
A n . 867.'
X.
Adrien fe jufti-
fie au fujet de
Nicolas.
r8 6 H i s t o i r e E c CLES I AST I QUE.
fite du crédit qu’il a auprès de l’empereur & du pape.
Anaftafe ajoûte par apoftille : Je vous conjure d’avertir
tous les métropolitains des Gaules, que fi on
tient ici un concile, ils ne doivent pas travailler à
déprimer le défunt pape, fous prétexte de recouvrer
leur autorité. V û principalement que perfon-
ne ne l’a accule, & qu’il n’y a plus perfonne qui le
puifïe défendre 5 qu’il n’a jamais coniènti à aucune
hérefie, comme on le fuppofe fauffement, & n’a
agi que par un bon zélé. C’eft pourquoi je vous conjure
au nom de Dieu , de refifter à ce qu’on -veut
faire contre lui ; ce leroit anéantir l’autoritc de cette
égliiè.
Ce n’étoit pas iàns fuiet qu’Anaftafe craignoit,
pour la mémoire & les aétes du pàpe Nicolas ; plu-
iieurs crurent qu’Adrien les voulut cafter, & en furent
foandalifez. D’autres, au contraire, étoient choquez
de ce qu’il marchoit fur fes pas. Car incontinent
après fonfacre, il envoya en Bulgarie les évêques
Dominique & Grimoalde, que Nicolas y avoit
dèftinez & congédiez immédiatement après fa m o rt,
& fit mettre fon nom aux lettres dont Nicolas les
avoit chargez. Q uand ils furent partis, il obtint de
l’empereur Loüis le rappel de Gauderic évêque de Va-
letri, d’Etienne évêque de N epi, & de Jean Simonide,
exilez fur de fauflès acculàtions. L’empereur même
renvoya tous ceux qu’il tenoi’t en priibn comme criminels
de léze-majefté. Enfuite le pape fit peindre,
fuivant l’intention de fon prédeceflèur, i’égliiè que celui
ci avoit fait bâtir de neuf, avec trois aqueducs, &
qui étoit la plus belle de toutes celles deLatran.
L i v r e C i n q u a n t ï -ü n i e ’m è 1 8 7 -
T out cela donna iujet aux ennemis du pape Ni- An. 867,
colas, de dire publiquement & d’écrire, que le pape
Adrien étoit Nicolàite y Ôc parce qu’il toléroit chez
lui avec patience quelques-uns d’entr’eux , d’autres
crurent au contraire, qu’il vouloit cafter les aébes de
fon prédeceflèur. D'où il arriva que tous les évêques
d’Occident lui écrivirent des lettres folemnelles ,
pour l’exhorter à honorer la mémoire du pape N icolas.
C’étoit peut-être l’effet des follicitations d’A-
naftafe le bibliothequaire, & d ’Adon deVienne. Cependant
à Rome quelques moines, tant Grecs, que
d’autres nations s’abftinrent iècretement de fa communion
pendant quelques jours. Ce qui fut cauiè que
le vendredi de la ièptuageiime vingtième de Février,
fi c’étoit l’année 868- leur donnant à dîner fuivant la
coûtume , il en invita un plus grand nombre qu’à
l’ordinaire. Il leur donna lui-même à laver, leur fer-
vit à boire & à manger : & ce qu’aucun pape de ià
connoiffance n’avoit fait avant lui, il fe mit à table
avec eux, & pendant tout le dîner on chanta des cantiques
ipirituels.
Au fortir de table, il le profterna fur le viiàge devant
tous , & dit: Je vous fupplie, mes freres, priez
pour l’églife catholique, pour notre fils très - chrétien
l’empereur Loüis, que Dieu lui foûmette les Sa-
rafins pour notre repos ; & priez iiufli pour m o i,
qu’il me donne la force de gouverner fon églife fi
nombreufe. Us s’écrièrent, que c’étoit plûtôt à lui à . ■
prier pour eux, & il ajouta avec larmes.: Gomme
les prières pour ceux qui ont très-bien vécu , font EnchMllt
dés aélionsde grâces, je vous prie de remercier Dieu B
À a ij