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une partie de l’année ; & il ne s’en'abfeqtoit qu’avec
la permiffion de fa communauté , pour s’attirer la
proteétion d’Alfrede, contre les violences d'Hemeid
leur propre roi : car ces Gaulois refte des anciens Bretons
, étoient encore très-barbares. Aller faifoit auprès
du roi Alfrede la fonétion de ledeur, lui lifoit
les bons auteurs & en conferoit avec lui. Le roi lui
donna les monafteres d’Amgreiburi & de Banuville ;
& enfin le fit évêque de Schirburn. Il appeila auflï
'uMifie. f. près de lui en 886. Plegmond de la nation des Mer-
p‘ ig’ ciens, qui avoit vécu hermite plufieurs années dans
l iîle de Chefter. Alfrede le fit archevêque de Can-
torberi en 890.
Ce fut par le fecours de ces pieux & favans hom-
mes, que le roi Alfrede releva les études, tellement
tombées en Angleterre, qu’à peine y trouvoit-on
quelqu’un qui entendît le Latin. Il reftoit toutefois
Afir.t.16. «ne école célébré à O x fo rd , dont les maîtres, pré-
tendoient que leur méthode venoit de faint Gildas,
de Melquin & d’autres : remontant jufqu a S. Germain
d’Auxerre. En 886. il fe forma à Oxford une
grande divifion entre Grimbald d’un côté, avec ceux
qu’il avoit amenez , & ces vieux do ¿leurs de l’autre ;
qui ne vouloienc point recevoir la méthode & les
réglés des nouveaux venus. Il y avoit trois ans qu’ils
avoient peine à les fouffrir, mais alors ils en vinrent
à une rupture ouverte. Pour y remedier , le roi A lfrede
vint lui-même à Oxford, écouta les uns & les
autres avec une extrême patience , leur donna des
avis falutaires, & ne partit point qu’il ne les eût reconciliez.
Toutefois Grimbald indigné de ces oppo-
L i v r e c i n q u a n t e - q u a t r i e ’m e . , 3 7 3
fi tions, fe retira auiïi-tôt à Vincheftre , dans un
monaftere que le roi venoit d’y fonder. Il en fut
abbé, & mourut l’an 903. le huitième de Ju ille t,
jour auquel il eft honoré comme faint.
Jean fut abbé d’Altenei monaftere nouveau,fondé
par le roi Alfrede dans l’ifte qui lui avoit fervi de refuge,
pendant que les Danois étoient maîtres de l’Angleterre.
La difcipline monaftique étoit entièrement
déchûë, tant par les fréquentés irruptions de ces barbares,
que par la négligence des Anglois : qui vivant
dans l’abondance de toutes fortes de biens , mépri-
foient cette vie pauvre & laborieufe. De forte que
perfonne d’entre les nobles n’embralfoit volontairement
la vie monaftique ; & quoiqu’il reftât encore
grand nombre de monafteres dans le pais, ils n’é-
toient remplis que d’enfans, que l’on y mettoit avant
l’âge de raifon ; & on ne pratiquoit nulle part l’ob-
fervance de la réglé. C ’eft ce qui obligea le roi A lfrede
de mettre dans fon npuveau monaftere d’A ltenei
de jeunes étrangers de différentes nations, particulièrement
des François.
Après que l’abbé Jean l’eut gouverné quelques
années, un prêtre & un diacre Gaulois de nation ,
qui étoient de la communauté , conçurent une fi
grande haine contre lu i, qu’ils refolurent fa perte.
Ils gagnèrent par argent deux fe r fs , à qui ils donnèrent
ordre de fe cacher de nuit dans d’églife ; &
quand il viendroit y prier feul, tandis que les autres
dormoient, le tuer , & traîner fon corps devant la
porte d’une femme proftituée ; pour faire croire
qu’il avoit été tué dans le crime. Les deux meur