S i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ftoliques, que vous violez le premier ; aneantiffanr
autant qu’il eft en vous les loix divines Si les facrez
canonsj 8i ne fuivant pas les traces des papes vos
prédeceiTeurs. Maintenant donc, ayant devant Les
yeux, non pas nos perfonnes, mais tout notre ordre
que vous voulez opprimer; nous propofons le
ibmmaire de notre jugement. La loi divine Si canonique
prouve très-bien, 8c les loix du iiécle s’y accordent,
qu’il n’eft point permis de donner pour
concubine une fille née libre, principalement contre
fa volonté. Et qu’étant conjointe à un homme
du consentement de íes parens par la foi 8c l’affection
conjugale, elle doit être réputée époufe, Si
non pas concubine. Ils vouloient parler de Val-
drade, qu’ils prétendaient avoir époufé Lothaire
avant Thietberge.
Le pape ayant appris que l’empereur Louis Ve-
noit à Rome, ordonna un jeûne avec des procef-
fions,pour prier Dieu d’infpirerà ce prince de meilleurs
fentimens, 8c plus de refpeèt pour le faint fié-
ge. Louis en arrivant fe logea près de faint Pierre,
ôc comme le peuple qui y venoit en proceflion mon-
toicles dégrez de l’églife, les gens de> l’empereur fe
jetterent fur eux, les renverfant par terre, les battirent,
les mirent en fuite, après avoir rompu les;
croix Se les bannières. En ce tumulte une croixoffer-
te à faint Pierre par fainte Helene, 8c renfermant du
bois de la vraie croix, fut brifée 8c jetrée dans la
bouë : mais des Anglois la ramaffèrent 8c la rendirent
auxtreforiers. Le pape qui étoic au palais de Latran,
ayant appris cette violence, 8c qu’on alloit venirle
L i v r e c i n q u a n t i e ’ m e . 83
prendre lui-même, fe mit dans un bateau 8c v int
par le Tibre à faint Pierre, où il demeura deux jours
fans boire ni manger. Cependant celui qui avoit
brifé la croix de fainte Helene mourut, 8c la fièvre
prit à l’empereur. C’eft pourquoi il envoya au pape
î’imperatrice, fur la parole de laquelle le pape le
vint crouver ; 8c après qu’ils eurent conféré enfem-
ble 8c furent convenus de tout, le pape revint au palais
de Latran , 8c l’empereur ordonna aux deux
archevêques de retourner en France , dégradez
comme ils étoient.
Gonthier au défefpoir de fe voir ainfi abandonné,
envoya fon frere Hilduin, le même que Lothaire
avoit voulu faire évêque de Cambray, porter au pape
la proteftation qu’il avoit envoyée aux évêques
du royaume de Lothaire, avec o rdre, fi le pape ne
vouloir pas la recevoir, de la jetter fur le tombeau
de faintPierre. Lepapelarefufaen effet, 8c Hilduin
armé, tout clerc qu’il étoit, entra fans refpect dans
l’égiifede faint Pierre; fuivi des gens de l’archevêque
fon frere, 8c comme les Cuftodes s’oppoioient
à fon deffein, il les repouffa à coup de bâton, dont
un d'eux tomba mort fur la place, il jetta donc l’écrit
fur le corps de faint Pierre, 8c fortit de l’églife
avec les fiens l’épéea la main. L’empereur Louis for-
tic de Rome peu de jours après,8c pendant fon féjour,
les gens de fa fuite pillèrent 8c brûlerent plufieurs
maifons, forcèrent des églifes , tuerentdes hommes,
8c violèrent des femmes, même des religieufes,
Il alla à Ravenneoù il célébra la Pâque, qui cette
année 8^4. étoit le fécond jour d’Avril.
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A n. 864.
Ann, Bert. 264,