
An. 8^8-
XI.
Le pape permet
à Lothaire de
venir à Rome.
Tem. 8. ]>• 909»
ip o ' H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . ’
même année 8<i8- le pape Adrien écrivit de même à
Adon archevêque deVienne, qui l’avoit exhorté à
ioûtenir les décrets de fon prédeceffeur. Te prétensles
défendre, dit Adrien, comme les miens propres. Mais
fi les circonftances des tems l’ont obligé d’ufer de fé-
verité , rien ne nous empêche d’en uièr autrement
félon la différence des occafions.
Si-tôt que le roi Lothaire apprit la m ort du pape
N icolas, il envoya à Rome Adventius évêque de
Mets, & Grimlandfonchancelier, avec une lettre ,
par laquelle il témoignoit regretter le papeNicolas,fe
plaignant néanmoins qu’il s’étoit laiffé prévenir contre
lui. Je me luis fournis à lui, ajoûtoit-il, ou plutôt
au prince des apôtres, au-delà de tout ce qu’ont fait
mes prédeceffeurs. J’ai fuivi fes avis paternels, & les
exhortations defçs légats,au préjudice même de ma
dignité. Je n’ai pôint ceffé de le prier, que fuivant les
loix divines & humaines, il me fût permis de me pre-
fenter à lui avec mes accufateurs ; mais il me l’a toujours
refuie, & empêché de vifiter le faint liège,
dont mes ancêtres ont été les protecteurs.- Nous
fommes bien aife que les Bulgares & lès autres barbares,
foient invitez à vifiter les tombeaux des apôtres
: mais nous fommes fènfiblement affligez d’en
être exclus. Enfuite il félicite le pape Adrien fur fon
éleétion , lui offre fa proteétion & fon obéiiïance ,
témoigne un grand defir d’aller à Rome , & prie le
pape de ne lui préférer aucun des rois lès égaux. Il
ajoute: Ne nous envoyez vos lettres que par notre
ambafîàdeur, par le v ô tre, ou par celui de l’empereur
Loüis notre frere ; parce que faute de cette pre-
L i v r e c i n q u a n t e -u n i e ’m e . l o i
caution , il eft arrivé de grandes divifions en ces A n 7 § ^ '
quartiers.
Le pape fit réponfe par une lettre que nous n’avons
plus, mais dont la fubftance étoit : Q ue le feint
fiége eft toujours prêt à recevoir une digne fatisfac- • o y ' * /"* /"V /■» 1 (tn, ï 6 3 . tion , & n a jamais refuié ce qui eft déclaré jufte par
les loix divines & humaines. Q u ’ainfi Lothaire pou-
voit hardiment fe prefenter, s’il fe fentoit innocent
des crimes dont on le chargeoit ; & que quand
même il fe reconnoîtroit coupable -, il ne devoit
pas laifïèr de venir,pour recevoir la pénitence convenable.
L’empereur Loüis, apparemment follicité par les
ambalfedeurs de Lothaire , travailla puiffamment à
adoucir le pape Adrien à fon égard. Depuis dix-huit
mois, Loüis aidé par les troupes de Lothaire , fai- ch. c*rjr. c.
foit avec avantage la guerre aux Sarafins d’Afrique , H'*”' Meu
qui ravageoient la partie, méridionale d’Italie , & y
tenoient plufieurs places. Dès l’année $66. il avoit
pris Capoüe après un fiége de trois mois. Il avoit battu
les ennemis auprès de Lucera dans la PoüiUe ; & pris
leur camp. Il prit M atera fur eux , & la brûla 5 & il
les tenoit affiegez dans Bari , où ils fe défendirent
quatre ans. Le pape ne pouvant donc rien refuferà
ce prince, lui accorda mêmel’abfolution de Valdra-
de ; comme il paroît par plufieurs lettres dontfurent
chargez l’évêque Adventius & le chancelier Grimland
ambaffadeur de Lothaire.
La première eft à Yaldrade même , & le pape .y m ,-.
parle ainfi : Nous avons appris par le rapport de
plufieurs pérfonnes, & principalement de l’empereur