucune prife , il chercha
les moïens de s’attirer les bonnes grâces de l’empereur
Bafile , & n’en trouva point de meilleur , que
de flater fa vanité par une fauiîe genealogie. Il le fai-
foit defeendre du fameux Tiridate roi d’Armenie,
inventant des noms & une hiftoire telle qu’il lui plut,
jufqu’au pere de Bafile , qu’il nomma Beclas : nom
compofé des premières lettres de ceux de Bafile même
, de fa femme Eudocie Si de fes quatre fils ,
Conftantin, Léon, Alexandre, Stéphane ou Eftien-
ne. Il ajouta à cette fable une prophétie, fuivant laquelle
le regne de Bafile devoit être plus heureux &:
plus lon g , que ceux de tous les princes paifez ; Si
mille flateries femblables, qu’il fjavoit être de fon
goût.
Il écrivit ce.bel ouvrage fur de très-ancien papier ,
en lettres Alexandrines, imitant le mieux qu’il put
l’écriture antique : puis il ôta la couverture d’un livre
très-vieux , dont il le revêtit ; & le fit mettre dans
la grande bibliothèque du palais par Theophane ,
alors clerc de l’empereur dont il étoit eftimé pour
fa doétrine, Si depuis évêque de Cefarée en Cap-
padoce. Il agiifoit de concert avec Photius, Si prit
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fon temps pour montrer ce livre à l’empereur, comme
le plus merveilleux & le plus curieux de toute fa bibliothèque
: feignant en même-temps, que ni lu i, ni
aucun autre ne pouvoir l’entendre, excepté Photius.
On envoie aufli-tôtà lui: il dit ; qu’il ne peut découvrir
ce fecret qu a l’empereur même, de qui parle cet
écrit. Bafile fe laiifa féduire à cet artifice ; Si cédant à
la curiofité & à la vanité, il fit revenir Photius Si le
remit dans fes bonnes grâces. Il étoit continuellement
au palais, Si gagna- entièrement le prince par
fes flateries & fes dijfcours artificieux.
Il s’appuïa d’un autre impofteur , Théodore , f^c
furnommé Santabaren, du nom de fon pere, qui
étant Manichéen Si magicien de profeflion, & fe
voïant découvert, fe fauva chez les Bulgares, encore
païens & apoftafia. Théodore fils d’un tel pere
étant demeuré à C . P. encore jeune, fut mis par
le cefar Bardas dans le monafteredeStudius, Si y em-
braiTa la profeflion monaftique. Enfuite il s’attacha
à Photius, qui pendant fa première intrufion
dans le fiége patriarcal le fit évêque & après qu’il
futchaffe, Théodore lui confeilla de gagner quel- '
que officier du palais ; Si on difoit qu’ils avoient
corrompu par prefens un chambellan nommé Nice-
tas, & pour faire prendre à l’empereur des breuvages
Si des viandes préparées par les enchantemens de
Théodore , qui avoient changé en amitié fa haine
contre Photius. Quoi qu’il en fôit, Photius recom- w;«
manda à l’empereur l’abbé Théodore, comme un
homme d’une fcience Si d’une fainteté merveilleufe,
Si qui même avoit le don de prophétie : enforte
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