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( 5 j 8 DR LA C O N S T I T U T I O N P H Y S I Q U E
C H A P I T R E V.
Bois fossiles.
DANS les déserts voisins de l'isthme de Sue/, et sur-tout dans les parties del'isthme
où régnent ces montagnes à couches friables dont nous venons de parler,
le sol est principalement forme <run gravier quartzcux provenant de leur destruction.
Ce qu'il y a spécialement à remart|uer, c'est que ce sol de gravier, qui
enveloppe le pied des mont agne s , renferme beaucoup de fragmens et même de
troncs d'arbre pétrifiés, de plus de i o à 12 pieds de longueur. On voit facilement
que ces bois appartiennent à plusieurs espèces différentes : mais les palmiers se
font ordinairement reconnoitre à leurs longues fibres droites et tubulaires, et le
seyâl, ou acacia des déserts, à ses éclats chargés de noeu d s , à ses fibres soyeuses,
serrées et infléchies : toutes les autres espèces offrent des caractères trop équivoques
pour qu'on puisse déterminer leur nature.
J e n'ai remarqué nulle part des fragmens de bois agatisés Lien reconnoissables,
empâtés dans les poudingue s ; mais j'ai ouï assurer que d'autres personnes qui
ont aussi visité la vailée de l'Égarement, en avoient vu. Ce fait, s'il est ^ a i , doit
au moins être fort rare. Non-seulement j'ai examiné de longues suites d'escarpemens
sans y apercevoir aucun vestige de bois pétrifiés ; maïs les fragmens (|ue j'ai
rencontrés, toujours isolés, ne m'ont jamais pa ru, d'après leur forme et leur
volume, avoir fait partie d'un poudingue , du moins à ia manière des cailloux
qui le compos ent habituellement. Cependant , c omme le fait contraire , s'il venoit
à être vérifié, fourniroit une donné e intéressante touchant le mo d e de formation
de ce terrain, je crois toujours bon de le signaler à l'attention des voyageurs, en
faisant observer que c'est dans les couches même s des montagnes de poudingue
qu'il seroit important de constater l'existence de ces fragmens de bois fossiles, et
non pas seulement parmi les cailloux cpars à leur pi ed, car ce dernier gisement
est très-ordinaire en Egypte ; e t , dans d'autres localités où existent des poudingues
analogues, il est bien moins c ommu n de voir les fragincns de bois i)étrifiés, roulés
et arrondis, faire partie du poudingue. On ne sauroit guère admettre non plus
qu'ils aient été amenés par les mêmes causes que les cailloux qui constituent ces
roches. Il est plus probable que ce sont des arbres entiers et préexistans à l'arrivée
des cailloux, qui se sont trouvés enveloppés dajis ce terrain lors de sa formation
et sur la place même où ils croissoient, c omme l'indiquent l'état de parfaite con
servation et la grandeur des tronçons enveloppés dans les sables : non-seulement
tous les cailloux qui compos ent les couches solides sont très-arrondïs et paroissent
avoir subi un long t r anspor t , mais leur volume est à peu près le même , et les
plus grands n'excèdent guère la grosseur du poing, tandis que les bois ])ctrifiés
ne sont ni arrondis ni usés, même à leur surface, où l'on distingue très-bien l'or
ganisation végétale, et beaucoup înieux encore que dans leur intérieur, (¡ui n'ofirc
souvent que l'aspect d'un grès siliceux compacte. Des tronçons intacts de plusieurs
pieds de longueur, et inême des troncs prescjuc entiers, n'ont certain(!ment pas étc
DE L ' ÉGYP T E . VI.' PARTIE. 6 j p
chariés par les eaux. Ce phénomène géologique d'arbres pétrifiés , enveloppés
sur place par les dépôts de cailloux arrivés de très-loin, et ayant, au milieu de
cette irruption de matières étrangères, conservé leurs formes, leur tissu, et quelquefois
înême leur situation naturelle, c omme on le remarque dans la grande
vallée du désert Libyque, appelée /cf Fleuve sans eau, tout extraordinaire qu'il paroît,
n'est cependant ni particulier à l'Egypte, ni même très-rare dans nos contrées :
nous l'avons observé aussi dans divers terrains de poudingue, même dans ceux qui
recouvrent les houilirères de l'intérieur de la France ( i ).
La production de ces arbres dans les déserts de l'Egypte, postérieurement à la
formation des montagnes de poudingue , n'est nullement vraisemblable : car dans
ces contrées, où la végétation est si r a r e, ce n'est ordinairement que dans des
valions p r o f o n d s , ou dans des terrains que la disposition du sol environnant
rend le réceptacle des eaux, que l'on trouve aujourd'hui quelques arbres vivans;
et, sans dout e , il en a été de même dans tous les temps. La stérilité de ces déserts
ne tient pas uniquement à la nature du sol; elle tient également à l'influence du
climat, qui n'a |)oint dû changer, à moins de grandes révolutions célestes dont
nous n'avons aucune idée. Cette même disposition du sol a du le rendre aussi
le récc])tacle des fragmens roulés que les eaux entrainoient, de quelque manière
que 1 événement ait eu lieu; mais, une fois les dépressions remplies par ces matières
étrangères, la végétation ne s'est plus trouvée favorisée, et une aridité complète
a dû régner tiès-lors dans ces lieux, c omme elle y règne maintenant.
M. de Volney rapporte que, dans son voyage du Kaire à Suez, il a vu des
couches de terrain où la pierre avoit le tissu du boi.s pétrifié, et qu'il s'est bien
assuré que cette pierre faisoit partie du rocher : il conclut de là que ce sont sans
doute des faits de ce genre qui ont ]>ersuadc à la plupart des vovageurs qui l'ont
])récéclé, (ju'il existoit dans l'isthme de Suez de véritables bois fossiles. On peut
contester au moins la conclusion que ce célèbre voyageur tire de son observation. Il
existe, en effet, dans ces déserts, de longues collines de grès siliceux, très-dur, gris
et bleuâtre, assez analogue à celui de la vallée de l'Égarement, et (|ui, probablement.
appartient à la même éj)oque et a eu le même mo d e de formation. En côto}
ant les escarpemens de ces collines, j'ai remarqué aussi quelques endroits où
le tissu de la pierre est coimiie fibreux, et rappelle celui de certains bois fossiles ;
mais ces endroits sont tellement fondus et incorporés dans la masse, que l'idée ne
m'est pas même venue qu'ils pouvoiont avoir pour origine des bois fossiles (2).
Il y a peu de pays où l'on voie des bois fossiles mieux caractérisés que ceux
qu'on trouve dans les déserts de l'Egypte : les échantillons gravés dans les planches
(1) L«t ron es ci'arbrc qu'on voit env doppi 5 dans les cette remarque; car il ne met pas en doute que ces parliouillicres
y ! ont ie plus souvent dari situation ties, malgré leur apparence, ne soie nt de même nature
%crticalc. Leur ocnrce, parfaitement o fe, est la que le reste des couches. C'est donc i seulement l'opinion
seule partie q» i soie convertie en houili e, l'int érieurdfs émise par s ,iu- de cela contre Texisi lence des véritables
ironcs étant c< Dmmunément rempli pat 1« m cmes ma- liois fossiles dan5 l'istlime , que j'ai > cru devoir relever.
lièrc! quiconsi :ituent les couches. J'y a 1« remar- à cause do la grande célébrité de son auteur, dont i'ouqué
des fragme ns roulés,de lagros.eurd 'unear iiancle, en vrage ser.i lu aussi long-iemps que i ilurera i'intérét que
.[»art/., IdcUpa tli, lydienne, setpcnlino . &c. l'on porte à l'Égypte.
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