
5<ri H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
bouche des paiTages de levangile, 8c de faint Paul,
& il faut être bien verfé dans l’écriture, pour découvrir
leurs artifices. Quand ils commencent à
parler à quelqu’un , ils font profeflion d’une morale
pure & d’une créance conforme à celle des Catholiques.
Ils recdnnoiiTent la fainte T rin ité , & ana-
thématifent ceux qui ne la reconnoiifent pas : ils
difent, queN. S. s’eft incarné dans une Vierge ; &
anathématifent ceux qui ne confeflcnt pas toutes les
proprietez de l’incarnation : mais ils ne le difent que
de bouche , & ont une autre créance dans le coeür.
Ils anathématifent volontiers Manés 8c fes difciples :
parce qu’ils ont d'autres maîtres beaucoup pires. Enfin
ils changent comme le caméléon félon les temps,
les lieux 8c les perfonnes, pour féduire plus facilement.
Quand ils voient que l’on écoute leurs rêveries,
ils commencent à. découvrir un peu leurs my itérés
: 8c ils ne les communiquent pas à tous ceux de
leur feête, mais à un petit nombre qui leur parodient
les plus parfaits.
L’auteur propofe enfuite leur do&rine, qu’il réduit
à fix articles, i. Ils mettent deux principes, un
Dieu bon & un mauvais. Ce dernier eft l’auteur 8c le
maître de ce monde, l’autre du fiécle futur. Quand
ils parlent un peu librement, ils difent, que c’eft ce
qui les fépare des Romains ; car c’eft ainfi qu’il nous
appellent, fe nommant feuls Chrétiens. C ’eft, di-
fent-ils, que vous croïez à l’auteur du monde ; 8c
nous croïons à celui dont le Seigneur dit dans l’évangile
: Vous n’avez jamais oui fa voix ni vu fa
figure, z. Ils haïflentla Sainte Vierge ne la mettait
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pas même au fimple rang des perfonnes vertueufes ;
8c difent que N . S. n’a pas été formé d’elle, mais
qu’il a apporté fon corps du ciel ; 8c qu’après l’avoir
misau monde, elle a eu d’autres enfans de Jofeph.
3. Ils rejettent la communion des myfteres terribles
du corps 8c du fang de N. S. 8c difent, que ce ne
fut pas du pain 8c du vin qu’il donna à fes difciples
à. la cene ; mais qu’il leur donna fes paroles d'une
maniéré fymbolique, comme du pain 8c du vin-
4. Ils ne reçoivent point la figure de la croix, 8c lui
font mille outrages, y. Ils ne reçoivent aucun des
livres de l’ancien teftament, traitant les prophètes
d’impofteurs 8c de voleurs. Mais ils reçoivent les
quatre évangiles, les quatorze épitres de faint Paul ,,
celje de faint Jacques, les trois de faint Jean, celle
de faint Jude, 8c les a£tes des apôtres, mot pour
m o t, comme nous les avons. Ils ont auifi des lettres
de leur doéteur Sergius : mais ils rejettent les deux
de faint Pierre, le haïifent 8c le chargent d’injures.
6 . Ils rejettent les prêtres de l’églife : s’arrêtant au
feul nom , parce qu’il eft dit dans l'évangile, que
les anciens, frejliteroi, s affemblerent contre le Sei-
gneur.
Pierre de Sicile fait enfuite l’hiftoire des Mani- Sup. Itv. Ylir*
c h é e n s , commençant par le récit de faiiat Cyrille de n t0'
Jerufalem, que j’ai rapporté en fon lieu. Il met enfuite
ce qu’en difent l’hiftorien Socrate 8c faint Epiphane:
puis il vient à fon hiftoire particulière, qu’il ^4«.
reprend depuis le regne de Conftantin, ou plûrôt,
Confiant petit-fils d’Heraclius, 8c continue jufque à
fon temps. T’ai rapporté en divers endroits de mon 11p■
Z z ij ”-s*-ss.