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4 p 8 DE LA C O N S T I T U T I O N PHYS IQUE
du géomètre illustre qui nous fournit l'épigraphe de cette troisième partie, garantit
assez que ces recherches ne portent pas sur un objet chimérique, et qu'on peut raisozmableracnt
tenter d'atteindre le but qu'ils ont signalé. L'Académie des inscriptions
et belles-lettres, qui possède dans son sein les hommes les plus versés dans ces
matières, a pensé de même , et elle a cru devoir désigner aux savans de l'Europe,
comme un but important de leurs recherches, l'explication du système métrique
des Ég>'ptiens..
Une société savante, recommandable par ses lumières et par ses services, la
première société d'agriculture de la France , a émis encore plus formellement le
désir qu'on s'occupât de la recherche d'un ancien système métrique universel, et
son opinion sur la probabilité du succès. « Les traités les plus étendus qui ont
» paru sur cette matière, dit-elle, font desirer que ce chaos soit enfm débrouillé,
5> et que le résultat d'un si bel ouvrage, substitué aux probabilités déjà rasscm-
« blées, présente des preuves claires de l'ancienne existence d'un système mc-
» trique universel.
« To u t porte à croire que ce système existe encore. Il suffiroit sans doute
« d'écarter la rouille qui en défigure les copies, pour reconnoitre que les peuples
« se servent de poids et de mesures dont l'étalon-matrice, qui n'a point varie, a
« été pris dans la nature ; qu'ainsi il ne seroit ni impossible ni difficile de reu-ouvcr
« le type élémentaire des mesures de tous les peuples de l'Europe, et peut-être
rt même de tous les peuples policés. »
J e crois avoir retrouvé ce t)pe premier, cette source commune de toutes les
mesures des nations policées, et je soumets la première partie de mes résultats à
la critique des personnes que ces questions peuvent intéresser. J'appelle leur critique,
non pas sur Jes formes du discours, pour lesquelles, au contraire, je réclame
toute leur indulgence, mais sur le fond de ce travail ; parce que j'ai la persuasion
que si mes principes sont justes, ils doivent suffire pour résoudre toutes les
objections : il importe d'établir solidement ces premières bases, avant de publier
les résultats ultérieurs qui en sont les conséquences.
Ce travail renferme implicitement la solution d'une des plus intéressantes
questions qui aient été proposées de nos jours sur la métrologie •. J'explication du
système des mesures Égyptiennes laissé par Hé ron d'Alexandrie. Le type de ces
mesures est le cercle de l'écliptique; et l'étalon inaltérable de la principale est
la seconde pyramide de Memphis. Si nous établissons bien ces deux points, les
difficultés de la métrologie seront bientôt éclaircies.
DE L'ÉGYPTE. m.' PARTIE.
C H A P I T R E P R E M I E R .
Andtnmté (Vun Systeme régulier de mesures en È^ypte.
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§. 1."
Il a existé une Astronomie très-perfectionnée antérieureinent à lu conquête de
l'Egypte par les Grecs.
C'EST un fait que tendent à établir les travaux de plusieurs de nos plus habiles
antiquaires, et particulièrement ceux de M. Gossellin ( i ) , que les peuples de
fandquité, long-temps avant le siècle d'Alexandre, ont fait usage d'observations
asu-onomiques dans la géographie, et ont déterminé avec exactitude la situation
des principaux points du globe, sur-tout de ceux qui marquent les limites naturelles
des contrées, celles des mers et des continens.
C'est en stades, en milles, et en schcenes ou parasanges, qu'ils ont universellement
exprimé les résultats de leurs observations. Les schoenes, les parasanges;
les milles, les stades, étoient donc , dans la plus haute antiquité, des divisions
astronomiques du degré. Ces mesures avoient, en outre, des rapports précis avec
les divisions du temps ; ce qui indique un système très-étendu, lié dans toutes
ses parties et nécessairement fort ancien.
Beaucoup de savans et d'écrivains très-distingués sont encore persuadés que
c'est à l'école célèbre des astronomes d'Alexandrie qu'il faut rapporter toutes
les connoissances, toutes les découvertes, toutes les institutions scientifiques qui
ont illustre l'Egypte; erreur grave et la plus nuisible où l'on ait pu tomber pour
les progrès de la science de l'antiquité. Non-seulement cette école n'a pas été
plus loin dans les sciences physiques et toutes celles qui tiennent à l'astronomie,
que les anciens collèges des prêtres Égyptiens, mais elle n'a même jamais possédé
complètement les connoissances de ces temps anciens. Il sera difficile
peut-être de se faire écouter sur ce point des personnes qui ont adopté l'opinion
opposée, même des plus éclairées; car, chez les hommes instruits, la prévention
n'est pas moins forte que chez les autres : elle s'accroît ordinairement de toute
la confiance qu'il leur est naturel d'attacher à leurs jugemens; et chez eux, dans ce
qui ne leur semble pas susceptible d'une démonstration rigoureuse, une fois qu'une
opinion est admise, il est rare que l'esprit ne soit pas fermé sans retour, comme
chez le commun des homme s , à tous les faits, à toutes les réHexions qui pourloient
la contrarier.
Une considération fort simple, mais imj)ortantc, suffiroit pourtant, si l'on vouioit
s'y arrêter, pour inspirer quelques doutes sur cette grande supériorité de l'école
(1) Ccographie des Grecs analysée, ou Sirabon et Ptoléince comparés ensemble.
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