
" 3o H i s t o i r e E c c l e s-i a s t i q u e .
An. 8<î i . depofe prétend avoir de quoi fejuftifier, on ne doit
point en mettre un autre à fa place, avant que l’évê-
que de Rome ait prononcé. Ignace conjura les députez
du concile de faire remettre ces lettres entre les
les mains du pape.
Comme ils le preifoient toujours d’aller au concile,
il dit: il femble que vous n’ayez pas lût les canons.
La réglé eft, que quand un cvêque eft cite
par un concile, il foit appelle par deux évêques,&
jufques à trois fois, 8c vous me citez par deux per-
fonnes, dont l’un eft foûdiacre 8c l’autre laïque. On
produifit des'témoins quidifoient être prêts de jurer
qu’Ighace avoit été ordonné fans décret d’éleétioni
A quoi il répondit : Qui font-ils ? qui les croira? quel
canon l’ordonne? que l’empereur produife des témoins?
Si je ne fuis pas évêque, vous n’êtes pas empereur,
8c ceux-ci ne font pas évêques , ni Photius
îui-même. Carvous avez tousétéconfacrez par mes
mains indignes. Si Tufurpateur étoit de l’Eglife, je
lui cederois volontiers; mais comment donnerai je
un étranger pour pafteur aux ouailles de J . C. Il eft
du nombre des excommuniez 8c des anathematifez.
Il a été pris entre les officiers laïques ; 8c ordonne
par un homme anathematifé 8c dépofé. Quand il
perfuada aux métropolitains de le reconnoître, ils
lui firent promettre par écrit 8c avec ferment, de ne
rien faire que de mon confentement, comme fi j ’é-
rois fon pere. Mais il n’y avoit pas quarante jours
depuis fon ordination, quand il me dépofa publiquement,
8c m’anathematifa en mon abfence. On
rompit les doigts par fon ordre à l’archevêque de
L i v r e c i n q u a n t i è m e .' «
Cyzique, pour lui arracher la copie de fa promcfle,
8c il le dépofa. Il obligea les uns par mauvais trai-
temens, les autres par prefens, à ne plus parler de
cette promeiTe. Les évêques 8c les magiftrats, puis
les évêques feuls preflerent encore Ignace de donner
fa démiffion, 8c enfin ils fe feparerent chacun
chez eux.
Dix jours après on mena Ignace au concile, 8c on
produifit contre luifoixante & douze témoins, que
l’on avoit préparez depuis long-tems. C etoient des
gens de toutes conditions, d’un cote des hommes de
la lie du peuple, 8c d’ailleurs des fenateurs, dont les
chefs étoient deux patrices, Léon Cretique 8c Theo-
dotace depuis maître des offices. On les fit venir 1 un
après l’autre, £c ils jugèrent qu Ignace avoit etc ordonné
fans aucun décret d’éleétion. On fit lire le
t r e n t i è m e canon des apôtres, qui porte: Si un eve-
que, s’eft fervidelapuiffianceféculierepoui:femettre
en pofteffion d’une égliiè, qu il foit depofe Sc
excommunié. Mais on ne lut pas les dernieres paroles
qui ajoutent : Et tous ceux qui communiquent
avec lui, parce qu’ils avoient tous communique
avec Ignace, le reconnoiftant pour patriarche pendant
onze ans. Après plufieurs difputes, le concile
prononçant contre lui laSentence de depofition.Pro^
cope foûdiacre, qu’il avoit depofe pour fes extravagances
8c fa vie prophane, commença a lui oter par
derrière le pallium 8c le refte des habits facrez, en
criant : Anaxios, c’eft-à-dire, Indigne, fuivant la formule
de la dépofition.Les légats Zacarie 8cRodoalde
8c quelques autrescrierent de même, confirmant la#
A n. 86T.
Nieet. f * 1 1 otfV
C.