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d’hoftilité dans tout le territoire de fiiint Pierre , folls
peine d’être feparé de la communion du faint fiége.
Et encore: Nous avons appris , ’ que vous voulez
donner du fecours à nos ennemis : c’étoit l’évêque
Formofe & Gregore maître de la milice’; & que
vous les voulez ramener à Rome & rétablir dans leurs
biens. C ’eft pourquoi , nous vous prions comme
am i, & par la confiance que nous avons en vous, de
ne point venir à prefent à Rome , où nous ne pouvons
vous recevoir avec l’honneur convenable. Les
évêques Gauderic & Zacarie, que nous vous en-
voïons, vous en diront davantage. Quant au marquis
Adalbert, foïez affiiré que s’il vient à nous, nous
ne le recevrons point: c’eft notre ennemi déclaré.
Enfin, Lambert aïant écrit au ?pape une lettre o ù ,
au lieu de dire : Vôtre fainreté, il difoit : votre no-
bleiïe , comme à un feculier , & trouvoit mauvais
qu’il envoïât des légations fans fa permiffion : le
pape lui en fit des reproches, & lui déclara qu’il re-
nonçoit à fon amitié.
Nonobftant tous ces avis Lambert vint à Rome
avec Adalbert & une armée, qui ravagea les environs.
Le pape le reçut à Saint Pierre, comme ami , mais
Lambert fefaifitdes portes de Rome, & fe rendit
maître de la ville. Il retint le pape à faint Pierre, qui
étoit encore dehors ; fans permettre, ni aux grands,
ni aux évêques , ou aux prêtres , niàfesdomeftiques
de Palier trouver ; qu’après’ s’en être fait beaucoup
prier. Il empêchoit même qu’on ne lui portât des
vivres. Des évêques, des prêtres &des moines venant
âfaint Pierre en proceflion , pour y offrir le facrifice ^
L i v r e c i n q u a n t e -d e u x i e ’m e . 4 1 7
furent chuifez à coups de bâton. Pendant un mois, ~ - —-
l ’autel demeura nud & l’églife fans luminaire , fans A Naucun
office , ni jour ni nuit ; les ennemis du pape, ?°-
c’.eft-â dire Formofe & ceux qu’il avoit condamnez
avec lui furent ramenez dans Rome.
Lambert d ifo it, qu’il agiffoit ainfi par ordre-du y- §9 «• - . , 1 sr ° 1 r A i- \ Ann.FuU. roi Cari oman ; & en effet, il ht prêter lermentace
prince , par les grands de Rome : mais on difoit ,
qu’il fevouloit faire empereur lui-même. Apres%ju il
fe fut retiré , le pape fit porter au palais de Latran le
trefor de faint Pierre , dont il couvrit l’autel d un ci-
lice , fit fermer toutes les portes de l’églife , ceffer
l’office ; & ce qui parut de plus horrible, renvoïer les
pelerins, qui y venoient de tous les païs du monde.
Le pape excommunia Lambert & fes complices ; & 2 ,'^
refolut d’aller trouver Carloman& les autres rois des
François, pour fe plaindre de cette violence : mais
comme Lambert lui fermoit les chemins par terre ,
il s’embarqua fur la mer de Tofcane. Avant que de
partir il écrivit à Anfpert archevêque de Milan , qu’il e?. jh
vouloit tenir en France un concile univerfel, pour
remédier aux maux de l’éghfe, ne pouvant le tenir en
Italie ; & lui ordonna de s’ y trouver avec tous fes
fuffragans. Il écrivit auffi à Jean archevêque de Ra-
venne , lui donnant part de tout ce qui s’étoitpaffé, *t-
afin d’ en inftruire fes fuffragans, &c que perfonne
n’entrât dans le parti de Lambert.
Etant arrivé â Genes , il écrivit aux quatre rois , u Jeati
Louis-le-Begue & les trois fils de Louis le Germa- en r tance,
nie.; & chargea de ces lettres Ânfpert archevêque Ef' *'
de Milan , qui s’écoit rendu auprès de lui. Dans la
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