
An. 860.
A n n ^ t rtin
Fuld.
80 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
allez fur fa parole. Que cette injure retomboit fur
toute 1 églife;& qu on n avoit jamaisoüi dire, qu’un
métropolitainfutdégrade,queduconfentement du
prince, & en prefencedes autres métropolitains. Ils
ajoutèrent beaucoup dinjures contre le pape, &c
echaufferent fi bienl empereur , que tranfporté de
colere il alla Rome , accompagné de l’imperatrice
fa femme, & de s deux archevêques, refolu de maltraiter
le pape, s’il ne le rétablilîoit.
AlorsGonthier, carc’étoitlui quiremuoit toute
cette affaire , envoïa a fes confrères les évêques du
royaume de Lothaire un écrit, où il faifoit parler
Theutgaudavec lu i, & difoit en fùbftance : Nous
vous fupplions,mes freres, de prier pour nous, fans
vous troubler des bruits fâcheux que l’on pourra répandre.
Car encore que le feigneurNicolas,que l’on
nomme pape,qui fe compte apbtre entre lesapôtres,
& fe fait empereur de tout le m onde, à l’inftigation
de ceux qu’il favorife, nous ait voulu condamner,
toutefois,grâces a Dieu , nous avons entièrement
refifle a la folie, & il s eft bien repenti de ce qu’il a
fait. Nous vous envoyons les articles fuivans, pour
vous faire connonreles fujets de plainte que nous
avons contre lui.Vifitez fouvent nôtre roi,encouragez
le par vos difcours,& par vos lettres,& lui conciliez
tous lesamisque vous pourrez;principaiement
le roi Loüis : gardons-lui-noùs-mêmes inviolable-
ment la foi que nous lui devons. Après cette lettre
etoient les reproches contre le pape, divifez en fept
parties, & conçus en ces termes:
Ecoutez, feigneurpapeNicolas, nous avons été
envoyez
e. }.
L i v r e c i n q j j a n t i e ’ m è . 8t
envoyez par nos confrères, & fommcs venus vous An. 8A4;
' confulter fur ce que nous avions jugé enfemble;
vous montrant par écrit les autoritez & les raifons
que nous avons fuivies, afin d’en favoir votre fen-
timent ; vous demandant humblement de nous inf-
truire, & prêts à fuivre ce que vous nous montreriez
de meilleur. Mais après que nous avons entendu “ *■
trois femaines votre réponfe, vous ne nous en avez
point fait dé précife: feulement vous nous avez dit
un jour en public, que fuivant l’expofé de notre libelle
nous paroiffions excufables. Enfin vous nous
avez fait amener en votre prefence, &lorfque nous
ne nous défions de rien ; on a fermé les portes, &
nous nous fommes trouvez accablez d’une troupe
confufe de clercs & de laïques. Là fans concile, fans
examen canonique, fans accufateur, fans témoins,
fans nous convaincre par raifon ou par autorité, fans
avoir notre confelfion; en l’abfence des autres métropolitains
& des êvêques nos fuffragans : vous avez
prétendunouscondamnéràvotre fantaifie, & par
votre fureur tyrannique. Mais nous ne recevons
point votre maudite fentence, éloigne'e de la charité
d un pere fit d’unfrere: nous la méprifons, comme
un difeours injurieux ; nous vous rejettons vous-
meme de notre communion, comme communiquant
a des excommuniez, nous nous contentons
de la communion de toute l’églife Ht de la focieté
4 e nos freres, que vous méprifez, & dont vous vous
rendez indigne, par votre hauteur & votre arrogan-
CC‘ ^ ° us vous condamnez vous-même, en difant,
anafhême à qui n’obfervera pas les préceptes apo-
Tom.Xl. L
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c.