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54<r H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
’ ■— ‘ confié le foin du troupeau , d'autant plus excellent ;
que le ciel eft au-deifus de la tçrre. Enfuite il ajoû-
te : Nous nous étonnons qu’un prince aufli éclairé
que vous, ait pû écouter de telles calomnies contre
le pape Marin. Vous dites, qu’il n’étoit pas évêque :
comment le fçavez-vous ? Et fi vous ne le fçavez pas, -
comment jugez-vous de lui fi témérairement î Ceux
qui difent que Marin avoit été évêque , & par con-
fequent ne pouvoit être transféré à un "autre fiége,
doivent le prouver clairement. Et quand il l’auroit
été, ce qui n’eft pas, il auroit pû être transféré fans
violer les canons. Pour le montrer, Eftienne apporte
les exemples, de faint Grégoire de Nazianze, de
faint Melece d’Antioche, &de plufieurs autres,qu’il
prétend avoir été transferez : mais tous en Orient.
Puis il ajoûte : Quelle faute a fait l’églife Romaine
pour s’attirer de tels reproches f Ne vous a-t’elle
pas écrit pour tenir un concile à C. P. Je vous de*-
mande à qui pouvoit-elle écrire, au laïque Photius f
Si vous aviez un patriarche, notre églife le vifite-
roit fouvent par lettres. Mais helas ! la glorieufe
ville de C. P. eft fans pafteur ; & fi l’affeétion que
nous vous portons -, ne nous faifoit fouffrir en patience
l’injure faite à. notre églife ; nous aurions été
obligez à prononcer contre le prévaricateur Pha-
tiu s , qui a parlé contre nous fi indignement, des
peines plus grieves, que n’ont fait nos prédeceifeurs.
Nous ne prétendons pas, en parlant ainfi, manquer
au refped qui vous eft dû : nous parlons pour notre
défenfe, & pour celle du pape Marin , qui n’a eu que
.les mêmes fentimens du pape Nicolas -, & qui, pour
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avoir voulu executerfes décrets, a été traité chez
vous aveé le dernier mépris ; jufques à être tenu un
mois en prifon , parce qu’il avoit refufé de révoquer
ce qu’il avoit fait en plein-concile, devant vous. Au
refte nous apprenons avec joïe que vous avez deftiné
un de vos enfans au facerdoce ; &c nous vous prions
d’envoïer une flotte, fuffifamment armée, depuis le
mois.d’Avril, iufques au mois de Septembre , & une
garnifon pour défendre nos murailles contre lescour-
ies des Sarrafins. Nous n’en difons pas davantage :
mais nous manquons même d’huile pour le luminaire
de l’églife.
Cette lettre n’arriva à C . P. qu’en 886. après la
mort de l’empereur Bafile. Depuis qu’il eut perdu
Conftantin fon fils aîné , fon affeétion & fes efpe-
rances pailerent fur Léon fon fécond fils, qu’il avoit
eu d’Eud oc ie,& fait couronner dès l’an 870. Ce
jeune prince ne pouvant fouffrir le crédit de Santa-
baren, & l’affeétion que l’empereur lui portoit, en
railloit fouvent, & en parloit comme d’un feduc-
teur, quiabufoit delà confiance de fon pere. San-
tabaren l’aïant appris, diflimula fon reffentiment ;
& dit à Léon, comme lui donnant un confeil d’ami :
A l’âge que vous avez, quand vous fuivez l’empereur
votre pere à la campagne, vous devriez porter
dequoi le défendre au befoin contre les bêtes, ou
contre quelque ennemi fecret. Sans doute , qu’il
n’étoit pas d’ufage chez eux de porter d’épée, hors
la guerre. Léon donna dans le piege, &c fuivant fon
pere à la chaffe, il portoit un couteau caché dans
les brodequins. Santabaren alla dire à l’empereur
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