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i évêques & des prêtres, premièrement Paul & Eti-
A n . S70. 1 r 5 Kr . r , , ' gene, puis vous, pour viliter ceux qui lont rebelles
à la vérité , leur donner les avis convenables , &
sup.Uv.111. ». rappeller les fchifmatiques. C ’eft ainfi que Photius
prend avantage de la légation de Paul & d’Eugene ,
qui n’avoient pas été envoïez à lu i, mais à faine
Ignace. Pierre fit enfuite les complimens du pape
au concile , qui lui répondit de même j puis Zacha-
rie évêque de Calcédoine prit la parole , & dit en
fubftance : La paix a été troublée parmi nous ; &
j ’en dirai la caufe incroïable , mais vraie. C ’eft la
fcience d’un homme divin, parfaitement inftruit &
des faintes écritures, & de toute l'encyclopedie des
fciences humaines. C ’eft la beauté de fon efprit, fa
compréhenfion, fa pénétration, prefque au deffus
de l’humanité. D’un autre côté fa douceur & fa modération
, fon empire fur toutes les pallions -, la charité
pour les pauvres, l’humilité, dont vous voïez
les effets, la facilité à pardonner, le défintereffe-
ment * le zele par lequel il a converti à la foi des
heretiques, des infidèles, des nations entières : en
un mot toutes les vertus humaines. C ’eft ce qui a
attiré l’envie à' notre faint patriarche, comme à J .
C. quand il étoit fur la terre. On a chaffé ce grand
homme de fon thrône ; il afouffert ce qui vaut mieux
taire , que d’en parler. Mais la vertu de l’empereur
a furmonté tous les obftacles. Il refte quelque peu
d’opiniâtres , fous prétexte de l’autorité de Romfc.
C ’eft pour ce fujet que l’empereur nous a aifemblez ,
& que vous êtes venus. Car s’il faut dire la vérité ,
c’eft pour vous que fe tient ce concile, & pour
l’églife
L i v r e c i n q j j a n t e - t r o i s i e ’me. 4 6 $
l’églife Romaine : c’cft pour vous juftificr des ca- T ~ “
Iomnies de ce refte de fchifmatiques. Quant à nous, N‘ ^
graces-à Dieu , nous n’avons point befoin de concile,
étant parfaitement unis. Ecoutez ce qu’en dit le
concile.
Alors le concile dit : Nous fommes tous unis à
notre patriarche ; les uns l’ont été dès le commencement
, jufques à être prêts à répandre leur fang
pour lui : les autres, qui en ont été féparez, fe font
reünis. Zacharie ajoûta : Les fchifmatiques veulent
s’élever au deflus de l’églife Romaine, & l’affervir à
leurs volontez. Ils reçoivent les décrets du pape Nicolas
& du pape Adrien , & refufent de recevoir ceux
du pape Jean. Après qu’il eut ainfi parlé, plufieurs
des évêques du concile, entr’autres Elie légat de Je-
rufalem, rendirent graces à Dieu de l’union des égli-
fes. Le cardinal Pierre dit : Que le pape Jean vou-
loit tenir Photius pour fon fre re , & comme fon
ame : Puis il fe leva , & lui donna les prefens que
le pape lui envoïoit ; fçavoir, des habits pontificaux,
entr’autres le pallium & les fandales. Le concile
demanda à les voir ; & les trois légats du pape les 174' c'
déplièrent devant tout le monde. Alors Photius dit :
Que J . C. notre Dieu, qui couvre le ciel de nuées,
& qui s’eft revêtu de notre nature pour la réparer &c
la purifier , daigne couvrir en cette vie de fa protection
notre confrere & notre pere fpirituel j &
dans le fiecle futur le revêtir de la robe nuptiale,
pour le rendre digne d’être admis dans la chambre
de l’epoux.
Le cardinal Pierre dit : Nous avons apporté une m.s.
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