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nez, commencèrent fans hefiter à demander le baptême.
tet-rMpUinùves v Cependant Photius exilé & enfermé, écrivit ainfi
aepbotius. à Bafile : Ecoutez très-clement empereur, je n’alleeue
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pas maintenant notre ancienne amitié , ni les fermens
terribles & les promelfes, ni l’onéhon facrée
Si le couronnement, ni lesfaints myfteres, que vous
avez re.çus de mes mains ; ni l’adoption fpirituelle de
vôtre fils: je ne dis rien de tout cela, je ne vous pro-
pofe que les droits communs de l’humanité : tous les
hommes Grecs & barbares ôtent la vie à' ceux qu’ils
condamnent à mort : mais ceux qu’ils veulent laiifer
vivre , ils ne les forcent pas à mourir par la faim Sc
par mille autres maux. Pour moi je mene une vie
plus cruelle que la mort. Je fuis captif, privé de tout»
parens, amis, ferviteurs ; en un mot de tout fecours
humain : Et toutefois quand on menoit enchaîné le
divin Paul, on n’empêchoit pas fes amis de le fervir r
& bien qu’on le conduisît à la mort, il trouvoit de
l’humanité dans les païens ennemis de Jefus-Chrift.
Ce qui eft de plus nouveau, c’eft que l’on nous a ôté
jufques aux livres. Eft-ce de peur que nous n’entendions
la parole de Dieu ? Si nous faifons mal, il falloir
nous donner plus de livres & même des maîtres,,
pour nous inftruire : fi nous ne faifons point de mal,,
pourquoi nous en fait on ? Jamais aucun Catholique
n’a été ainfi traité par les hérétiques. Il apporte
l'exemple de faint Athanafe, de faint Jean Ch rifof-
tome Si de plufteurs autres , jufques à S. Nicephore »
perfécuté par Léon l’Armenien. Il fe plaint enfuite ,,
que l’on a ruiné les éghfes & les hôpitaux qu’il avoit
L i v r e c i n q u a n t e - d e u x i e ’me. 3 6 7
bâtis, comme fi on vouloir nuire a fon ame 5lui otatat
d'un côté les livres qui pourraient l’inftruire, & de
l ’autre , les moïens de racheter fes pechez. On ne
nous laiife de vie, ajoute-t’i l , que ce qu’il en faut
pour fentir nos maux : Ainfi nous fouffrons-ce que
la mort a de plus douloureux , fans recevoir la feule
confolation quelle donne , qui eft de finir les fouf-
frances. Faites y reflexion, feigneur, Si fi votreconl-
cience ne vous reproche rien, ajoutez a nos peines :
fi elle vous condamne, n’attendez pas ce jugement,
où le repentir eft inutile. Souvenez-vous que vous
êtes homme, quoiqu’empereur, que vous portez la
même chair que les particuliers : que nous avons le
même maître, le même créateur , le même juge. Je
ne vous demande ni des dignitez, ni de la gloire, ni
de la profperité : mais ce que les barbares ne refufent
pas à leurs efclaves, de mener une vie qui ne foit pas
pire que la mort, ou d’être promptement délivré de
ce corps.
Il écrivit auifi au patrice Bahanes en ces termes.: tyft-
Autrefois les Romains Si les Grecs, pour ne pas dire
les Chrétiens, mettoient des bornes au mal qu’ils
faifoient à leurs plus grands ennemis : les barbares
gardent des réglés dans les punitions, Si on dit, qu’il
y a même des bêtes qui épargnent les malheureux.
Cependant l’état où vous m’avez mis, vous qui êtes
fi humain , m’a rendu malade ; il y a un mois que
je le fuis, j’ai befoin d’un médecin, on vous a.fou-
vent prié de permettre qu’il me vifite ; & toutefois ,
où eft l’humanité Si le Chriftianifme ? Vous ne l’avez
pas accordé. Je ne puis encore me réfoudre à