
4 io H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .
Adrien avoient écrit contre ce prince ,. ni même avec
la vérité de l’hiftoire. Le pape Jean y dit entr’autres
chofes: Et parce que nous fçavons que la même penfée
avoit été revelée au pape Nicolas par infpiration ce-
lefte ÿ nous lavons choifi } de l’avis de nos freres les
évêques, des autres miniilresde l’églife Romaine, du.
fenat & de tout le peuple Romain -, 8c félon l’ancienne
coûtume , nous l’avons élevé folemnellement
à la dignité impériale , avec l’ondtion extérieure,,
figne de l’onétion intérieure du faint Efpnt. Il ne
s’eft point ingéré de lui-même à cette dignité , 8c
ne le l’eft procurée par aucun mauvais artifice : c’eft:
nous qui l’avons defiré & demandé. C ’eft pourquoi-
je vous prie, mes freres , que nous réitérions ici 8c
confirmions cette éleétion. Les évêquesrépondirent,,
qu’ils le defiroient ; 8c le pape prononça le décret
de confirmation de l’éleélion faite l’année précédente
,.pendant l’indiétion neuvième puis il ajoûtar
fi quelqu’un veut s’oppofer à cette éleélion , qui
vient fans doute de Dieu , qu’il foit frappé d’ana-
thèmc , comme ennemi de Dieu 8c de ion églife :
les auteurs ou les exécuteurs d’un fi pernicieux con-
feil foient regardez comme perturbateurs du repos
public , miniftres du diable, 8c ennemis de l’égliie
& de l’état: s’ils font ecclefiaftiqucs-, qu’ils foient
dépoièz ; & anathématifez , s’ils font laïques. C ’eft:
ainfi qu’on appliquait ce que la religion a de plus
faint & de plus terrible, à une affaire temporelle.
Adalgaire apporta à l’empereur Charles une copie
de ce concile, comme un grand prefent du pape;:
mais ces menaces n'empêcherent point le roi Car;
L i v r e c i n q j i a n t e - d e u 'x i e ' m e . 41 1
loman de venir la même année en Italie , avec une
puiffante armée.
Cependant le pape ne ceffoit de preffer le fecours
de l’empereur Charles contre les Sarrafins ; & pour
cet effet, il lui envoïa encore deux évêques, Pierre
de Foffembrune, qui avoit été en France l’année précédente
, 8c Pierre de Sinigaille. La lettre à l’empereur
, dont ils étoient chargez , eftdu fécond jour
de Février 877. & le pape y parle ainfi : Cequirefte
de peuple dans Rome, eft accablé d’une extrême pauvreté
, 8c au dehors tout eft ravagé 8c réduit en fo-
litude. La campagne eft entièrement ruinée par
ces ennemis de Dieu: ils paffent déjà à la dérobée
le fleuve qui vient de Tibur à Rome , 8c pillent la
Sabine &c les lieux voifins. Ils ont détruit les églifes
8c les autels : ils ont emmenez captifs, ou tué par divers
genres de mort, les prêtres & les religieufes, 8c
fait perir tout le peuple d'alentour. Souvenez-vous
donc des travaux & des combats que nous avons
foutenus pour vous procurer l’empire, de peur que
fi vous nous' mettez au défefpoir, nous ne prenions
peut être un autre confeil. Car outre les ravages des
Sarrafins, nous fommes encore attaquez par les mauvais
Chrétiens, qui achèvent de nous ruiner: en-
voïez nous avec vos troupes des perfonnes fideles ,
qui puiflent reprimer ces défordres. Il y avoit une
lettre à l’irnperatrice Richilde, tendante à même fin ;
8c le pape écrivit enfuite aux évêques du roiaume
de Charles ; afin de preffer ce iccours, comme une
affaire capitale à la religion.
Il parle de même du traité que les Napolitains 8c
F f f i j
A n . 877.
X L l i t .
Sarrafins près
de Rome.