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“ T ’Empereur Charles tomba dans une telle foij
888, 1 j bielle de corps 8c d’efprit| qu’au parlement qu’il
Mortdc'chaties tint à Tribur, vers la faint Martin, cette année 887.
■ m “ eurs tous les feigneurs de Germanie l’abandonnèrent, &
Régine.*».887. reconnurent pour roi Arnoul, fils de Carloman.
Charles fut réduit à n’avoir pas de quoi vivre, fans le
fecours de Luitbert archevêque de Maïence ; & à demander
fa fubfiftance à Arnoul, qui lui donna par
compaihon quelques terres en Allemagne , où il
mourut le douzième de Janvier 888. 8c fut enterré au
monaftere de Richenou. Reginon abbé de Prom auteur
du temps, loue fa pieté, fon application à la
priere, fes aumônes, fon refpeél pour les loix de
¥.eg.*n. a;, l’églife, & fa fidélité-à obferver les commandemens
de Dieu ; 8c toutefois le même hiftorien rapporte ,
qu’il fit tuer en trahifon Godefroi duc de Frife, qui
s’étoit révolté contre lui ; 8c qu’aïant furpris de même
Hugues fils de Lothaire, auteur de cette révolte,
il lui fit crever les yeux, 8c l’enferma dans le monaftere
de faint Gai. Hugues paffa enfuite dans l’abbaïe
de Prom, où long-temps après îlreçûtlatonfure mo-
naftique, de la main de Reginon ; & au bout de quelques
années y mourut.
A la mort de l’empereur Charles, les roïaumes
qui lui avoient o b é i,fe diviferent. Une partie de
l’ Italie reconnut pour roi Berenger fils d’Evrard duc
de Frioul : une autre partie reconnut Gui fils de
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Lambert duc de Spolete, favorifé par le pape. Il y eut
entr’eux une rude guerre, où Gui eut enfin l’avantage
, & Berenger fe retira près d’Arnoul roi de Germanie.
En France laifemblée de la nation établit pour
roi Eude ou Odon, comte de Paris 8c d’Orleans fils
de Robert le fo r t , & comme lui vaillant défenfeur
du roïaume, contre les Normands. Il fut facré par
Vautier archevêque de Sens ; 8c nous avons le ferment
qu’il fit en cette oecafion. Cette éleélion fe fit
du confentement d’Arnoul : mais ce fut malgré lu i,
que Raoul ou Rodolfe fils de Conrad, fe fit recon-
noître roi de la haute Bourgogne ; c’eft-à-dire, du
païs d’entre les Alpes, 8c le mont Jura. Il fut élû 8c
couronné dans une affemblée de feigneurs 8c d’évêques,
tenue à faint Maurice en Valais.
Dès la même année 888. première du regne d’Arnoul,
il fit tenir un concile à Maïence, où fe trouvèrent
les trois archevêques, Luitbert de Maïence ,
Guillebert de Cologne, 8c Ratbot de Treves, avec
leurs fuffragans. Luitbert mourut l’année fuivante
885». &eut pour fucceiTeur Sunzo , ou Sonderolde ,
moine de Fulde, qui ne tint le fiége de Maïence
que deux ans. Dans la préface de ce concile, les
évêques attribuent les calamitez publiques, à leurs
pechez, particulièrement à l’interruption des conciles
provinciaux ; 8c ils décrivent ainfî le trille état
d.u païs. Voïez comment ces bâtimens magnifiques
qunabitoient les ferviteurs de D ieu , font détruits;,
brûlez 8c réduits à rien,: les autels renverfez 8c four-
lez aux pieds, les ornemens les plus précieux des
églifes diifipez 8c confumez par le feu. Les évêques,
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Tom, m cafit,
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11.
Concile de Ma*
ïence.
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401.
Regino, an, 88^,