
A n . 870.
Narrat. 10 8.
eonc. pag. 1857.
Htncm. ep. 35. to.
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Conc. 'Duz.iac.
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3 18 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
toute fa conduite, & blâmer celle de l’archevêque."
Celui-ci y répondit par un long écrit divifé en cinquante
cinq chapitres, qu’il fit lire dans le concile
d’Attigni. Enfin le roi voulut bien que l’évêque de
Laon ne fût pas jugé dans les formes, & fe contenta
qu’il donnât une foufcription, par laquelle il pro-
mettoit obéiffance au roi & à fon archevêque.
Il en faifoit difficulté, mais Frotaire archevêque
de Bourdeaux vint à lui comme il s’en retournoit
après la féance du concile ; & lui demanda pourquoi
il ne vouloir pas foufcrire, puis qu’il n’y avoit aucun
péril. Hincmar de Laon répondit : Je n’en ferai
rien, fi mon oncle ne me promet par écrit de garder
les droits de mon égliie. Frotaire reprit : Il ne
vous le refufera pas. Puis il s’approcha d’Hincmar de
Reims, qui étoit encore dans le lieu de la féance,
s’entretenant près d’une fenêtre avec Odon évêque
de Beauvais. Frotaire vint à eux avec Enée de Paris,
& dit à Hincmar de Reims : Notre frere Hincmar
veut foufcrire le libelle, & vous ferez enfemble en
paix, comme doivent être un pere & un fils , un archevêque
&c fon fuffragant. Hincmar de Reims en
témoigna de la joie, & on lui amena fon neveu,
qui étoit près d’une autre fenêtre avec d’autres évêques.
Il demanda à parler à fon oncle en particulier
& lui dit : Ce n’eft pas que je me défie de vous, mais
de votre fucceifeur. L ’oncle lui dit de diéter le libelle
comme il voudroit, & le neveu le pria de le
diéier lui-même.
Ils revinrent à la fenêtre oùétoient Enée & Odon;
& Hincmar de Reims dit à Odon de prendre fes tablettes
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blettes & d’écrire le libelle qu’Hincmar de Laon de-
voit foufcrire ; Odon écrivit & les deux Hincmar y
changèrent ce qu’ils voulurent. Enfuite Hincmar de
Reims dit à Odon d’apporter le lendemain ce libelle
écrit au net, afin qu’Hincmar de Laon y foufcrivit
dans le concile. Mais Hincmar de Laon di t, qu’il
avoit la fièvre, & qu’il vouloit fe délivrer de cette
affaire fur le champ pour fe faire faigner. Hincmar
de Reims dit à Odon d’aller au chancelier du roi, lui
demander du parchemin & une écritoire, & de l’écrire
auffi-tôt. Cependant il dit à Enée, en qui
Hincmar de Laon avoit confiance, qu’il valoit mieux
attendre au lendemain, & Enée le luiperfuada.
Le lendemain qui étoit le vendredi feiziéme de
Juin 870. Hincmar de Laon vint au concile , & fit
fa déclaration conforme au libelle , qui contenoit
-ces mots : Moi Hincmar évêque de Laon, je ferai
déformais fidele & obéiffant au roi Charles mon fei-
gneur , fuivant mon miniftere,.comme un vaffal
doit être â fon feigneur & un évêque à fon roi. Je
promets auffi d’obéir au privilège d’Hincmar métropolitain
de Reims, félon les canons &c les décrets du
faint fiége ,< approuvez par les canons. Odon lui pre-
fenta la plume ,-il foufcrivit devant tout le monde
& prefenta de fa main -le libelle au roi, puis â fon
, oncle, qui lui donnèrent tous deux le baiferde paix.
Le lendemain dix-feptiéme de Juin avant qu’Hincmar
de Reims entrât au concile , Harduic archevêque
de Befançon lui dit, qu’Hincmar de.Laon lui
envoïoit un petit écrit, qu’il prioit de foufcrire &
le lui dejnna fecretement. Hincmar le prit & le ferra
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