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long-temps humides Jes terrains qui l'enveloppent. Sur la rive occidentale de
Thèhes, l'intérieur du grand palais de Medynet-abou nous a ofFert aussi de légères
eiTIorescences salines où nous avons reconnu des vestiges de natron. Cela est fort
peu considérable : mais, si l'on se trouvoit dans ces lieux quelques jours après
une de ces pluies si rares dans cette cont r é e , je ne doute jias que l'on n'en vît en
bien plus grande abondance et en beaucoup plus d'endroits; j'en juge d'après ce
que j'ai pu observer dans d'autres parties de l'Égypte en pareille circonstance.
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Terrains salins à l'orient de Thèbes.
INDÉPENDAMMENT des terres qui environnent les bassins, il existe à deux
kilomètres environ du grand t empl e , vers l'est, un terrain inculte, d'une assez
grande é t endue , qui, presque pa i - tout , est imprégné de natron jusqu'à plusieurs
centimètres de p r o f o n d e u r ; ce sel y forme même des croûtes assez épaisses, tantôt
à la surface, tantôt recouvertes d'une légère couche de terre ou de sable. et communément
mélangées de sel marin. Les habitans de ce village n'en négligent j)as
l'exploitation, sur-tout aux époques où les eaux remplissent les bassins de Karnak
et tiennent en dissolution le nati-on qu'ils renferment.
On voit, par les faits précédens, que l'existence du carbonate de soude natif,
à peine aperçue dans nos climats, est un fait géologique assez commu n en Ég)'pte.
Les indications que j'ai pu recueillir, me portent à croire qu'il ne l'est guère moins
sur les côtes de Barbai-ie et dans beaucoup d'autres parties de l'Afrique. C'est dans la
vue de mieux faire sentir sa généralité, que nous avons rapproché dans cet écrit les
observations qui le constatent. La réunion des faits analogues est quelquefois
plus propre à éclairer, que les descriptions par ordre topogiaphique,
§. IV.
Considérations théoriques.
EN parlant des principales conditions nécessaires à la formation du natron, nous
en avons omis une qua t r i ème , bien qu'elle soit regardée par quelques chimistes
comme n'étant guère moins importante que les trois autres; c'est la haute température
qui règne habituellement dans les lieux où ce sel se forme : mais, indépendamment
de ce qu'elle a presque également lieu dans toute l'étendue de la contrée,
et que, par conséquent, elle n'exerce pas beaucoup plus d'influence particulière
sur une des localités que nous avons citées plutôt que sur une autre , il ne me
paroit pas d'ailleurs rigoureusement démont r é qu'elle soit à beaucoup près aussi
essentielle que les autres. Qu e l'élévation de la température inllue en ([uelque
chose sur la prompt i tude de la dé compos i t ion, c'est ce que je suis loin de contester:
mais il y a toute raison de penser qu'avec un peu plus de temps elle auroit
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égalemefit lieu sous une température beaucoup moins élevée ; e t , sans insister trop
sur quelques-uns des faits observés en Egypte, tels que celui des environs du lac
Moeris et des bords de la mer Rouge, et celui de l'intérieur des cours et des bàtimens
des villes, où la formation du natron paroît s'être opérée ou continuée jusque dans
la saison la plus froide de l'année, je rappellerai les observations <le Pallas sur l'existence
du natron dans des parties de la Russie où la température est fort différente,
telles que les environs de l'Irtisch.
Si, dans les diverses contrées de l'Europe, ce fait a été si long-temps sans être
observé, nous avons aujourd'hui plusieurs données sur son existence. Le natron
ne s'y est jamais vu en abondance, parce que la fréquence des pluies, en lavant les
terres à des intervalles trop rapprochés, ne pe rme t pas qu'il s'accumule clans les
mêmes lieux, et que, d'une autre pa r t , l'existence du sel gemme n'est pas dans nos
contrées aussi c ommu n e , à beaucoup près, que dans l'Egypte et dans les déserts qui
l'environnent. C'est à ces causes principalement qu'il faut attribuer chez nous la
non-existence du carbonate de soude dans la nature en certaine abondance, plutôt
qu'au peu d'élévation de la température. Je ne doute pas que , si dans nos provinces
méridionales, et dans des positions heureusement choisies sur les bords de lamer (i),
on vouloit réunir les conditions essentielles à la formation de ce sel, et le soustraire
par quelques moyens artificiels à l'intempérie du climat, on ne parvînt trèsbien
à imiter en grand ce que la nature fait d'elle-même et si f r équemment sous
le climat de l'Égypte. C'est sans dout e un objet qui mérite quelque attention, que
celui de se procurer un sel d'un aussi grand usage dans les arts industriels, sans être
obligé de le tirer de contrées éloignées, avec lesquelles nos relations sont exposées
à être long-temps interrompues, et peut-être sans avoir besoin de procédés aussi
dispendieux que ceux que nous employons depuis quelques années pour le fabriquer
dans nos ateliers. Quand on voudra s'occuper sérieusement de ces recherches,
je ne doute pas que l'on ne réussisse complètement.
Il faut croire que c'est à cette décomposition qui s'opère d'une manière plus ou
moins sensible, mais sans reh^che, depuis bien des milliers d'années, dans toute
l'étendue des côtes formées de matières calcaires, qu'est principalement due la
quantité de muriate de chaux et de muriate de magnésie qui existe dans les eaux
de la mer. Cette quantité, qui paroît variable dans les différentes me r s , qui l'est
probablement aussi dans les diverses parties d'une même me r , suivant la disposition
et la natin-e des côtes, tend par-tout à s'accroître aux dépens du muriate de soude.
Cette décomposition est suivie ensuite de l'action du sous-carbonate de soude sur
le sulfate de chaux qui existe dans tant de localités où le natron peut se forme r , et
dans les eaux mêmes de la mer. Cela conduit à penser que les eaux de la mer doivent
insensiblement changer de composition, et que ce changement est beaucoup moins
lent dans certaines mers, telles, par exemple, que la mer Rouge, et sur certaines
côtes, telles que beaucoup de côtes d'Af r ique, que dans certaines autres. L'eau de
la mer Rouge est non-seulement beaucoup plus salée, mais aussi beaucoup plus
(1) L'esquisse de ce Ménioii
de
que je proposois alors.
H. N. TOME 1
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