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Lettre dePho-
rius contre les
Latins.
Epift,i. edit.
L ond & ap,
Bar.an.%.6 ^.
148 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
En ce concile il faifoit reconnoître pour empereur,
Loüis qui regnoit en Italie, & fa femme Ingel-
berge pour impératrice. Cequiétoit contre les prétentions
des Grecs: car ils ne donnoient à l’empereur
François que le titre de Rex, confervant le mot
latin , qui fignifie ro i, & refervant à leur empereur
le titre de Bafileus. Mais Photius voulant s’attirer
la proteéliôn de l’empereur Loüis & de fa femme
, qui avoit grand pouvoir fur lu i , fit mettre
dans fon concile des acclamations,, où il le traitoit
de Bafileus, 8c Ingelberged’Augufta 5e de nouvelle
Pulquerie. Auifi leur envoya - t - i l ces a£tes avec
des lettres remplies de flatteries, où il prioit Ingel-
berge,de perfuader à l’empereur fon époux de chaf-
fer de Rome Nicolas , comme condamné par un
concile oecuménique. Ceslettres étoient accompagnées
de prefens , 6e portées par Zacarie le fourd ,
que'Photius avoit ordonné métropolitain de Calcédoine,
6e par Théodore , qu’il avoit transféré de
Carie à-Laodicée.
Alors Photius ne gardant plus de mefures avec le
pape, s’adrelfa aux Orientaux , 6e compofaune lettre
circulaire, qu’il envoya au patriarche d’Alexandrie
6e aux autres , 6e où il parle ainfi : Lesherefies
fembloient éteintes, 6e la foi fe répandoit de cette
ville impériale, furies nations infidèles Les Arméniens
avoient quitté l’hérefie des Jacobites ,. pourie
réunir à l’églife : les Bulgares, nation barbare 8c
ennemie de J . C. avaient renoncé aux fuperftitions
payennes , pour embrafler la foi. Mais il n’y avoit
pas encore deux ans qu’ils étoient convertis quand
L i v r e c i n 'qu a n t 1 i ’mb ; . 149
des hommes fortisdes tenebres de l’Occidènt, font •-*------- “
venus ravager ces nouvelles plantes, 6c cor-rompre '
en eux la pureté de la foi par leurs erreurs.
Premièrement, ils leur ordonnent de jeûner les
famedis, quoique le moindre mépris des traditions
tende à renverfer toute la religion. De plus ils retranchent
du carême la première femaine, permet-,
tant d’y manger de laitages 6c du fromage. Delà
s’écartant du grand chemin, 8c fuivant les erreurs
de Manés, ils détellent les prêtres engagez dans
un mariage légitimé : eux chez qui l’on voit plufieurs
filles devcnuës'femmesfans maris, 5c plufieurs en-
fans dont on ne fait pas les peres. Ils ne craignent
pas de réitérer jl’onétion du faint crème à ceux qui
l’ont reçue du prêtre, difant qu’ils font évêques, 8c
que I'onétion des prêtres eft inutile. Mais le comble
de l’impieté, c’ell qu’ilsont ofé ajouter des paroles
nouvelles au facré fymbole , autorifé par tous
les conciles : en d ifant, que le faint Efprit ne procède
pas du perefeul, mais encore du fils. Photius
s’emporte furieufement contre cette doétrine , jui-
ques à dire que ceux qui la foûtiennent, prennent en
vain le nom de Chrétiens : il s'efforce de la réfuter "• ¡¡jf
par des raifonnemens fubtils, prétendant que c’eil
admettre deux principes dans la Trinité, & confondre
les proprietez des perfonnes divines, il foûtient
que ce dogme eft contraire à l’évangile 8c à tous les
peres, puis il ajoute 1
C ’eil cette impieté, entr'autres, que ces évêques n,x6'
de tenebres ont iemée dans la nation des Bulgares :s n ■
Quand la nouvelle en eft venue à nos oreilles, nos
T iij.