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An. 8<?ç. r° i téftlpecher ces crimes , dont pluheursdes plus
puiflans&des plus nobles étoient coupables. Toutefois
encourage par une vifion qu’il crut venir de
Dieu,il y alla, 8c trouva dans les plus fiers une telle
ioumiffion, que 1 on chercha de tous cotez ces pauvres
captifs > 8c on les mit en liberté. Ce faint prélat
avoit le don des miracles, 8c guerifioit un grand
h.î 7. nombre dimalades par là priereôcl’onétion de l'huile
: 8c comme on en parloit un jour devantlui, il
dit â un de fes amis : Si j ’avoisdu crédit auprès de
Dieu , je le prierois de m’accorder un feul miracle
, de faire de moi par fa grâce un homme de
bien.
Il Ce prOpofoit d imiter tous les faints, mais particulièrement
faint Martin, il portoit jour 8c nuit
un cilice fur la chair : tant qu'il fut vigoureux, il
b.îs. vivoit fouvent de pain 8c d’eau,encore les prenoit- il
au poids & à la mefure, principalement quand il Ce
retiroiten folitude, dans un logement qu’il avoit
bati^exprès, pour y être en repos,-8c y pleurer en liberte
pendant les intervalles de fes fonctions pafto-
rales. Quand la vieilleife l'obligea d’augmenter la
nourriture, il continúa de ne boire que de l’eau Sc
recompenfoit 1 abftinence par des aumônes. Pour
exciter fa dévotion, il recueillit quantité de fenten-
îe s de 1 écriture, dontil remplitdegroslivres écrits
en notes dé fa main. Il en tiroit des oraifons qu’il
difoit à la fin de chaque pfeaume , comme on en
trouve encore en quelques anciens pfeautiers. Tous
«.¿s. les matins il faifoit dire devant lui trois ou quatre
meífes, tandis qu'il difoit fon office , fie ne laiifoit
L i v r e c in q u a n t i e 'm e . 1 0k
pas de chanter la grande mefle à l’heure convenable, ’
s’il n'étoit empêché par quelque incommodité.Sou-
vent en difant iespfeaumes, il travailloit de fe mains
ôc faifoit des filets.
Il avoit toujours efperé de finir par lemartyre : «.6t.
ainfi quand il fe vit attaqué de la maladie dont il
mourut, il étoit inconiolable, fie imputoità fespe-
chez defe voir trompé dans cette efperance. Sa maladie
fut une difenterie continuelle pendant quatre
mois, quil’épuifa tellement, qu’il n’avoit plus que
la peau fie les os , 8c il la fouffroit avec une extrême
patience, il régla les affaires de fon diocéfe, Se fit recueillir
tous les privilèges du faint fiége,concernant e,‘
la légation, en envoya des copies à tous les évêque s
du royaume de Loiiis,8c au roi lui-même, le priant
d’en favoriferl’execution. Se voyant près de fa fin ,
la veille de la Purification premier Février 86j. il "• 7°‘
fit faire trois grands cierges, dont l’un fut allumé
devant l’autel de la Vierge , un autre devant l’autel
de faint Pierre, 8c le troiiîéme devant l’autel de faint
Jean Baptifte, pour fe recommander à leurs prières
en ce terrible paifage. Le jour de la fête,tous les prêtres
qui fe trouvèrent prefens , celebrerent pour lui
des meifes, comme ils faifoient tous les jours, il
donna ordre que l’on fit un Sermon , fie ne voulut
rien prendre que la meiTe folemnelle ne fut finie.
Apres avoir pris un peu de nourriture, il employa
tout le refte du jour 8c la nuit fuivante à exhorter les
difciples,tantôt en commun, tantôt en particulier ,
pour les animer au iervice de Dieu, mais principalement
à foûtenir fa mifllon chez les payens. Com-
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