
4io H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
attirez de nouveau fa colere, en vous joignant à
ceux qui ne le connoiifent pas. Croïez-moi, ce n’effc
pas le moïen d établir votre puiflance. J ’avois mieux
efperé de vous : mais je vois que vous courez à votre
perte , avec ceux qui vous donnent ces co'nfeils.
Je vous conjure au nom de Dieu d’abandonner ce
deffein, & ne me pas donner cette douleur éternelle,
à. moi & à vos autres bons ferviteurs. Il vaudroit
mieux que vous ne fuffiez pas n é , que de regner par
le lccours du diable. Sçachez enfin, que fi vous le
faites , je ne vous ferai jamais fidele, je détournerai
de votre fervice tous ceux que je pourrai, & me
joignant avec tous les évêques mes confrères, je vous
excommunierai, & vous condamnerai à un anathê-
me éternel. Je vous écris ceci en gemilfant, parce
que je vous fuis fidele : & que je defire que vous éta-
bliffiez votre regne , non par le fecours de fatan ,
mais par celui de J . C .
xxyri. L e pape Eftienne V I . tint en effet un concile, où
vu°Romain.n"C il condamna Formofe fon prédeceffeur. Il fit déter-
ncpapcs.1' rer fon corps, on l’apporta au milieu de l’affemblée :
z u itp r .i.i.r .% . on le mit dans le fiége pontifical revêtu de fes or-
n .Verf.p.6o6. nemens ^ on lui donna un avocat pour répondre
eh fon'nom. Alors Eftienne parlant à ce cadavre ,
comme s’il eut été vivant : Pourquoi, lui dit-il, évêque
de Porto, as-tu porté ton ambition, jufques à
ufurper le fiége de Rome ? L ’aïant condamné, ou
le dépouilla des habits facrez, on lui coupa trois
doigts, & enfin la tête ; puis on le jetta dans le T i bre.
Le pape Eftienne dépofa tous ceux que Formofe
avoit ordonnez, & les ordonna de nouveau. Mais il
L i v r e c i n q u a n t e - q u a t r i e ’m e . 6 ï i
reçût bien-tôt la peine de ces violences. On le prit,
on le chaffa lui-même du faint fiége, on le mit dans
une obfcure prifon chargé de fers , & on l’étran-
gla.S
on fucceffeur fut Romain Gallefin, fils de Con-
ftantin, qui mourut avant les quatre mois accomplis
; & on élût à fa place Théodore , né à Rome ,
&c fils d’un nommé Photius. Il étoit fobre, chafte ,
libqral envers les pauvres, chéri du clergé , & ami
de fa paix ; mais il ne vécut que vingt jours depuis
fon ordination. Dans ce peu de temps, il ne laiffa
pas de travailler autant qu’il pût à la réunion de l’é-
glife : il rappella les évêqües chaffez de leurs fiéges,
&C rétablit les clercs ordonnez par Formofe, & dé-
pofez par Eftienne;leur rendant les ornemens facrez
& l’exercice de leurs fondions. Il fit reporter fo-
lemnellement dans la fépulture des papes le corps
de Formofe, qui avoit été trouvé par des pêcheurs j
&c lorfqu’on le tranfporta, plufieurs perfonnes pieu-
fes affuroient que les images des faints l’àvoient falué
en pailant.
Après la mort de Théodore , les Romains furent
partagez;les uns élurent le prêtre Sergius, les autres
Jean natif de Tibur fils de Rampalde, dont le parti
prévalut. Sergius chaffé de Rome, fe retira en Toft-
cane, fous la prote&ion du marquis Adalbert, &c y
demeura fept ans. Jean IX . tint le fiége deux an s,
pendant lefquels il célébra trois conciles ; & nous
avons les canons de deux, l’un tenu à Rome, l’autre
à Ravenne.
L ’empereur Arnoul s’étoit retiré d’Italie dès l’an
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A l i x il. h b . i l , ' 8. 4.infi.
L u t t f r . c . 8.
T lo d , verfi.
X X V I I I .
Concile de Rame.