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4 9 2 DE LA C O N S T I T U T I O N P U Y S I Q U E
dans íes temps vc'cens, se trouvent contredites par les observations positives, le fût
de la colonne graduée étant divise d'une manière uni forme dans toute sa liautcur,
et ne cont enant que seize coudées, ciiacune de vingt-quatre doigts (i).
J e ne puis m'empêciier de faire reinarcjuer combien les circonstances fortuites
peuvent forme r un concours impos ant , et combien il fut aisé pour Doloniicu
d'en être séduit. De Moer i s à Hé r o d o t e , la différence des crues étoit de huit
coudées en neuf siècles; depuis Almâmo u n jusqu'à nos jours, elle se trouve de
la même quantité dans le même espace de t emps , à s'en rapporter aux renscignemens
des voyageurs : deux faits qui donne roi ent le résultat commun d'un
exhaussement du sol de seize pouces par siècle, si cet exliaussement ei^t été la
seule cause de la variation des renseignemens.
CONCLUSION
TOUCHANT LA QUANT I T É DE L'E X H A U S S EM E N T DE L'ÉGYPTE PAR SIÈCLE.
PUISQUE les eaux ne descendent pas aujourd'hui au-dessous de trois coudées
et un quart, à partir du pied de la colonne , et que , dans l'origine, elles devoient
tout au plus rester au tiers ou à la moitié de la première coudé e , il résulte
que deux coudées et trois quarts ( ou plus probablement trois coudées et cinf[
sixièmes), ou cinquante-sept pouces, marquent la quantité de l'exhaussement opéré
en mille ans ; et un peu plus d'un quart de coudé e , ou cinq pouces huit lignes, la
quantité de l'exhaussement séculaire pour cette partie de la vallée.
J'adopte un terme mo d é r é , et même une limite inférieure; car, en admettant,
c omme on pourroit le faire sans supposition for c é e , que le pied de la colonne
Nilométrique fût, à l'époque d 'Almâmo u n , rigoureusement au niveau de>
basses eaux ordinaires, on déduiroit de là un exhaussement total de soixantequatre
pouces dans un peu moins de dix siècles; par cons équent , d'environ six
pouces et demi par siècle : c'est la limite supérieure.
Mais 11 n'est pas impossible que le pied de la colonne ait été, dans l'origine, infrrieur
de quelques doigts ou de près d'une demi - coudé e au niveau ordinaire des
basses eaux, puisque quinze coudées et demi e suffisent ])our mesurer les plus fortes
crues (si l'on excepte ces inondations extraordinaires qui arrivent une fois
dans un ou deux siècles, et dont le gouve rnement Arabe ne devoit guère s'inquiéter).
De plus, les renseignemens de l'histoire, en indiquant que sous O'mar
Jes Arabes placèrent un Nilomètre dans l'île de Roudah, permettent de douter
si ce n'est pas sur ses fondations que le Meqyâs actuel a été édifie. Sï l'ancien soi
eut été conservé, l'intervalle écoulé jusqu'à Almâmo u n auroit admis un cxhausjcment
de huit à neuf jîouces ; et c'est à cette circonstance, qui augmente la probabilité
de la position dont j'ai parle, que j'ai eu égard en adoptant le terme <lc
cinquante-sept pouces pour l'exhaussement de l'Egypte depuis le calife Alnwmoun.
On ne pour roi t pas cependant ajouter les deux causes de réduction l'une
(1) La Ic'gi-re différence que les huit coudées inférieures o
chose pour s'y arrêter dans cette question.
c les huit coudées supéri«
Dli L ' L G Y P T E . / / . ' PARTIE.
Il l'autre., et dire qu'un siècle et demi avant ce calife, le pied de la colonne
Nilométrique a pu être inférieur d'une demi-coudée aux plus basses eaux, parce
(|u'iiidcpcndamment de l'ancienneté du soi du Meqyâs, il résulte des renseigneincns
des auteurs Arabes, el-Masoudy, el-Edrysy, KalkasendI, &c. qu'à l'épotjue
J'Alniâmoun le j)ied de la colonne ne pouvoit être baigné que d'une demi - coudé e
tout au plus au mome n t ties basses eaux, quelle que f û t la cause de cet état de
choses. Ainsi, réduction faite de l'excès de mesure dans la publication, tous les
renseignemens sont concordans , et ne pe rme t t ent pas d'évaluer l'exhaussement
séculaire de cette partie de la vallée du Nil, à moins de cinq pouces deux tiers,
ni à plus de six pouces et demi.
Nous nous sommes a t ^ c h é s de préférence à discuter à fond les donné e s que
fournit le Meqyâs, plutôt» qu'à d'autres faits plus vagues d'où ne seroit pas résultée
une solution aussi certaine. Comme ce moyen est indépendant de l'état actuel
des édifices Égyptiens, nous pour rons employer ce résultat pour déterminer l'âge
(le plusieurs d'entre eux qui fourniront en même temps la confirmation du principe.
Les faits relatifs au Ni lomè t re d'Élépliantine devant être discutés par un de nos
collègues, nous nous somme s abstenus d'en parler ici, et nous nous bornerons
dans le chapitre suivant à une seule observation sur ce mo n ume n t . Les résultats
auxquels il conduit ne diffèrent pas essentiellement de ceux-ci ; mais, les époques qui
servent à fixer les points de départ du calcul, et l'état moyen des termes des crues
à ces époques, n'ayant pas un rapport aussi bien connu dans le mo n ume n t d'Élépliantine
que dans celui de Roudah, il est plus difficile d'obtenir des limites
aussi rapprochées p o u r la quantité de l'exhaussement séculaire.
OBJECTIONS.
COMMENT accorder cet exhaussement de six pouces par siècle avec ces dépôts
annuels de deux lignes d'épaisseur remarqués jusque dans la basse Égypte ! Ce t t e
objection, quoiqu'assez spécieuse, a peu de solidité. L'estiniation des dépôts
d'une seule inondation est difficile, et ne peut se faire que dans les endroits oit
ils sont le j>ius abondans : on a donc dù choisir un terme extrême, et c'est un
terme moyen qu'il falloit.
Ces dépôts sont d'ailleurs variables d'un lieu à l'autre pour la même anné e , et
d'une année à l'autre pour le même lieu. Dans les crues ordinaires, les eaux ne
couvrent point la totalité du sol cultivable. Dans les bonnes années, beaucoup
de terrains ne sont point arrosés directement par les eaux qui s'épanchent du
fleuve, mais par celles qu'amènent des canaux dérivés d'assez loin, Pendant leur
trajet, elles ont déjà perdu beaucoup de limon ; lorsqu'elles ont séjourné quelque
temps sur un chatnp, et que les digues qui les retenoient sont ouvertes, elles
sétoulent sur les terres situées plus bas; et cela se répète jusqu'à ce quelles soient
entièrement absorbées. Dans ces arrosemens successifs, elles s'épurent de plus en
plus, et finissent par ne plus rien déposer. Ajoutons que, pendant trois ou quatre
mois de l'année, la surface de l'Égyptc, dénuée de végétation, sèclie et poudr eus e ,
est balayée par (.les vents violens qui soulèvent dans les airs la poussière du sol,
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