
3j>2 H i s t o i r e Ë c c l e s i a s t i q u e .1
jj Anfegife archevêque de Sens, primat des Gaules &
A n . 876. de Germ anie, comme vicaire du pape en ces provinces
, foit pour la convocation des conciles, foie
pour les autres affaires ecclefiaftiques : ordonnant
qu’il notifieroit aux évêques les décrets du faint fiége,
lui feroit le rapport de ce qui auroit été fait en exécution
-, & le confulteroit fur les caufes majeures.
Les évêques du concile demandèrent la permiflion
de lire eux-mêmes la lettre qui leur étoit adreffée 1
mais l’empereur n’y confentit pas , voulant toutefois
les obliger à y répondre. Ils dirent qu’ils obéï-j
roient aux ordres du pape , fans préjudice des métropolitains
, Sc fuivant les canons &les décrets dufaint
fiége conformes aux canons. L’empereur & les légats
prefferent les archevêques de répondre abfolum ent
touchant la primauté d’Anfegife, mais ils n’en purent
tirer d’autre réponfe. Il n’y eut que l’archevêque
Frocaire, qui parla conform ém ent à l’intention de
l’empereur ; ce que les autres regardèrent comme An. Bertin. -L, . • r r n • une flatxrie pour rairc aucoriler la tranilation : car
Frotaire avoir paffé de Bourdeaux à Poitiers, & pré-
tendoit encore paffer à Bourges.
L’empereur irrité dit que le pape lui avoit donné
commiflion de le reprefenter en ce concile , &
qu’il vouloitexecuter fes ordres. Il prit donc la lettre
du pape fermée comme elle étoit , & avec les
d e u x légats, la donna à Anfegife. Il fit mett re un
fiége pliant avant tous les évêques de fon roïaume
d’audeçades Alpes, près de Jean de Tofcanelle, qui
étoit aflis à fa droite , §c ordonna à Anfegife de paf-
fei devant tous les évêques plus anciens que lui d’ordination
L i v r e c i n q j j a n t e - d ë u x T e ’me. 393
dination & s’affeoirfur ce fiége. H incm ar de Reims
s’yopp ofa, & protefta deVant tout le concile , que
cette entreprife étoit contraire aux faints canons :
mais l’empereur demeura ferme dans fa réfolution,
& n'accorda pas même aux évêques de prendre copie
de cette lettre du pape. Nous avons un traité
d’H incm ar adrelïéaux évêques, où il déduit au
long les caufes de fonoppofitionà la primauté d’A nfegife.,
Il met pour fondement les canons de Nicée :
fçavoir le fixiéme, qui confirme lés anciens privilèges
de toutes les églifes, & le quatrième qui d i t, que
ce qui fe fait en chaque province doit être autonfé
par le métropolitain. Il releve la force des canons
de N icée, par les témoignages de faint Léon & de
plufieurs autres papes. Il eft v rai, dit-il , que le pape
aïant fous fa jurifdiékion particulière certaines
provinces éloignées de lu i, il y a établi des vicaires
au-deffus des métropolitains. Il entend la Macedoine
& le refte de l’Illyrie occidentale. Encore , ajoûte-
t-il, les droits des métropolitains y étoient confer-
vez. Il eft encore vrai que les pages ont quelquefois
établi des vicaires dans les Gaules : mais pour des
caufes paffageres, comme pour empêcher la fimo-
nie & les ordinations prématurées, ou pour le réta-
bliffement de la difeipline & la converfion des infidèles
; comme fut la commiffion de faint Ronifa'^
ce ; & les églifes font enfuite; rentrées dans leur
ancien droit. Hincmar fait ici heaucoup valoir le
privilège qu’il avoit obtenu du pape Benoît après la
condamnation d’Ebbon & ne manque pas de remarq
u er, que le vicariat accordé à D rogon évêque de
Tome X I . D d d
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