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2 8 D E S C R I P T I O N
picn-c calcaire, dont les parties sont tellement Iictcrogènes, cjuc, les plus fiiablt-j
ayant cttî détruites, la surface de ces pierres est toute erevasstje. Cet te gòrge n'a
tout au plus que soixante mètres de largeitr.
L'inclinaison des arbustes et des broussailles dont elle est couver te, prouve que
les eaux qui les submergent ([uelquefois, y coulent avec rapidité. J'ai jugé par les
dépôts des matières qu'elles charient, que ces eaux s'élèvent jusqu'à huit décimètres
de hauteur : elles se rassemblent après les pluies, sur le bord du chemin, dans
quelques fosses où les Arabes viennent abreuver leurs troupeaux; mais on n'est
pas toujolu's stir d'en trouver en cet endroit.
A la sortie de cette gorge qui peut avoir trois kilomètres de longueur, la
montagne à gauche se retourne presque carrément vers le no rd, tandis que la
montagne à droite continue de se prolonger vers l'est.
Elles enferment ainsi une assez grande plaine, sur les confins de laquelle on
aperçoit dans l 'éloignement , au pied de la côte septentrionale, des collines de
cailloux roulés. Le cours des eaux s'appuie sur la rive droite : on le rcconnoî t à
dilTérens ravins, et à une ligne d'arbustes et de plantes dont le reste de la plaine
est absolument dépourvu.
L e sol de cette plaine est un grand attcrissement formé de matières calcaires et
gypseuses. Deux heures après y être entrés, nous commençâmes à apercevoir la
mer Rouge. Nous desirions beaucoup nous diriger d'abord vers le sud, le long des
montagnes qui bordent la côt e , afin d'en parcourir un plus grand développement,
en remontant ensuite vers le nord, et de nous assurer de l'existence des ruines
de Clysma; mais les besoins de notre escorte, qui n'avoit compté que sur trois jours
de mar che, nous obligèrent de prendre directement la route de Suez.
Kous nous portâmes en conséquence sur les puits appelés d-Touânq, situés
au bord de la mer , an pied de la montagne qui ferme au nord la vallée de
I Egarement. Les eaux de ces puits sont saumàtres, parce qu'elles sont le mélange
des eaux douces qui descendent de la montagne, et de l'eau de mer qui vient à
leur rencontre, en filtrant à travers le sable.
On trouve toute l'année de l'eau à el-Toiiâmi; '' ^ remarquer seulement
qu'elle est plus ou moins salée, suivant la rareté ou la fréquence des pluies.
Nous avons marché vingt-six heures dans la vallée de l'Egarement, depuis le
village de Baçâlyn jusqu'aux jjuits liel-Tmâretj. Si l'on suppose la lieue d'une heure
de chemin, la longueur de la vallée, conclue du temps emplo)é à la parcourir,
sera précisément de vingt-six lieues; ce qui s'accorde parfaitement avec l'estime
du P. Sicard.
A partir des puits di d-Touârcq, on remonte vers le nord, entre une côte escarpée
et le bord de la mer. On se détourne ensuite au nord-est , et l'on fait sur une
plage sablonneuse le reste du chemin jusqu'à Suez, où nous arrivâmes le 7 nivôse
au soir, après trente-quatre heures de marche depuis notre entree dans le désert.
Les |)entes suivant lesquelles le terrain s'incline à jiartir du point culminant de
la vallée de l'Égarement, d'un côté vers le Ni l , et de l'autre vers la mer l iouge ,
sont, pour ain^i dire, insensibles; et comme le sol de cette vallée est généralement
D E LA V A L L E E DE L E C A R E M E N T .
uni et femie, elle offre une communicat ion praticable en tout temps , entre le
Kaireet le port de Suez, non-seulement pour des caravajics, mais en core pour
des convois de toute espèce; communicat ion d'autant plus avantageuse, qu'on
pourroic à peu de frais y étabjir des réservoirs d'eau douce, dans trois stations
cjuc l'on disti-ibueroit à des distances à peu près égales sur toute la longueur de
la route.
Quant à l'exécution d'un canal dans cette direction, des difficultés presque insurmontables
s'y opposent , soit qu'on tire du Nil les eaux nécessaires à l'alimenter,
soit qti'on les tire de la mer Rouge : car alors il faudroit le creuser presque de
niveau d'un bout à l'autre; ce qui exigeroit une quantité prodigietise de déblais,
des excavations de radier, ou des revêtemens de maçonner ie, jjar-tout où l'on
seroit obligé de prévenir des filtrations à travers un terrain perméable.
Les connoissanees généralement acquises sur le climat et la température de ce
pays me tlispensent d'ajouter que la petite quantité d'eaux pluviales que l'on pourroit,
avec beaucoup de peines et de dépenses, rassembler au point de partage,
est infiniment au-dessous de celle qu'il convicndroi t d'y réunir, pour entretenir
un canal, ne ftit-ce que pendant quelques mois de l'année, en supposant que l'on
adoptât ici le mode d'exécution de la plupart de nos canaux d'Europe.
Mais, si les pluies ne sont point assez abondantes sur le sommet de la chaîne
Arabique, pour subvenir à la déjiense d'un canal navigable, elles le sont assez poui
olfrir une ressource précieuse aux établissemens maritimes que la côte seroit
susceptible de recevoir à l'embouchure de la vallée.
Il suffiroit, en effet, de rassembler ces eaux dans la partie la plus étroite du dernier
délilé, de les y soutenir à une hauteur convenable par une chaussée de maçonnerie,
et de les distribuer aux différens lieux oii elles seroient nécessaires, au
moyen d'aqueducs qui partiroient de ce réservoir commun.
J'ai dit plus haut que nous avions été obligés de nous rendre à Suez , sans
avoir pu parcourir le rivage com])ris sur toute la largeur de la vallée, à son embouchure
: voulant cepenilant comjiléter cette partie importante de notre reconnoissance,
nous obtînmes de l'officier de marine qui commandoi t dans ce por t ,
deux bàtimcns sur l'un desquels il voulut bien lui-même nous accompagner.
Après avoir retrouvé le mouillage indiqué sur une carte Anglaise de la mer
Rouge , publiée en 178 i , nous débarqu.îmes à la pointe méridionale de la baie ;
nous suivîmes d'aijord le pied de la montagne qui court à l'ouest, et nous y obser-
\àmes quatre fours à chaux, où l'on fabri(|uoit anciennement celle que l'on employoit
aux constructions de la ville de Suez.
Nous nous rapprochcàmes ensuite du bord de la me r , où nous reconnûmes
une source d'eau, légèrement saumàtre, (|ui nous avoit été indiquée. Elle est envi -
ronnée de roseaux fort élevés, et forme une espèce de marais, autour duquel
nous remarquâmes beaucoup de traces de chameaux.
En remontant de cette fontaine vers le nord, l a plage est couverte d'une terre
jaunâtre et d'clHorescences salines; elle est aussi sillonnée de petites criques, où
les eaux de la mer pénètrent à marée haute, ce qui la rend alors impraticable.