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l'intcrct qu'il a toujours rcpanclu sur ces matières naiurellement arides. Il eût pu,
appuyé d'une longue expérience, entreprendre Je tracer dès-à-préscnt le tableau
des états successifs des lieux qu'il auroit parcourus. J'ai pensé qu'il me conve
noit de suivre une marche différente. J'exposerai siiccinctemcnt les observations
que j'ai recueillies ; j'insisterai sur celles qui peuvent avoir quelque utilité directe,
fusseni-elles. à certains égards, étrangères à l'objet dont je m'occupe spécialemeiii:
mais j'écarterai avec soin, de ces premiers travaux, toutes discussions géologiques,
pour ne présenter actuellement que des faits foui-nis immédiatement par l'oLservatipn.
§. I . "
Description de la Vallée depuis l'Egypte Jus qu'aux puits de la Gytah.
C'EST à B)r-a'nbar que l'on quitte ordinairement l'Egypte pour entrer daîh
la vallée de Qoçeyr. Ce t endroi t , situé à près de quatre heures de marche mi
sud de Qc n é , se trouve déjà sur la limite du désert, quoiqu'à j^eine éloigne
d'une demi-lieue du Nil. On y trouve un j)uits dont l'eau, très-désagréable au
goût, exhale une forte odeur hépatique (ce qui n'a pas lieu cependant Ion
des débordemens du Nil). Les cai-avanes en complètent souvent leurs provisions
, parce que l'on ne peut espérer d'en trouver avant d'arriver aux puib
de la Gytali, situés à neuf heures de ma r che , à l'est de Byr-a'nbar.
L'endroit par lequel on entre dans la vallée, est une gorge resserrée entre dei
monticules, recouverts et peut-être entièrement formés de fragmens de pierres
calcaires de diverses variétés, et de silex d'un tissu grossier: on reconnoit le
j>lus grand nombre de ces fragmens, pour avoir appartenu à la chaîne du Moqattam,
dont les couches voisines contiennent les mêmes variétés, et paroissent
bien évidemment avoir régne autrefois, sans interruption, sur toute cette partie
de la rive droite du Nil, où débouche actuellement la vallée; ainsi que règne
encore la chaîne Libyque sur toute la partie opposée de la rive gauche.
On s'avance, en se dirigeant vers l'est-sud-est (i). La gorge pai- laquelle on
étoit entré, s'élargit bientôt; les monticules qui la resserroient, disparoissent enticrement:
et à quelques lieues de Byr-a'nbar, la vallée se trouve si étendue qu'on
distingue à peine d'auti-es chaînes basses et arrondies qui la bornent au sud et an
i'Égypte avoii t t é ie sujet de ses méditations : il avoit
entrepris, avec le seul secours des relations des voyageurs,
de résoudre l'intéressant problème de l'influence des
.ittérissemens du Nil sur le sol cultivable; et ii reste de
iui, sur ce sujet, un ouvrage assez étendu qui a excité
l'attention des géologues et des antiquaires.
Dans son voyage, i! se proposoit principalement de
parcourir ¡es déserts qui environnent laThéba'ide, et d'où
les anciens peuples civilises ont tiré les matériaux d'un
grand nombre de leurs plus curieux monumens. Parses
rapports avec l'ancienne histoire des arts, cette contrée
avoit un intérêt tout particulier pour lui ; car il avoit entrepris
déjà de grands travaux pour déterminer la r
et l'origine des roches employées dans les \
antiques.
Contrarié dans ses projets par les circonstances i!:
la guerre, M. Dolomieu se détermina maiheureusem«:
à quitter i'Égypte à l'instant où l'entière conquête d« |
la Thébaïde permit eniin d'en parcourir les envirors ]
avec quelque liberté; et il laissa aux ingénieurs des mino ;
qui ravoicut accompagné, le soin de recueillir les ob- !
servation; qui avoient si vivement excité sa curiosiif'
( t ) I-t vers l'est, quand ou part de l'ancienne Copie'
ou dcBenhout.
DE LA V A L L É E DE Q O Ç E Y R . 8j
nord. Derrière ces premières montagnes, on aperçoit du coté du sud une portion
de la chaîne calcaire du Moqattam : quoique située beaucoup plus loin,
elle se distingue plus aisément par sa grande blancheur, par sa hauteur et par ses
formes escarpées.
La vallée conserve à peu près le même aspect pendant plusieurs lieues. On
ne voit, dans tout ce trajet, qu'une plaine immense et aride, dont les limites
échappent souvent à la vue. Le sol qui la constitue, dénué de tout vestige de
végétation, est formé d'une couche plus ou moins épaisse d'un sable partie calcaire
et partie quartzeux, recouvert de silex et de fragmens calcaires. On a occasion
de remarquer, un peu plus loin, que ce sable provient de la destruction de montagnes
de grès friable : la base solide du terrain est aussi formée de couches du même
grès, dont les tranches viennent se mont r e r au jour dans plusieurs endroits.
Quelques lieues avant la Gytah, la chaîne qui borde la vallée, du côté du
sud, se rapproche beaucoup de la route suivie par les caravanes; elle la touche
même dans quelques points. On y reconnoît alors ie grès calcaire et quartzeux
dont nous venons de parler; et il est facile de remai-quer l'identité de ses detritus
récens avec le sable qui recouvre le sol de toute cette partie de la vallée:
cette observation s'est représentée constamment dans tous les points où la route
est bordée par des montagnes de grès.
Ou voit ici les traces distinctes de plusieurs courans qu'ont formés les pluies,
bien moins rares dans ce désert que dans la haute Ég) pte. Les Arabes Abábdeh, qui
parcourent habituellement ces lieux,assurent que pendant l'hiver elles y tombent
quelquefois avec abondance.
La Gytah, distante de treize heures de marche de Qe n é , est une station
habituelle des caravanes : on y trouve trois puits, dont l'eau fort abondante a
un goût plus désagréable encore que celle de Byr-a'nbar; mais elle n'est pas
sensiblement salée et n'incommode pas. Ces puits, tous très-larges, sont maçonnés
intérieurement, et paroissent encore en bon état; un ou deux ont une r ampe
douce par laquelle les chameaux descendent jusqu'au niveau de l'eau, oîi se
trouvent des espèces de réservoirs destinés à les abreuver : on est ainsi dispensé
d'élever l'eau jusqu'à l'orifice des puits, qui peuvent encore, par cette disposition
, servir à abreuver à-la-fois un plus grand nombre d'animaux.
L'eau que l'on trouve ici, provient des pluies qui s'infiltrent avec lenteur dans
les sables, et ensuite dans les grès spongieux qui existent dessous : aussi, en faisant
dans tous les environs, des trous de quelques pieds de profondeur , on est sûr d'y
rencontrer l'eau plus fraîche et moins désagréable au goût que celle qui est prise
dans les réservoirs; c'est une preuve qu'elle ne doit qu'au séjour qu'elle y fait,
ses mauvaises qualités.
L'existence de ces puits, plusieurs ruines encore reconnoissables, quelques
monticules de décombres épars aux environs, annoncent assez que ce lieu fut
anciennement très-fréquenté. Nous n'avons rencontré dans le reste de la route
aucune construction de ce genr e ; mais les Arabes, qui servent ordinairement
d'escorte aux caraNanes, nous assurèrent qu'il en existoit plusieurs dans l'une des
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