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ijuatre ou cinq routes par lesquelles ils prétendent qu on peut aller de la Gytaj]
à Qo ç e y r . Leur s renseignemens ctoient d'ailleurs for t vagues , et ne mcritoiem
que peu de conf ianc e ; mais M. Bache lu, che f de bataillon du g éni e , ayant e«
dans la suite occas ion de suivre cette route, a constaté l'existence de ces monu.
mens (t). O n remarque encore dans cette rout e , des construct ions plus multiplices,
mais d'un autre genre : ce sont de petits massifs de ma çonne r i e , de forme cubique^
placés dans tous les endroits où la route a besoin d'être indiquée ; ce qui prouve;
assez qu'ils ont été construits dans la vue de servir de termes.
Quand mc rae l'histoire ne nous auroit conservé aucun souveni r , ni de l'obje;
de ces monumens , ni de l 'époque où ils ont été é l evé s , il n'y auroit personncj
sans dout e qui ne r e connût là l 'ouvrage d'une nation po l i c é e , à qui l'importance
du c omme r c e de l ' Inde et de l 'Aral j ie aura fait sentir l'utilité d'une conimunicatior,J
commode entre rÉg) 'pte et la mer Ro u g e , à une hauteur où les dangers de la na\:
gation deviennent beaucoup moindres que dans le f ond du g o l f e , et où la bande
des déserts, qui séparent cet te mer de l 'Egypt e, se t rouve tel lement rétrécie qu'elle
a méri té le n om d'isthme. Mais après les détails que nous ont laissés les ancien:
écrivains, et not amment St rabon, il me paroît difficile de douter que ce que noui
retrouvons ici ne soit l'ancienne voi e par laquelle on se rendoi t de Co p t o s à h
ville de Bé r éni c e , et par suite au por t de My o s - h o rmo s , jadis très-fréquentâ,
et qui furent successivement l 'ent repôt de tout le c omme r c e que les anciens on:
fait par la me r Rouge. A u c u n voyageur mode rne n'avoi t encore eu occasion de
remarquer les monumens qu'on rencont re sur cet te r out e ; et leur existenc:
étoit restée ignorée. Le défaut de cette donné e impor tante me paroî t avoir fai;
tomber plusieurs géographes , et le célèbre d'Anv i l l e lui -même , dans une méprise,
d'autant plus g r a v e , qu'elle a dû entraîner un grand nombr e d'erreurs dans b
détermination des points connus par les anciens sur les bords de la mer Rouge. I:
seroit hors de mo n sujet d'entrer ici dans ces discussions : je l'ai fait avec dctai.
dans un écrit particulier qui a pour but la déterminat ion de tous les points connu;
des anciens sur les côtes de cet te me r (2).
§. I I .
De la Gytah aux fontaines d'el-Haouch.
EN s'éloignant de la G) t a h , on se dirige vers le nord-est. A une lieue delà,
les chaînes de montagnes se rapprochent des deux côt é s , et resserrent tellemeni
la val lée, qu'au lieu de l ' immense largeur qu'elle avoi t pr é c édemment , il est des
endroits où il ne lui reste pas deux cents mètres. Ce s deux chaînes sont générale
ment et plus élevées et plus escarpées que les précédentes. L e u r couleur extérieure
est d'un noi r très-soinbre ; elles sont coupées f r équemment par d'autres vallées,
qui v i ennent , sous différentes di rect ions , se jeter dans celle que l'on suit.
(1) On peut voiries observations que M. Bachelu a M. du Bois-Aymé, sur les moeurs des Arabes Abâb.ii
recueillies, exposées dans un Mémoire sur la géographie (2) Voye i la partie des Anthjuhés, Mémoire
comparée de la mer Rouge, et dans un Mémoire de géographie comparée de 1» nier Houge.
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D E LA V A L L É E DE Q O Ç E Y R . 87
M. Bruc e , le seul voyageur qui ait écrit avec quelque détail sur ces l ieux, assure
que tout ce qui existe dans cette partie de la rout e , ressemble aux pierres qui
recouvrent les flancs du mont Vé s u v e , et qu'on sait être de nature volcanique. Je
ne sais s'il a examiné avec soin ces montagne s ; mais je puis assurer que rien ne
ressemble moins à des matières volcaniques que leS couches de grès friable dont
elles sontuniquement fonné e s . Ce voyageur est tombé plusieurs fois dans cette sorte
d'erreur. Il dit être de basalte tous les sphinx qui forment les avenues des monumens
de Thèbe s ; cependant ces sphinx sont tous du même grès que les édi -
fices de cette ancienne ville. Cet t e seconde mépr i se, qu'ont pu constater toutes
les personnes qui ont visite la haute Eg ypt e , conf i rme assez ce que nous rapportons
de la première.
Après s'être avance pendant six lieues par une vallée très-sinueuse, on commence
à remarquer dans les montagnes des variations d'aspect , qui font présager
un changement prochain dans leur compos i t ion. En e f f e t , on voi t bientôt se
terminer ces uni formes montagnes de grès, qui vont se lier presque insensiblement
à des montagnes de brèches et de pouddings quartzeux : leur grain grossit
• rapidement , à mesure qu'elles s'en approchent , et devient de plus en plus siliceux.
Le s couches prennent beaucoup plus de cons i s tance: leur c oul eur , qid
ne varioic communément que du gris au jaunât re, prend des nuances très-nombreuses
, souvent assez v i v e s ; les plus commune s sont le v iol e t , le j aune , le
noir très-foncé , quelquefois aussi le vert. Rarement ces couleurs régnent sur
une grande épaisseur : les couches de couleurs différentes alternent ens embl e ;
et une épaisseur de trois ou quatre pieds les réunit souvent toutes. Ce sont probablement
ces grès colorés que quelques voyageurs ont désignés sous le n om de
marbres rouges, de marbrés jaunes et de porphyres mous et cmpaifiùts ; car I o n ne
trouve rien de tel dans cet endroi t : il n'existe d'ailleurs de marbres en aucun
point de la vallée de Qo ç e y r , et nulle part des porphyres mous et imparfaits.
Après les brèches siliceuses à petits f r a gmcns , on rencont re plusieurs montagnes
de nature et d'époques très-différentes , mais qui cependant al ternent
ensemble, ou plutôt sont mêlées sans affecter d'ordre bien apparent.
Elles peuvent être réduites à trois genres pr incipaux, s a voi r :
M O N T A G N E S G H A N I T I Q U E S.
C e sont les moins fréquentes. Le ur aspect extérieur ne décèle nul lement leur
nature : c'est seulement lorsque le hasard condui t à en briser quelques bloc s , qu'on
les reconnoî t pour granitiques. MM. Descost i ls et Dupui t s , dans un voyage fait
peu de temps après, ont eu principalement occasion de les observer. Ce s granits
sont généralement à grains for t petits, et tels quelquefois qu'à peine on les distingue
à l'oeil nu; i l s /orment , dans ce cas, une masse d'apparence presque homogène,
assez semblable, pour l 'aspect, à la pâte de l'espèce de poudding qui va
être décrite.