
Epift. :Ij
pidité des.barbares:vous ne devez point vous en
etonner, ni admettre la moindre penfée de murmure
contre les jugemens de Dieu.
Il écrit encore ainfi à un diacre nommé Grégoire •
3. II y,a long-temps que le concile des Iconoclaftes nou¡
a anathematifèz, non feulement nous, mais notre
pere &.notre oncle • ceftTaraife, les confeiTeurs de
J . G. & la gloire desevêques. Mais en nous anathé-
M l M W Ê m mis, quoique malgré nous,
epifcopale. Soïons donc aulfi maintenant
anathematifez par ceux qui méptffent, comme
eux, les commandemens du feigneur, & qui ouvrent
la porte a toute forte d’iniquité: afin que malgré notre
négligence, ils nous enlèvent de la terre dans le
roiaume des cieux.
Et à Ignace métropolitain de Claudiopolis : L ’a-'
• natheme etoit autrefois à éviter & à craindre, quand
il etoit lance contre les impies, par ceux qui prè-
choient la vraie religion. Mais depuis que l'impudence
infenfee des feelerats, jette fon anathême con-
treies defenfeurs de la-vraie fo i, au mépris de toute
loi divine. & humaine, & de toute raifon ; & veut
faire palfer pour loi ecclefiaftique, une fureur barbare
: cette peine fi terrible & la derniere de toutes ,
I t° ]Urrne, v fable & en J£U ¿ ’enfant : elle eft plutôt
delirable aux gens de bien. Car ce n’eft pas Paudace
des ennemis de la vérité, qui rend terribles les
peines, principalement celles de l’églife \ mais la
conlcience de ceux qui les fouffrent. Enforte que
1 innocence fe moque de leurs: punitions, & attire
des couronnes & une gloire immortelle à ceux qu’ils
L i v r e c i m q u â n t E - t/ n i e ’m e .’' j ü
veulent punir. C ’eft pourquoi tous les gens de bien
aiment mieux mille fois être outragez & anathéma-
tifez par ceux qui font féparez de J . C . que de participer
à leurs aeftions impies en recevant les plus
grands applaudiiTemens. Telle étoit la fierté de Photius
: mais quel eft le fchifmatique qui ne puiiTe en
dire autant ?
Entre les évêques qui aftifterent au huitième concile,
un des plus remarquables eft Théodore métropolitain
de Carie, qui aïant fuivi le parti de Photius
, fe réünit de bonne foi à Ignace & à l’églife
catholique. Il nous refte de lui quelques écrits fous le
nom de Théodore Aboucara, c’eft-à-dire en Arabe,
pere de Carie : ce font la plûpart des dialogues de
controverfe avec des infidèles & des heretiques, particulièrement
des Neftoriens & des Eutyquiens. Ce
qui m’y paroît de plus fingulier, font les difputes
avec les- Mufulmans, dont voici des exemples.
C eft, d it-il, la coûtume des Sarrafins, s’ils rencontrent
un Chrétien, de ne le point faluer, mais
de lui dire aufli-tôt : Chrétien , rends témoignage
qu il n y a qu’un Dieu fans égal, & que Mahomet
eft fon fèrviteur & fon envoie. Un d’eux aïant donc
fait cette propofition à Aboucara, il répondit : Ne- .
téS-vous pas content de porter faux témoignage
fans y exciter les autres ? Le Mufulman répondit :
Je ne fuis point faux témoin. Ne dites donc point ,
reprit Aboucara , que Dieu a eriVoïé Mahomet. Le
Mufulman reprit : Je tendis-lOàhêMe-témoignage qu’a
rendu mon perè. De cette maniere:, dit Aboucara ,
les Samaritains, les Ju ifs , les Scythes, les Chrétiens
Lit.
Théodore Aboli*
cara.
B ib l. I. P. torne
i, G . L .p . M M
C. 19.