
XXXIV.
Examen d c l’évc-
«jue élû.
Torm. promet,
n. 11.
S i 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . "
Si l’élû n eto it que diacre, il dévoit être ordonné
prêtre dans le temps convenable. Et quand il étoit
arrivé au lieu où le devoit faire l’ordination : la veille
qui étoit le fam edi, tous les évêques de la province
devoient s’aiTemblcràleglife métropolitaine, où l’on
faifoitlire publiquement le décret d e l’éleétion. Les
évêques demandoient aux députez, fi elle s’étoit faite
unanim em ent, comme portoit le décret, & s’ils
connoiifoient dans l’élu les bonnes qualitez qu’ils lui
attribuoient. Aprçsleurréponfe ils demandoient s’il y
avoit là quelqu’u n , qui voulut dire quelque chofe
contre lu i, ou s’oppofer à fon éleétion. Enfuite on
examinoit l’élû. C ’eil ainfi que l’archevêque H inc-
mar le marque à Adventius évêque de M ets, en lui
envoïant la forme de la confeeration d’un évêque.
Mais on entendra mieux cet examen parl’aéle de l’ordination
de Guillebert évêque de C hâlons, qui commence
ainfi :
L’an 868. letroifiém e de Décembre , c’étoit un
vendredi, s’aifemblerent à Quierci dans l’églife,
H incm ar archevêque de R heim s, Hincmar évêque d'e
L aon, O don de Beau vais, avec les députez des cinq
autres évêques de la province porteurs ’de leurs lettres
d’excufe. Il y avoit auifi des évêques d’autres
provinces ; fçavoir Venilon de R ouen, H erard de
T ou rs, Egilon de Sens & Foulcric de Troïes : en-
forte que cette aflemblée pourroit être comptée entre
les conciles , & apparemment elle fe tenoit à
Quierci à l’occafion d’un parlement. Tous ces évêques
étant donc aifemblez : le clergé, les -magiftrats
& le peuple de C hâlons, c’eft-à-dire, leurs députez ,
L i v r e c i n q u a n t e - t r o i s i . e ’me. j i 7
fe prefenterent avec le décret dele£fcion ; demandant
que le prêtre Guillebert fut ordonne leur eve-
que.
L’archevêque Hincmar leur fit des reproches , de
ce qu’il avoit appris par d’autres que par eux, la mort
de leur évêque; & leur rendit la raifon pourquoi il
s’étoit fait deux élections dans leur églife ;fçavoif que
la première n’avoit pas été régulière. Le décret d’é-
le&ion fut lû publiquement avec les fouferiptions :
puis on interrogea les chanoines, les m oines, les
curez & les nobles laïques, s’ils confentoient à l’é-
le&ion de Guillebert. Ils l’aifurerent , tant pour
e u x , que pour les abfens. Hincmar d it: Nous ne
le connoiffons pas , montrez-le nous, afin que nous
voïons s’il cil digne de ce rang. Il fe preienta , &
H incm ar lui demanda d’où il étoit ? Guillebert répondit
: Je fuis de Touraine. De quelle condition ,
dit Hincmar 5 II répondit : Quoique pecheur, je fuis
né libre. O ù avez-vous étudié ? J ’ai été mis à l’école
de T o u rs, pour apprendre les lettres humaines;
Quel ordre avez-vous, & de qui l’avez-vous reçu ?
Herard mon pere, que voila, m’a donné, tous les
ordres jufqu’au diaconat ; puis en vertu de fes lettres,
Erpoin m’a ordonné prêtre. Pourquoi êtes-vous venu
dans notre province ? Mes parens m’ont mis au fer-
vice du ro i, avec la permiffion d’Herard mon archevêque.
Que faïfiez-vous chez le roi ? Je tenois les re-
giftres de fes revenus.
Alors Hincmar dit : Puifque vous avez été receveur
du bien d’autrui, écoutez ce qu’en dit le concile
de C alcédoine, & il fit lire le canon. Guillebert
T t t iij