
8 M É M O I R E S U R L E S P L A N T E S
vallée de rÉgaremeiu produi t beaucoup de roseaux sur le bord de la mer Rouge.
Ils remplissent un marais formé à l 'embouchure de cette vallée par l'eau douce
d'un ruisseau, mêlée à l'eau salée qui reflue.
Le sable s'amoncèle dans le désert entre les branches et les tiges des plantes ;
il enfoui t des buissons et les troncs même des arbres. Il forme des buttes autour
des sources de Mo y s e , et reçoi t un soutien naturel des tiges et des racines de
roseaux qui le traversent.
L'atmosphère , dans l'intérieur de l 'Égypte, n'est presque jamais rafraîchie par
la plui e , et n'est chargée que de fhumidi t é du Ni l et des rosées. Ce t t e atmos -
phère contribue à donner au feuillage des arbres un tissu cor iace ou f ibreux, et
convient au sycomore et au dat t ier, dont les feuilles sont un peu sèches; auxAr^cù,
o u Mimosa, dont les feuilles sont très-divisées ; et aux Tamarix, qui ont les
rameaux gris et très-fins.
L a basse Ég) pt e , dont le climat est plus varié que celui du S a y d , admet des
plantes d'espèces plus nombreuses. Il tombe assez de pluie le long de la Médi -
terranée pendant les mois de no v emb r e , décembre et j anv i e r , pour qu'elles
puissent croître aux environs d'Alexandrie et sur les dunes d'Abouqy r et de Bour los.
Plusieurs de ces plantes ne diffèrent point de celles du midi de la France :
QUI C R O I S S E N T S P O N T A N É M E N T EN E G Y P T E .
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Salìcornìa fruticosa.
Lygeum Spartiim.
Clnysmis aureus.
Lagurus ovatus.
Piantago albicans.
Uthospermum ftnclorium.
Anchusa uuJuliita.
Convolvulus althaoides.
Lycium europcEum.
Hyoscyamus albus.
Paronychia nitida.
Salsola Kali.
Statice monopetala.
Pancratiwn maritimuui.
AUium subhirsutum.
Passerina Itirsuta.
Capparis spinosa.
Dclphinium percgriuum.
Teucrium Polium.
Saturéia capitata.
Pitlomis fruticosa.
Hieracium bulbosuni.
Carlina lanata.
Scolymus hispanictis.
Elles deviennent d'autant plus rares que l'on s'écarte plus au sud de la Médi -
t e r r a n é e . L e Spanitim monospcrmttm et l e Prenanthes spinosa d ' E s p a g n e c r o i s s e n t n o n
loin de Soueys , dans la moyenne Egypte. Le Tamarix gallica est le seul arbrisseau
d'Europe qui soit multiplié jusque dans le Sa'yd.
Les plantes c r yptogame s , propres aux régions froides et élevées, sont presque
inconnues en Egypte. Il y a des Lichen dans la partie la plus haute du déser t ,
entre le Kaire et la mer Rouge. Ils recouvrent des pierres sèches ; ils ne se
détruisent que par la plus grande vétusté : les brouillards les font renaître. C e s
mêmes Lickn se t rouvent aussi près du sommet des pyramides de G y z e h , du
côté du nord s eul ement , et sur celles de Saqqârah.
O n découvre dans la verdure qui reparoît en automne sur le l imon du Ni l ,
une mousse particulière, extrêmement pe t i t e , le Gymnostomiun niloticum (i) ;
(i] Kiyt t H. N. Botanique, i ' / . i i . / â . z .
2 . " le Riccia crysiaWma et le Nostoc splioericum, d e u x p l a n t e s c r y p t o g a m e s , q u i
croissent aussi quelquefois en Europe , dans les lieux qui ont été inondés.
Les cryptogames mar ines, telles que les algues o u f imi s , sont abondantes à
Soueys et à Alexandrie.
L'utilité des arbres indigènes les ])lace au même rang que ceux qui sont acclimates.
Le dattier est le seul qui forme en Ég) pte des bois de quelque étendue : il
ne donne pas de fruits bons à manger, lorsqu'il est sauvage ; il en donne d'excellens
par la culture.
O n plante les grands arbres, le sycoirtore, le nabeca, cStc.'auprès des roues à
arrosement, pour garantir du soleil les animaux employés à faire tourner ces roues.
Les arbres procurent aussi de la fraîcheur dans les cours des maisons : leur bois
est très-propre aux constructions.
Les tiges coupées des roseaux, Armido oegyptia et Arundo isiaca, tiennent quelquefois
lieu de bois. On les range par couches sur les planchers, les terrasses;
et on les revêt de maçonnerie.
O n emploie dans le De l t a , pour faire cuire les briques, les plantes sauvages,
Atriplcx Halimits , Siioeda baccata . & c . , un p e u l i g n e u s e s , a r r a c h é e s d a n s d e s
terres abandonnées. Les souchets à tiges élevées , Cypcrus dires et Cyperus alopeairdides
, servent à faire des nattes sur lesquelles on a l'habitude de se reposer, et qui
remplacent des tapis de pied dans les mosquées et les maisons.
Le sol livré à la culture se dépouille des herbes sauvages. Les animaux glanent ,
pour ainsi di re, celles qui croissent dans les terres non labourées. Ils reçoivent
leur nourriture de la main de l'agriculteur : ils s'engraissent du fourrage épais des
prairies artificielles.
Les plantes des déserts suffisent aux besoins les plus pressans des Arabes'. Les
caravanes hâtent leurs mar che s , pour arriver à des stations où les chameaux
puissent paître les branches de quelques buissons épineux. Les racines tirées de
dessous le sable, servent aux Arabes à allumer le feu nécessaire pour cui re, sous
les cendres, le pain qu'ils font à l'instant. Les quadrupèdes des déserts ne touchent
point aux plantes grasses, pleines de sucs très-salés et amers, ni à celles qui contiennent
un lait vénéneux. Les Mcsembryamhcmmn mdiflortim et Zygophyllam
coccinenm, plantes grasses des déser ts, rejetées à cause de l eurûc r e t é , par les
chameaux, les chèvres et les gazel les, portent des graines que les Arabes récol tent .
Ils font de la farine et du pain avec celles du Mesembryamhemum: ils vendent
comme épi c e , aux droguistes du Kai r e , celles du Zygophylliim.
Les joncs très-lisses dont on fait les plus belles nat tes, sont un des articles du
commerce des Arabes. Ils apportent aussi dans les villes, des plantes aromat iques,
Santolina fragrantissima, Artemisia judaica, l e s s é n é s et la c o l o q u i n t e .
Les feuilles et les jeunes |)ousses des plantes des déserts sont fréquemment
détruites jiar des insectes et par des limaçons attachés à ces plantes.
Vo'cbar, o\\ Asckpias /'TOmv;, .arbrisseau des plaines brCilantes d 'Omb o s ,
nourrit une mouche qui gâte peu ses Heurs et ses fruits. Au c u n e concrét ior ! .
ne couvre ni ses feuilles ni son écorce. Un ténébrion vit autour de ses racines.
H. H. T OME U.