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------------ Quant au reproche que nous font les Sclaves ,
n . 50 0. traité avec Ies Hongrois au préjudice de la
religion : d’avoir juré la paix avec eux par un chien
Si un loup, &c d'autres cérémonies abominables ; &
de leur avoir donné de l’argent pour pafler en Italie;
ii nous étions en votre prefence , nous nous en jufti-
fierions devant Dieu qui fçait tout, & devant vous,
qui tenez fa place. Il eft v ra i, que comme les Hongrois
menaçoient continuellement des Chrétiens
nos fujets éloignez de nous , & leur faifoient une
rude perfecution : nous leur avons donné , non pas
de l’argent, mais feulement du linge, pour les adoucir
& nous délivrer de leur vexation. Ce font les
Sclaves eux-mêmes qui ont fait long-temps ce qu’ils
nous reprochent. Ils ont pris auprès d’eux une grande
multitude de Hongrois , ont fait rafer la tête
comme eux à pluileurs des leurs, pour envoïer contre
nous les uns Si les autres. Ils ont emmené captifs
pluiîeurs de nos Chrétiens, tué les autres , fait
périr les autres de faim Si de fo if dans les prifons ,
réduit en fervitude des hommes 8i des femmes nobles
, ruiné des bâtimens & brûlé les églifes , en-
forte qu’on n’en voit pas une feule dans toute notre
Pannonie , qui eft une iï grande province. Les évêques
que vous avez envoïez, s’ils veulent recon-
noître la vérité, vous peuvent dire pendant combien
de journées ils ont vû tout le païs défert. Quand
nous avons fçû que les Hongrois étoient en Italie,
Dieu nous eft témoin, combien nous avons déliré
de faire la paix avec les Sclaves, promettant de leur
pardonner tout le paifé , & leur rendre ce que nous
avions
s
L i v r e c i n q u a n t e - q u a t r i e ’me . 615
avions à eux, pourvu qu’ils nous donnaifent le temps
d’aller défendre les biens de faint Pierre, Si le peuple
Chrétien : mais nous n’avons pû l’obtenir. C ’eft
pourquoi nous vous prions de ne point ajouter foi
aux foupçons que Ion voudroit vous donner contre
nous ; jufqu’à ce qu’un légat envoie de votre part,
ou de la nôtre , vous en rende compte. Moi Theot-
mar archevêque, qui prend foin des patrimoines de
faint Pierre, je n’ai pû vous porter ni vous envoïer
l’argen-t qui vous eft dû,àcaufe de la fureur des
païens:mais puifque par la grâce de Dieu, l’Italie en
eft délivrée, je vous l’envoïerai le plûtôt que je pourrai.
Il a été fouvent parlé de ces terres, que l’églife
Romaine avoir en Bavière.
Les Hongrois étoient de nouveaux barbares venus
du fonds de laScythie, qui avoient commencé à
paraître dans l’empire François depuis environ dix
ans, c’eft-à-dire en 889. Ils entrèrent d’abord dans
la Pannonie Si le païs des Avares, vivant de chafle
Si de pêche : puis ils firent des courfes fréquentés en
Carinthie, en Moravie &en Bulgarie. Ils ne tuoient
guere qu’à coups de flèches, qu’ils tiroient avec une
adreife merveilleufe. Ils ne fçavoient ni faire des lièges
, ni combattre de pied ferme : mais ils char-
geoient leurs ennemis Si fe difperfoient aufli-tôt.
Ils étoient toûjours à cheval, en marchant, en s’arrêtant,
en tenant confeil. Ils fe rafoient la tête
mangeoient de la chair crue, buvoient du fang :
coupoient en pièces les coeurs des hommes qu’ils
avoient pris , & les mangeoient comme un remede.
Ils étoient fans pitié, tant les femmes que les hom-
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X X X II I .-
Hongrois en Ita»
lie.
Reg. nnn. 889.