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Mort de Lothaire.
Ann. Bertin.
2.24 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e !
8c de votre a.me, 8c il faut que vous y participiez
avec nous, pour être incorporé aux membres de J.
C. dont vous étiez iepare.
A la fin de la méfié, le pape invita le roi Lothaire
à s’approcher de la fainte table, 8c prenant à fes.
mains le corps 8c le fang de J . C. il lui dit : Si vous
vous fentez innocent de l’adultere, qui vous a été
interdit parle pape N icolas, fi vous avez fait une
ferme réîolution, de n’avoir jamais en votre vie aucun
commerce criminel avec Valdrade votre concubine;
approchez hardiment, & recevez le lacre-
ment du falut éternel, qui vous fervira pouria re-,
million de vos pechez. Mais fi vous êtes réfolu de
retourner à votre adultéré , ne foyez point alfez te-
meraire pour le recevoir, de peur que ce que Dieu
a préparé à fes fideles comme un remede, ne tourne
à votre condamnation. Le roi, fans hefiter, reçut
la communionde la main du pape ; qui fe tourna
enfuite à ceux qui accompagnoient le roi , 8t en
leur prefentant la communion| dit à chacun d’eux:
Si vous n’avez point confenti à ce qu’a fait Lothaire
votre roi, 8c n’avez point communiqué avec Valdrade
8c avec les autres excommuniez par le S. fiége;
que le corps 8c le fang de N . S. J . C. vous ferve pour
la vie éternelle. Quelques peu fe retirèrent, mais ils
communièrent pour la plupart.
Le roi Lothaire étant ainfi rentré dans lacommu-
nion deTéglife , vint au palais de Latran, 8c dîna
avec le pape à qui il fit de grands prefens de vafes
d’or 8c d’argent, il demanda que le pape lui donnât
une lionne, une palme ôc uneferule , 8c il l’obtint.
• Cxng. glofi.
L i v r e C i n q u a n t e - ü n i e ’m e 2 2 ^
lui & les fiens interpretoient ainfi ces prefens. Il -------
prétendoit que la lionne fignifioit Valdrade qui «P?»
lui fèroit rendue ; la palme , le fuccés de fès entre-
prifes ; la ferule , l’autorité avec laquelle il foûmet-
troit les évêques qui lui refifteroient. La ferule eit
une plante d’Afrique , dont la tige ferme & legere
ièrvoit de bâton aux vieillards pour fe foûtenir, &
aux maîtres pour châtier leurs écoliers. C’étoit alors
la marque d’autorité pour les évêques , comme la
croffe depuis. Mais le pape Adrien avoit des penfees
bien différentes du roi Lothaire. Il refervoit à juger
l’affaire de fon mariage dans un concile qu’il avoit
indiqué à Rome pour le premier jour de Mars de
l’année fuivante , & dès lors il envoya Formofe avec
un autre évêque en Gaule , dansleroyaumede Charles,
pour examiner avec les évêques du pais, les prétentions
de Lothaire, & en faire leur rapport au concile.
Il y manda aufïi quatre évêques du royaume
de Louis de Germanie , & quelques-uns du royaume
de Lothaire. Il prétendoit que l’affaire feroit encore
examinée dans ce concile , par d’autres évêques
d’Gccident, & par quelques Orientaux , qui vien-
droient avec les Légats qu’il avoit envoyez à C. P.
Lothaire fortit de Rome rempli de joye , fè croyant
au-deffus de fes affaires , & marcha ainfi jufques à
Luques où la fièvre le prit. La maladie fe mit dans
ceux de fa fuite, & il les voyoit mourir à tas devant
fes yeux $ mais il ne voulut point reconnoîtrc que
la main de Dieu étoit fur lui. Il arriva à Plaifance le
famedy fixiéme d’Août 5 & y féjourna le lendemain.
Ce jo u r , vers l’heure de none,ils’affoiblit tout d’un
Tome X I , F f