
-------------- Arnoul roi de Germanie trouva fort mauvais que
A n . 893. l’on eût couronné le roi Charles fans fa perm iifion,
car il prétendoit avoir droit lui feul à tout l’empire
François. L’^chevêque de Reims fit fon poiïible
■c- î- pour fe juftifier auprès de lui ; & lui fit écrire par le
c- 5- pape , pour lui défendre de troubler le roïaume de
Charles , & l’exhorter au contraire à l’aider comme
fon parent. Eniuite il fc plaignit au pape , que ni
Arnoul n’avoit voulu fecourir Charles , ni Eudes
ceifer de ravager fon roïaume : qu’au contraire l’un
& l’autre avoir ufurpé'les terres de l’églife de R eim s,
qu’Eudes avoit mêtqp affiegé la ville; & que ces guerres
étoient un obftacle invincible à fon voïage de
Rome. Au refte il prioit le pape., qui regardoit comme
fon fils le jeune empereur L am bert, de l’unir d’amitié
avec le roi Charles -, & d’écrire a. Eudes & aux
feigneurs de France , pour les obliger à la paix , & à
laiifer à Charles au moins une partie du roïaume de
fes peres. Le pape dans fa réponfe louoit fort l’archevêque
, de l’affeiftion qu’il témoignoit pour l’empereur
Lambert : l’exhortant à lui être toujours fidele ,
comme fon p aren t, & proteftanr de fa part qu’il ne
s’en fepareroir jamais.
T ouchant quelques autres affaires , dont Foulques
lui avoit écrit, il déclaroit avoir excommunié
&c anathematifé Richard , Manaifés & R am -
pon , pour avoir arraché les yeux à Teutbold évêque
de Langres , & avoir chaifé de fon fiége ,
!& mis en prifon Vaultier archevêque de Sens. Il
ordonnoit donc à Foulques d’aflembler fes fuffra-
g an s, & de confirmer avec eux ce-jugement. Le
pape
L i v r e c i n c j u a n t ë - q u a t r i e ’me.
pape lui faifoit auifi des reproches de n’avoir pas voulu
facrer évêque de Châlons le prêtre B ertier, élû par
le clergé & le peuple, du confentement du roi Eudes.
Au contraire , ajoûtoit-il, on dit qu a la m ort de §¡8
vêque vous avez donné cette églife, comme en fief,
à H eriland évêque deTeroüanne ; & qu’enfuitevoua
prétendez avoir ordonné évêque de Châlons un certain
Mancion prévenu de crimes. Que Bertier aïant
voulu venir à R om e, il a été pris par un -nom m é
Conrad votre vaflal, tiré de l’églife & tenu en exil
pendant un mois. C ’eft pourquoi le pape ordonnoic
à Foulques de fe rendre à Rome dans un temps marqué
avec M ancion, Conrad & quelques-uns des évêques
fes fuffragans.
Foulques de fon côté écrivit au pape, que l’évê-
ché de Teroüanne aïant été ruiné par les Normands ,
l’évêque Heriland avoit eu recours à lui ; qu’il l’avoic
reçû comme il devoir, & l’avoit établi vifiteur d’une
églife vacante, cetoit celle de C hâlons, pour en tirer
fa fubfiftance, jufques à ce qu’on y ordonnât un
évêque. Et parce que les habitans du diocéfe de T eroüanne
étoient des barbares farouches, & qui parlement
une autre langue ;il confultoit le*pape, s’il'
pouvoit transférer Heriland à l’églife vacante, &
donner au peuple de Teroiîanne un évêque de la même
nation. Il écrivit auifi à-un évêque Romain
nommé Pierre , pour folliciter auprès du pape la
tranfiation d’Heriland deTeroüanne à Châlons . alléguant
l’exemple d’Aètard de Nantes. Au refte il
eft aifé de juger, que Bertier approuvé par le roi
Eudes pour l’evêché de Châlons , ne pouvoit être
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