
M É M O I R E
SUR L E S P L A N T E S
Q U I C R O I S S E N T S P O N T A N É M E N T
E N É G Y P T E ;
PAR A U R E R A F F E N E A U D E L I E E ,
MEMBRE DE L ' I N S T I T U T D ' É G Ï P T E .
L A vallée du Ni l , b o r n é e , sur ses c ô t é s , par des déserts, compr end les terres
fertiles de l'Egypte, et se trouve resserrée, dans le Sa'yd, entre deux chaînes de
montagnes nues et desséchées. Elle t o u c h e , dans la basse Eg y p t e , à des plaines
stériles et sablonneuses , entre lesquelles elle acquiert une largeur p r o p o r t i o n n é e
à i'écartement des branches du fleuve.
Les plantes qui croissent spont anément dans cette vallée, se t rouvent aussi
presque toutes dans d'autres pays que l'Egypte. Les espèces indigènes ne sont
point nombreuses ; il en est plusieurs qui o n t suivi le cours du Nil et Taccroissement
du sol. Les plaines formées par des couches de l imo n , et par une certaine
quantité de sable que le lleuve charie particulièrement dans la direction
o ù son cour ant est le plus r a p i d e , prouvent un exhaussement qui ne s'est pas
interrompu. On r emo n t e , hors de l'Egypte, à l'origine du sol et des plantes. On
reconnoîtque be aucoup de graines o n t été apportées par les eaux qui déplacent
le limon de l'Abyssinie, et par les vents qui rejettent dans le Nil le sable des
déserts : mais on sait combien il est rare que des plantes soient propres à un seul
pays. On ne scroit d o n c pas fondé à dire qu'il n'y a d'indigènes en Egypte que
celles qui ne se t rouvent pas en même temps ailleurs. La végétation a c omme n c é ,
sur les bords du Ni l , avec l'écoulement naturel des eaux qui ont suivi l'inclinaison
du sol. Ce fleuve n a v o i t point charié le limon qui a depuis formé une
partie du pays. Les plantes nées sur le sol qui sert de base au l imo n , se sont
reproduites à sa surface exhaussée. Elles sont provenue s , dans le De l t a , des autres
parties comparativement pkis anciennes de l'Égypte. C'est ainsi que les plantes
se multiplient sur les nouvelles dunes de sable du dé s e r t , en provenant des autres
dunes voisines, ou de la terre qui supporte le sable.
J'ai vu plusieurs fois, près du Ni l , la végétation naître des gerçures profondes
du sol, sur une seule couche régulière, dans des endroits bas r é c emment abandonnés,
¡1. N. TOME I I . A
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