
3 3 <î H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
”7 évêques mes freres, dont quelques-uns, à ce qu’on
N' dit, ont appelle notre roi pour leurs intérêts dans
le roïaume de Lothaire. On dit au roi Charles, que
jamais votre prédeceiTeur n’a rien ordonné de fem-
blable contre Lothaire , quoiqu’engagé dans un
adultéré public ; & que jamais les papes ni les plus
faints évêques n’ont évité de paroître devant les ty^-
rans ou les princes heretiques & fchifmatiques , &
de leur parler, quand il étoit befoin : comme a Con-
ftantius Arien , à Julien l’apoilat, ôc au tyran Maxime.
Enfin on dit, que fi je me fépare feul de la communion
de notre ro i, les autres évêques, qui communiquent
avec lui , fe retireront de la mienne. Vu
principalement, que le roi ne convient point des
crimes de parjure &c d’ufurpation dont on l’accule ,
& n’en e11 point convaincu juridiquement : comme
devroit être le moindre particulier, Avant que d’être
condamné.
Suf. I. LXIIJ. *' Ils nous font lire dans les hiftoires, comment Pe-
* '14' l8, pin fon bifaïeul fut facré roi par le pape Eilienne,
venu en France implorer fon fecours ; & fournit le
roi Afto lfe ,non par l’excommunication du pape,
mais par la force de fes armés : ce que fit Charles
du temps du pape Adrien ôc du roi Didier : comment
il reçut la dignité de patrice , ôc du* temps du
suf. liv. xiv. pape Léon le nom d’empereur. Comment le pape
Eftienne couronna à Reims l’empereur fon pere ; ôc
comment le pape Grégoire furpris par Lothaire, vint
en France malgré fon pere, & retourna fans y avoir
été honoré comme il devoir. Ils font le dénombrement
des défordres que notre roi a déjà corrigez
dans
L i v r e c i n q u a n t e -d e u x i e ’m e . 3 37
dans le roïaume de Lothaire ; & difent que la con- -----------
quête des roïaumes de ce monde fe fait par la guerre ^ N* 87 ° ‘
& par les viétoires, ôc üon par les excommunications
du pape & des évêques.
Quand nous les exhortons à recourir à Dieu par
la piieie , ôc leur reprefentons la puiifance que J . C
a donnée aux papes & aux évêques : ils nous répondent
: Défendez donc le roïaume par vos feules
prières contre les Normands & les autres ennemis
fans chercher notre fecours : mais fi vous le voulez
avoir, comme nous ne refufons pas celui de vos prières
: mreherchez pas notre perte priez le pape
de confiderer, qu’il ne peut être tout enfemble roi
& évêque : que fes prédeceffeurs ont réglé l’églife qui
les regarde, ôc non pas l’état, qui appartient aux
rois ; ôc que par confisquent, il. ne doit pas nous
ordonner de reconnoître un roi trop éloigné:, pour
nous fecourir contre les attaques fubites Ôc fréquentes
des païens : ni prétendre nous aiTervir, nous, qui
lommes Francs. Car fes prédeceffeurs n’ont point
impofé ce joug aux nôtres, nous ne le pouvons porter
, & nous avons appris qu’il eft dit dans l’écriture-
que nous devons combattre jufqu’à la mort, pour
notre liberté & notre héritage. Si un évêque excommunie
un Chrétien contre la réglé, il abufe de fa
puiifance : mais il ne peut ôter à perfonne la vie
eternelle, fi fes pechez ne la lui ôtent. Il ne con
vient pointa un évêque de dire, qu’il doive priver
du nom de Chrétien & mettre avec le diable celui
qui n’èft point incorrigible ; & le faire, non pour
les crimes, mais pour ôter ou donner à quelqu'un
Tome X I . V u