
A N. 88l .
Opufc. 15. p»
Qpufc» 16.
X X X IX .
Mort d’Hinc-
jnar.
An. Bert. 88x.
Flod. l u .
Cuit»
530 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
dience du roi que par fon canal, encore n’étoit-ce
que pour ce qu’il n’avoit pû terminer par lui-même.
Il ordonnoit dans le palais tout ce qui regardoit le
fervice divin ; l’adminiftration des facremens : la
confolation des malades, la converiïon des pécheurs,
en un mot tout le fpirituel.
Le fécond écrit d’Hincmar adrefle aux évêques J
ne contient que des confeils pour la conduite 'du
jeune roi Carloman , tirez de l’écriture & des peres :
dans l’un Sc dans l’autre écrit il renvoie fouvent au
concile de Fifmes ; Sc il joint l’écrit contre les ravif-
feurs, qu’il avoit envoie au roi Louis. Ces écrits furent
les derniers d’Hincmar.
Car les Normans étant venus jufques à Laon, pillèrent
Sc brûlèrent tous les environs : Mais avant
que de l’affieger, ils réfolurent d’aller à Reims , puis
à Soiifons. L’archevêque Hincmar en fut bien averti,
& fe trouva fans défenfe : car la ville de Reims n’a-|
voit point de murailles, & il avoit envoie les vaf-
faux de fon églife au fervice du roi Carloman. I l
fut donc obligé de fortir de nuit avec ce qu’il avoit
de plus précieux , c’efi: - à - dire , le corps de faint
Remy Sc le trefor de l’é g life , fe faifant porter à
bras dans une chaife , à caufe de fa foibleiTe. Les
chanoines, les moines Sc les religieufes fe difperfe-
rent de côté & d’autre ; & l’archevêque fe fauva deçà
la Marne à Epernay. Un parti de Normans setant
avancé jufques aux portes de Reims, ils pillèrent ce
qu’ils trouvèrent & brulerent quelques villages, mais
ils n’entrerent point dans la ville. Hincmar aïant fe-
journé quelque tems à Epernay, y mourut le vingt-
L i v r e c i n q u a n t e - t r o i s i e ’m e . 531
Unième de Décembre 8S i. & fon corps fut rapporté
à Reims à l’églife de faint R emy, Sc mis dans le tombeau
qu’il s etoit préparé derrière celui du faint, avec
lepitaphe qu’il avoit compoié. Il étoit fort âgé,
Sc avoit tenu le iiége de Reims plus de trente-fept
ani.C
’étoit alors l’évêque le plus célébré de France ;
Sc fes écrits, dont j’ai fait mention , au moins de la
plupart, font connoître qu’il avoit bien lû l’écriture
Sc les peres, mais il étoit moins théologien que ca-
nonifte ; Sc fa principale étude étoit de la difciplinc
de 1 eglife, qu’il maintint avec une grande vigueur,
contre les entreprifes des princes Sc des papes mêmes.
Son ftyle eft diffus Sc embaraffé , fon difcours
plein de parenthefes Sc accablé de citations, & il
montre par tout plus de mémoire Sc d’érudition ,
que de choix & de jufteffe d’efprit. Après lui l’églife
de France tombe dans une grande obfcurité ; toutefois
l’école de Reims fe foûtint long-temps.
Dès l’année précédente 881. les Normans avoient
fait d’étranges ravages. En Neuftrie ils prirent le
monaftere de Corbie Sc la ville d’Amiens. En Lorraine
étant entrez par le Vah a l, ils fe logèrent à
Nimegue , qu’ils brûlèrent, Sc revinrent au mois de
Novembre fur la Meufe. Ils ravagèrent le païs Sc
brûlèrent Liège , Maftriét, Tongres, Cambrai; Sc
en une autre courfe Cologne,Bonne, Zulpic, Juliers,
Sc enfin A ix , où ils firent leur écurie de la belle chapelle
de Charlemagne : Sc les monafteres d’Inde,
de Malmedy Sc Stavelo. Tout cela fut réduit en cendres.
Les religieux Sc religieufes, qui fe purent fau-
X x x ij
A n . 88«,.
Sup. liv . X IV IM <
n. 2.8.
XL.
Ravages des
Normans.
An. Bert. 88{i
M ttenf 881.
1?tildenf. 881 .