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vous traiter de barbare, ni de bête feroce : c’eft à
vous à confiderer, après avoir inventé contre nous
des fupplices il étranges & fi nouveaux fous le foleil,
quel nom vous trouverez convenable à vos aérions ,
au lieu de ceux de Chrétiens, de Romains, de Grecs,
de barb ares, de bêtes farouches. Pour moi fi je cede
à la maladie, fçachez que je remporterai contre vous
une plus illuftre viétoire : laiiiant tria mort violente
pour un monument éternel de votre inhumanité.
Telle étoit la douceur & la patience de ce prétendu
eonfefleur.
On voit les mêmes hyperboles & la même amertume
en plufieurs autres lettres : particulièrement
dans une très-longue aux évêques de fon parti. C ’eft
une apologie contre les reproches de quelqu’un, qu’il
ne nomme point : parce, dit-il, que l’on profite plus
aifément des avis qui font donnezainilfans défigner
perfonne. Il fe plaint que ce calomniateur prétend
deviner même fes penfées, pourl’accufer d’avoir perdu
la raifon , jufques à méprifer les loix de Dieu &
trahir toute l’églife : c’e ft-àd ire , qu’on publioit ,
qu’il avoir deifein de faire fa paix avec le pape &
avec Ignace. Cen’eft pas, dit-il, que les maux dont
je fuis accablé, ne foient capables de faire-perdre
l’efprit ; & là deifusil décrit pathétiquement fes fouf-
frances : mais il dit, que l’ami qui l’accufe de trahir
l’églife, eft plus cruel que tous fes petfecuteurs.
Il emploie tout l'artifice de fon éloquence , pour le
charger de confufion & le faire rentrer en lui-même.
Je ne m’étonne pas, dit-il, qu’on m’abandonne
en l’état où je fuis ; quoique fous mon nom , ce foit
abandonner
L i v r e c i n q u a n t e - d e u x i e ’m e . $ 6 9
abandonner la vérité: ce qui eft infuportable , ceft
de vouloir m’attribuer la cauie de cet abandon. Il
rapporte enfuite, comme une preuve de la bonté E
de fa caufe & un miracle évident, que perfonne ne
s’eft feparé de lui dans une fi grande tempête : ni
grand , ni petit, ni évêque d’une ville obfcure ou
d’une ville célébré : les ignorans , les fqavans,les élo-
quens, les vertueux , pas un feul n’a cédé au temps,
& ne s’eft laiffé emporter au torrent. Et il eft v ra i,
qu’il n’y eut que les cent évêques , qui avoient été
ordonnez par Methodius &par Ignace, qui fouferi-
virent au huitième concile: Photiusfçut retenir dans
fon parti tous ceux qu’il avoit ordonnez , quietoient
plus de trois cens. Il revient enfin a la douceur ; &c
emploie toutes les expreifions les plus tendres de la
charité , pour ramener celui qui l’avoit offenfe. Puis
il s’adreife aux -évêques , qu’il exhorte à demeurer
fermes, & finit en leur recommandant de prier pour
l’empereur.
Aélard élu archevêque de Tours, ai'ant porté à let£ xdr- paps
Rome les a£tes & les lettres du concile de Douzi , p°ur lar^acc.
avec celles du roi Charles : le pape Adrien confirma
fon éleéfion , mais il n’approuva point la condamnation
d’Hincmar de Laon : comme il paroît par
fes lettres, l’une aux évêques du concile , l’autre au *t- A /i, 1 Tâtffi «• conCt
roi. Il dit auxevêques, que luivant leur deür il a?.«»,
établi,le vêque Aétïrd métropolitain cardinal de l’é-
glife de Tours : alléguant, pour autoriferles trartlla-
tions, lafaulfe decretale du pape Anterus. Il ajoûte,
qq’Adard confervera fon droit fur ce qui refte à
l’églifc de Nantes, que de fon vivant, il n’y aura
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