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décès, ils auront le pouvoir d'élire pour abbé,feIoft
la réglé de faint Benoift, celui qu’il leur plairadela
même obfervance, fans que nous ou aucune autre
puiifance empêche l'éleéfcion reguliere. Tous les
cinq ans ils payeront dix fols d'or à faint Pierre de
Rome, pour le luminaire,8c auront les faints apôtres
pour protecteurs , 8c le pape pour défenfeur. ils
exerceront tous les jours les oeuvres de mifcricorde,
félon leur pouvoir envers les pauvres, les étrangers
8c les pelerins. De ce jour ils ne feront fournis ni à
nous, ni à nos parens, ni au roi, ni à aucune puif-
fance de la terre. Aucun prince feculier , aucun
comte, aucun évêque, ni le pape même : je les en
conjure au nom de D ieu Sc de fes faints, & du jour
du jugement, ne s’emparera des biens de ces fervi-
teurs de Dieu, ne les vendra, échangera, diminuera
ou donnera en fief à perfonne; 8c ne leur impofera
point de fuperieur contre leur volonté. Il prononce
de grandes malediétions contre ceux qui vou-!
droient empêcher l'effet de cette donation, y ajoutant
pour le temporel une amende de cent livres
d’or. On voit bien que la plupart de ces claufcs font
des précautions contre les defordres du tems, 8c le
comte Guillaume étoit affez puiffant pour les faire
executer tant qu’il vécut. La donation fut paffée à
I Bourges publiquement, 8c foufcrite par le duc Guillaume,
avec le feaud’Ingelberge fon époufe, & les
foufcriptions de Madalbert archevêque de Bourg
e s , d’Adalard évêque de Clermont, & d’un autre
évêque nommé Atton, 8c les féaux de plufieursfei-.
gneurs. La date eft de l’onziéme de Septembre, l’on-
L î v r e C in q u a n t ë -qu a t r i e ' m E. ¿55
zieme année du regne de Charles, indiétion treizièm
e , qui eft l’an 910.
Bernon premier abbé de Clugni, étoit né des plus
nobles familles de la comté de Bourgogne. Il em-
braffa la profeffion monaftique, 8c fonda de fes biens
le monafterede Gigniau diocefe de Lion. Il reforma
celui delaBeaume en Bourgogne, près de Lion le
Saunier, 8c les gouvernoit l’un 8c l'autre dès l’an
Î94. L'année fuivante il alla à Rome , 8c obtint du
pape Formofe la confirmation de la fondation de
Gigni , qui n’eft plus qu’un prieuré dépendant de
Clugni, mais la Beaume eft encore une abbaye. Bernon
ne mit d’abord à C lugni que douze moines, à
l’exemple de faint Benoît, qui n’en mettoit pas davantage
en chaque monaftere.
On croit qu’il tira du monaftere de faint Martin
d’Autun, la pratique des obfervances regulieres, du
moins il eft certain qu’il y prit le moine Hugues ,
pour l’aider à la réforme de la Beaume & à lafonda-
tionde Clugni. Hugues étoit né en Poitou de parens
nobles Sc riches , qui le mirent des la g e de fepc
ans dans le monaftere de faint Savin, reformé par
faint Benoift d’Aniane, 8c fortifié dans la régularité
par les moines de G lanfeiiil, qui vinrent s’y retirer
étant chaffez de chez eux par les Normans.Un comte
nommé Badilon, venu d’Aquitaine, voyant le monaftere
de faint Martin d’Autun tombé en ruine, le
demanda au roi pour le rétablir, & l’ayant obtenu,
vint à faint Savin, où il favoitcombien l’obfervan-
ce étoit reguliere, 8c en tira dix-huit moines, entre
lfquels etoient Hugues, Odon 8c Jean. Le comte
A n. 910.
V, M ahih f , 8© ,
id.f. 67.
Vita S. Ht/g,
A cl a. f&c. j . 90,