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D l i LA C O N S T I T U T I O N P H Y S I Q U E
conticin quelques veines de sel gemme ou iniiriate de soude. On trouve ce même
sel en divers endroits sous le sable siliceux, et sous les detritus de diverses natures
qui recouvrent les environs du lac. Nous entrerons dans plus de détails sur cette
localité, en traitant de la constitution physique <le cette partie de l'Égyptc; mais
l'indication actuelle suiïït pour que l'on conçoive très-Lien qu'à rcj>oque <les pluies
et à celle des débordcmcns <iu Nil. lorsque les crues ont été considérables et que
le lac Qc r o u n , réceptacle des eaux, s'est empli plus que dans les années ordinaires,
ces eaux doivent dissoudre une partie du sel gemme (¡ui se trouve exposé à leur
action, et l'entraîner à mesure qu'elles se retirent.
On conçoit aussi qu'une partie de la dissolution est absorbée auparavant pai-
Ics sables et les detritus qui forment ses plages. Comme ces plages restent longtemps
humides, lorsque leurs sables sont principalement calcaires, il doit y avoir
décomposition d'une portion de muríate de soude , et production de muríate de
chaux et de carbonate de soude, et en même temps production d'une certaine
quantité de sulfate de soude, si le gypse s'y rencontre aussi.
Nous avons r ema rqué , en effet, sur les plages, et quelquefois à d'assez grandes
distances, lorsque le sol est plat et peu élevé au-dessus du niveau habituel <lu lac,
des efflorescences et des croûtes de n a t r o n , tantôt à la surface du terrain, tantôt
recouvertes d'une légère couche de sable ; elles sont ordinairement d'un blanc
sale, et mamelonnées à leur surface. Quoi qu e l'on ne puisse guère les enlever
que souillées de la terre qui leur est adhé r ent e , il ne seroit pas impossible d'en
tirer quelque parti. A répo([ue où nous avons visité ces lieux, vers la fin de
janvier, ce sel étoit peu a b o n d a n t ; mais on ne sauroit douter que dans une
saison plus convenable, vers la fin de f é t é et immédiatement avant que les eaux
du lac, grossies par les crues du Nil, débordent sur les plages, il ne s'y en trouve
en assez grande quantité. La nature de ce sel n'est pas inconnue aux Arabes des
tribus voisines; et ils en font quelquefois usage, lorsqu'ils n'ont pu s'en procurer
de meilleur en allant jusqu'aux lacs de Te r r âneh. Au surplus, le natron
que les Arabes et les fellàh recherchent pour manger avec leur pain ou galette
non levée, n'est qu'un muriate de soude , mélangé seulement d'un quart ou d'un
cinquième de sous-carbonate de soude.
Les eaux du lac Qe r o u n contiennent aussi elles-mêmes en quantité très-considérable
le muriate de chaux; ce qui est cause de la saveur extrêmement ainère qu'on
leur trouve en les goûtant. Elles ne contiennent pas de sulfate de soude : mais les
efflorescences cependant en contiennent c omme le natron de la Théba ïde ; circonstance
dont l'explication se présente pour ainsi dire d'elle-même, lorsqu'on a
reconnu que le sol des environs renferme en plusieurs endroits des veines de
gypse, et qu'il existe des parcelles de cette substance parmi les detritus de diverses
natures qui recouvrent les plages sur lesquelles se forment les eiïïorescences de
natron. Il est vraisemblable que la dé compos i t ion, au moins partielle , du sulfate
de chaux, doit avoir lieu, non pas immédiatement par l'action du muriate de
soude, mars par le moyen du carbonate de soude qui en provi ent , et avec lequel
le sulfate vient à se trouver en contact.
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Polu- peu qu'on donne d'attention aux forces d'aiFuiité qui agissent ici, l'on
jugera (ju'ii est im]iOssible que la décomposition n'ait pas lieu dès que le carbonate
de soude et le sulfate de chaux se trouvent réunis, puisque chacun des acides a
beaucoup plus d'afÎinité pour la base de l'autre sel que pour la sienne propre.
On ne peut guère conjecturer que l'action directe du sulfate de chaux sur le
muriate de soude puisse suffire déjà pour opérer une décomposition partielle : mais,
dans ce cas-là même , la dissolubilité du muriate de chaux doit être un obstacle au
progrès de cette opération, d'après le principe de l'influence des masses; tandis
que, dans la décomposition du sulfate de chaux par le carbonate de soude , le
carbonate calcaire <jui en résulte, jouissant d'une indissolubilité complète, c'est
une circonstance de plus en faveur de la décomposition. Au surplus, nous aurons
encore occasion de citer quelques autres faits relatifs à ce point,
§. II.
Fayoum. — Environs d'el-Neileh.
D a n s l'intérieur du Fayoum, et le long des berges du canal par lequel les eaux
de l'inondation s'écoulent dans le lac, on remarque aussi quelquefois des efflorescences
salines, blanches et brillantes c omme de la neige ; mais celles-ci sont uniquement
fonné e s de muriate de soude, sans aucun mélange de sous-carbonate: et, en
général, la même chose a lieu sur tous les terrains qui doivent leur origine aux
attérissemens du Ni l ; il ne s'y forme jamais de na t ron, quoiqu'ils soient souvent
imprégnés de sel marin , et qu'ils soient exposés à une longue humidité. Ce
fait, assez remarquable, confirme bien que la décomposition de ce sel n'a lieu
sur un terrain, de quelque nature qu'il s o i t , que par l'intermède du carbonate
calcaire. En parcourant les lieux voisins du Fayoum, je n'ai remarqué quelques
efflorescences de natron qu'aux environs du village d'el-Nezleh, dans sa partie
septentrionale, sur un sol parsemé de fragmens calcaires, et formé en partie de
detritus de même nature.
§. I l i .
Alexandrie.
Aux environs d'Alexandrie, vers l'ancien lac Maréotis, ainsi que sur les bords
de la me r et jusque dans l'enceinte de l'Alexandrie des Arabes, ce n'est pas une
chose très-rare que de rencontrer des terrains imprégnés de matières salines : ces
matières sont tantôt du muriate de soude , tantôt du ni t r e , et quelquefois du
natron ; mais ce dernier sel n'est inélangé qu'avec le muriate de soude , et non pas
avec le nitre. Les anciennes constructions situées près de la mer sont quelquefois
rongées et dégradées par ces sels. Dans la presqu'île nommé e RAs el-Tyu, ou cap
des Figuiers, on trouve plusieurs bas-fonds remplis <le croûtes de sel ma r in, parmi
lesquelles on distingue quelques traces de natron.
n. V. TOMK II. Q m i ^
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