û
ii.ii;.
m
606 DE LA C O N S T I T U T I O N P H Y S I Q U E
MM. Br o c h a n t , de Humb o l d t , Datibuisson, &c., ont examine dans mes coi
lections la série des roches de Syène, et en ont plis la même opinion : ils ont
reconnu tjue le granit Oriental difleroit essentiellement de la syenite des Allemands,
dans laquelle ie quartz et le mica n' ent r ent (|ue comnr c parties accidentelles,
et qui d'ailleurs ne s'écartc pas moins de la roche de Sj ène par sa super
position f r équent e aux porphyres et ses relations habituelles avec les roches de
cette forma t io n que par sa compos i t ion. La méprise leur a paru manifeste. La
roche de Syène n'est d o n c qu'une e spè c e , o u , si l'on veut , u n e variété particulière
de roche granitique; et l'intention même de We r n e r , qu'il convi ent de considérer
ici avant t o u t , n'étoit pas de séparer cette variété d'avec les roches granitiques,
et de la c o n f o n d r e avec les roches essentiellement amphiboliques, qui appartiennent
spécialement à la for ina t ion porphyr ique, et irreme à ses derniers temps.
C e t t e méprise jette un nouvel embarras dans la nomenc l a tur e . Faut-il, à cause
de cela, effacer la division déjà établie ent r e des roches si différentes, et tout
confondre de nouve au sous le noirr de gnmit! Faut-il d o n n e r sans distinction le
nom de syénk a toutes les roches granitoi'des qui cont i ennent de l'amphibole, afin
de les isoler du gr ani t , qui resteroit alors c omp o s é setdement de trois substances,
feldspath, tpiartz et mi c a ! Ce parti auroit un avantage; on sauroit au moins alors
ce que l'on doit ent e ndr e par le mo t de grmiit .• mais l'intention de We r n e r , qui
etoit de distinguer par un n om particulier les roches granitoi'des de la formation
porphyrique, ne seroit retnplie que bien imparfaitement.
Il me semble qu'il est un troisième parti qui concilie t o u t , sans s'écarter des
vues de We r n e r ; c'est de partager en deux la série des roches qui cont i ennent de
la hornbl ende ; de maintenir le n o i n de yénit, c c imn e n om de sous-espèce, à
tous les granits bien caractérisés, qui peuven t en cont eni r u n e quantité accidentelle,
cornute celui de Syène , qui sera toujours le type de cette sous-espèce;
d'appliquer ensuite aux roches amphiboliques de la forma t ion porphyr ique le nom
de snuûte, dérivé d'une localité n o n moins intéressante que celle de Syène, qu on
sera toujours por t é à r approche r et à c omp a r e r avec elle, et qui par-là semble
plus convenable que tout e autre p o u r fournir le type de cette s e conde sorte de
roches amphiboliques. ( U n grand n omb r e de roches des déserts du Sinai sont
gravées dans cet ouvrage et tlécrites avec be aucoup de détails.) Par ce moyen,
les vues de l'illustre professeur de Freyberg se t rouve ront suivies, ses distinctions
maintenues, amsi que son principe de pr endr e les types des nouvelles classes
dans des localités de tout t emps célèbres, et de faire revivre des dénominations
anciennes. No u s ne faisons d o n c que r endr e plus précise l'application qu'il avoit
faite ; on y t rouve ra l'avantage d'isoler c omp l è t eme n t , coirrme il en avoit le dessein,
le granit p r o p r eme n t dit, c omp o s e de trois substances, qu'il est utile de
distinguer de toutes les autres roches.
La terminaison du tnot syénh, étant la inéme que celle du moi granit, deviendra
en quelque sorte le signe de leur identité de contexture : ainsi le granit steatitem
ou protogyne pr endroi t le n om de stianil. Ce t t e voie une fois ouve r t e pourra être
suii ie : elle fournira un inoyen simple et c omi n o d e p o u r d é n omme r les autres
r o c h e s
DE L ' É G Y P T E . V.' rARTIE. 6oy
roches granitiques auxquelles on jugeroit utile , p o u r plus grande pr é c i s ion,
d'appliquer une dénomina t ion particulière; ce d o n t on reconnoîtra de plus en
plus la nécessité à iriesure que les observations se iriultiplieront.
J e me b o r n e à ces réflexions. J'exposerai plus en détail, dans une dissertation
particulière, les motifs et les avantages c[u j)arti que je j)ropose.
C H A P I T R E II.
Dfs Roches qni ¿lyoïsinent le Sycnit.
E N s'enfonçant davantage vers le n o r d et vers le nord-est, au-delà de l'endroit
où sont les tombeaux mode rne s de Syène, l'aspect des mont agne s change tout-àfait,
Disposées le long des vallées et des gorges qui traversent ces déserts, on les
aperçoit en chaînes cont inue s assez régulières, offrant souvent des soiirmitcs
élevées et très-découpées. La stratification, qui n'étoit point apparent e ou qui
étoit for t peu régulière dans le banc de syénit, devi ent ici très-marquée; et les
couches f o r t eme n t inclinées sont souvent feuilletées. Quelques pointes de roche r
qui se dégagent des graviers et s'élèvent au-dessus du sol de remplissage qui
recouvre le sol anc i en, offrent encor e différentes variétés de syénit veiné et de
gneiss porphyro'ide. Je citerai la roche représentée fknehe2, sous la dénomination
de syénkelle noir veiné. Un de ces rochers m'a présenté quelques parties
composées presque uniqueinent de feldspath grenu et d'amphibole. T e l est l'échantillon
figuré ^, ». ' 7. Le feldspath à petites lames blanches ou
rosées en f o rme à peu près les quatre cinquièmes, et l'amphibole en cristaux
lamelleux d'un beau noir très-brillant f o rme la ma j eur e partie du reste ; le mi c a
est rare, et à pe ine y diseerne-t-on quelques cristaux de quartz. J'ai détaché de ce
rocher quelques échantillons qui ont assez bien l'aspect de la syénite des Allemands;
irrais je n'ai plus rien r e t rouvé de semblalile dans cette partie. C'est un
accident de coirrposiuon rare dans tout e l'étendue du banc de syénit, ou du moins
qui ne s'y présente que très-circonscrit et fonriant des espèces de noeuds au milieu
des variétés de syénit; encore dans ces noeu d s le trrica se trouve toujours en abondance
et semble la substance dominant e , tandis que le feldspath y est disséminé en
grains ]30ur ainsi dire imperceptibles.
On voit régne r ici les gneiss à petits grains et les gneiss porphyriques : les mo n -
tagnes que l'on aperçoit plus au nord dans l'éloignetrrent, a n n o n c e n t par leur
structure que ce genre de roches cont inue d'y d omi n e r ; ce que conf i rment les
fragmens épars sur le sol. Nous avons retrouvé ces roches fornrant des collines
assez é t endue s , irtais inoins élevées dans la partie du désert qui se prolonge vers
lest. Quelques-une s de leurs variétés se r approchen t be aucoup de celles qui sont
gravées pUiiche j, fi^. j et S; mais ces dernières provi ennent de l'intérieur de ces
déserts, à envi ron six à sept heures de ma r che à l'orient de S) ène.
Plusieurs de ces mont agne s sont recouvertes de couches épaisses de schistes
micacés, le plus souvent à feuillets minc e s . assez faciles à séparer; les couleurs grise
;Î. .V TO.ME M. „U|,L
11."'m
PS
I' \
\