
XXII.
Traité d’Hínc-
mar fur ledivorce
de Lothaire.
De divot t.Loth» 0> Th. torri-1• 557-
Su]>. n»6.
54 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Vers le même tems Hincmar reçut un mémoire
avecvingt-trois queftions touchant le divorce du roi
Lothaire &: Thietberge, delapartdeplufieurs per-,
fonnes confiderables , tant ecdéiiaftiques que laïques,
qui le prioient de leur en écrire plutôt ion
fentiment fans les nommer. C’eft cequ’il fitparun
écrit adreifé aux rois,aux évêques,& à tous les fidèles,
comme ayant tous intérêt en cette affaire. La
première queftion étoit, quel égard on devoir avoir
à la confemon fecrette que Thietberge avoit faite
aux deux conciles d'Aix la Chapelle de l’an 860,1
Hincmar répond qu'une confefïion donnée au roi
par écrit devoir être fuivied’un jugement prononcé
par les laïques félon les lo ix , & non pas d’un jugement
eccléfiaftique, & que les évêques n’ont pas dû
fur cette confemon, prononcer la diffolution du.
mariage, ni impofer à la femme une penitence publique
; parce que les coupables doivent être ju g e z ,
ou fur des preuves convaincantes,ou fur la confef-
fion faite de leur bouche devant les juges. Il demande
en paifant, pourquoi les évêques exhortoient
la reine à ne s’accufer de rien de faux , s’ils ne fa-
voient au moins qu’elle dût s’accufer : & quelle foi
on doit ajouter aux proteftations du roi Lothaire ,
quand il difoit que loin de forcer Thietberge à cette
déclaration , il étoit fort affligé de fon crime: lui
qui déclaroit en même tems, qu’il avoit acquiefcé
au jugement de l’eau chaude , le reconnoiifant
faux.
On demandoit en général, pour quelles raifons les
pcrfonnes mariées peuvent fe feparer, & fiap rè sla
L i v r e c i n q u a n t i e ’m e . , 55
feparation on peut fe remarier. Hincmar répond : .
L ’adultere eft lelon l’évangile le feul m otif de fepa- 62’
ration ; encore faut-il qu’elle foit ordonnée par l’é-
vêque. Mais après cette feparation , les parties ne
peuvent fe remarier. Dans le fa it, il n’y avoit contre
Thietberge qu’un foupçon, & avant que de la
croire coupable , il falloir la faire condamner par
les feigneurs laïques. Comme l’épreuve de l’eau
chaude lui avoit été favorableon demandoit ce qu’il
falloit croire de ces fortes dejugemens. Hincmar
prétendlesfoûtenïrnonieulementparles coutumes;
mais encore par l’autorité de l’écriture, qu’il applique
comme il lui plaît, il s’objeôte les capitulaires
&c les canons, aufquels il ne répond rien defolide ,
&c c’eft peut-être l’endroit de tous les écrits d’Hinc-
mar où ion raifonnement eft le plusfoible. Il foû-
tient que Thietberge ayant été juftifiée par ce jugement
de l’eau chaude, & reconciliée à fon mary par
l’autorité des feigneurs, 8c la benediétion des évêques,
elle ne peut plus être accufée du même cri- Xnur. 7.
me- Mais,difoit-on,fon homme n’a point été brûlé, r
>11 parce qu elle a en mme me tems convte fcléef iro n cri■ me : lnurr.%.
ou félon d’autres, parce qu’elle a dirigé ion intention
à un autre frere de même nom , avec qui elle
n’avoit rien faitde mal. Hincmar fe moque av ec rai-
fonde ces fubtilitezgroffie*res,parlefquelleson pre-
tendoit, ou que Dieu trompât les hommes, en fai-
fant paroître innocente la coupable , ou qu’il pût
* H H Ü . - i . J 1 r t 1 r Iutmr. ) . etre trompe. Que s u y avoit eu de la fraude dans cette
épreuve,il convientque l’affaire peut être examinée
de nouveau.